Les superstitions de ces "galli" trouvaient leurs origines dans les forces naturelles : la foudre, les sources.... Un culte particulier était rendu aux sources chaudes, un Dieu étant forcément à l'origine de leurs vertus curatives ! La bourgade celtique fut placée sous la protection de Borvo (ou Bormo), génie des eaux et des sources dont le nom dériverait d'un mot celtique signifiant "boues", "bouillonnement" ; les Romains lui associèrent son équivalent féminin, la Déesse Damona (de nombreux ex-voto, rendant hommage séparément ou conjointement aux deux divinités, ont été retrouvés).
Des débris de poteries et beaucoup d'objets
prouvant l'existence d'une civilisation ont été trouvés
dans les thermes attestant que nos ancêtres utilisèrent et apprécièrent
ces lieux. Puis les Romains décidèrent de désigner
toutes les stations balnéaires par l'ajout du nom de la divinité
(à laquelle étaient consacrées les eaux) au nom "aquae"
; la ville de Bourbon-Lancy a donc été connue sous le nom
d'Aquae Borvonis (ou Bormonis)[des
inscriptions gravées sur des fragments de pierres, retrouvés à
l'établissement thermal et visibles
sur les lieux, en témoignent].
LA COLONISATION ROMAINE
La colonisation romaine civilisa le
monde gaulois ; l'épaisse forêt qui couvrait la région fut
défrichée, un réseau de voies fut tracé (plusieurs
ouvrages décrivent les voies romaines de la région ; entre autres,
ceux de Max Boirot et L. Fanaud) ; cette situation, au carrefour de grandes
voies, était vulnérabilisante, les Romains édifièrent
un "poste de guet" sur la plaine de la Loire (Liger) et les forêts
du Morvan. Ils embellirent et améliorèrent considérablement
le confort et la fonctionnalité des bains. On ne sait pas exactement
à quelle époque furent améliorés
les bassins existants, enrichis les édifices publics qui devinrent
thermes somptueux. Leur beauté étonna autant que la limpidité
des eaux, les vertus de renouvellement des forces et de soulagement
des douleurs rhumatismales suscitèrent l'enthousiasme de divers ti
y mourutémoins. De nombreux artistes
participèrent à la décoration des bains, dont le
peintre grec Diogène Albinus, qu'[une pierre gravée,
visible au musée Saint-Nazaire, indique que ses cendres s'y trouvent].
Les guerriers romains recevaient des soins thermaux dans des installations minimales ; les baignoires étaient réservées aux personnages importants : proconsuls, empereurs... Les pratiques thermales de ce temps différaient peu des actuelles ; la cure durait trois semaines : bains chauds, tièdes, froids et cures de boisson complétant le traitement. Au fil de quatre siècles d'occupation romaine, les Gaulois adoptèrent les coutumes de leurs conquérants, se mirent à fréquenter les bains, se cultivèrent. Ainsi, d’innombrables œuvres d’art et industries gallo-romaines virent le jour.
On ignore ce qui ruina
et dévasta les thermes et la ville d’Aquae Borvonis. Plusieurs événements
y contribuèrent probablement : des phénomènes naturels,
le ruisseau "le Borne" charriant et déposant boues et alluvions, le déferlement
de Barbares du Nord et de l’Est, Vandales, Bagaudes, Germains au IIIème
siècle, Alamans, Burgondes, Wisigoths et Huns au Vème
siècle.
LA CHRISTIANISATION
Le chaos dans lequel se trouvèrent plongés
les Gaulois favorisa l’émergence d’une nouvelle religion, monothéiste.
Ils avaient besoin de croire en des lendemains meilleurs, d’expier, en quelque
sorte, les vies de débauche et de luxe qui avaient été
menées, disait-on, dans les stations thermales. Martinus, ancien légionnaire
converti et qui devint Saint-Martin, mena une campagne de dévastation
systématique des lieux qui avaient été consacrés
aux cultes d’Apollon, Borvo et autres divinités "païennes".
L’église Saint-Martin de Bourbon-Lancy fut édifiée sur l’ancien temple d’Apollon [une inscription de marbre blanc en atteste] et se trouvait dans la partie romaine de la ville, proche des thermes. Les premiers monastères se peuplèrent, les bourgs s’organisèrent autour des églises, des paroisses naquirent.
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Pour pallier la vulnérabilité
de la forteresse côté ville, on fortifie puissamment la
ville-close, fermée par trois portes : la principale,
sous le beffroi, est nommée "de l'horloge", sa cloche marquant
les heures ; une autre au sud-est, donnant sur la vallée du Borne,
la porte de "l'Éperon"
[il en reste une arche en granit]
et la troisième, sur l'est, la porte "Saderon"
ou encore "de la Châtaigneraie" [totalement disparue].
Le château de Bourbon était qualifié, dans les écrits
de l'époque, d'«un des plus beaux spécimens de
l'architecture féodale».
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LE PREMIER SEIGNEUR DE BOURBON
Entre 988 et 998, Hugues 1er,
Comte de Chalon, donna le château comme récompense à
l'un de ses hommes d'armes : Anseide (ou : Ansander - Ansed - Anseau
- Ancel - Anseaulme). Anseide, né vers 943, était le second fils
du seigneur des Angles et devint le premier seigneur de Bourbon.
PASSAGE DE L'AN 1000
Malgré les prédictions alarmistes,
prévoyant les pires manifestations de la colère divine au passage
de l'an 1000, rien n'arriva. Par précaution, les riches familles
avaient fait de considérables donations pour que soient fondés,
agrandis... les monastères, abbayes, chapelles.... Les moines
purent dans de bonnes conditions mener à bien leurs travaux d'écriture,
de conservation des parchemins existants et autres riches reliques.
En 1030, une épouvantable famine ravagea
la Bourgogne.
"BORBO" DÉSIGNA LA VILLE, PUIS
NOMMA SON SEIGNEUR
Le nom du Dieu Borvo (ou Borbo)
donné à la localité, va être attribué
à la famille possédant la forteresse ; Anseide sera désormais
nommé Anseidus Borbo puis Anseide Bourbon.
Peu avant sa mort, Anseide fonda le Prieuré
qui fut consacré à St-Nazaire et St-Celse et qu'il
donna à l'abbaye de Cluny
[de style roman primitif, classé monument historique, restauré
; il est maintenant Musée municipal] .
Le premier de ses fils -Guichard de Bourbon- fonda le prieuré d'Amanzy (à 3 km environ de Bourbon, sur "l'ancienne route de Chalmoux")[une croix en matérialise l'emplacement approximatif]; puis avec son frère Guillaume, ils firent bâtir en 1132, l'abbaye de Sept-Fons (sur la commune de Dompierre-sur-Besbre). |
de la Croix |
De père en fils,
les successeurs d'Anseide furent Seigneurs féodaux, disposant
de tous les pouvoirs. Guichard n'eut qu'une fille, et Bourbon passa successivement
aux Maisons de Semur puis de Nevers, aux fils des générations,
unions et transactions.
Guillaume fut à l'origine de la branche des Seigneurs
de Montmort et Montperroux, chevaliers, qui occupèrent des places
d'influence auprès des Ducs de Bourgogne.
RÉOUVERTURE DES THERMES
Calmées les barbares invasions, les populations
redécouvrirent, au XIIème
siècle, les vertus thérapeutiques des
eaux thermales et les thermes furent rouverts.
POURQUOI "LANCY" ?
Le patronyme "Lanseiz" accolé à
Bourbon passa par des orthographes successives variées : Lanzeis
- Lansseys - Lenseys - Lansitz- (et peut-être d'autres encore !) pour
devenir et rester "Lancy".
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A la fin du XIIème
siècle, la disparition de la féodalité
rendit indispensable l'organisation d'un système de justice
; des baillis eurent donc la responsabilité juridique
de territoires sur lesquels ils avaient de grands pouvoirs, gardant les
forteresses royales, tenant Assises
[au 28 de la rue "du commerce", ex-rue "St-Jean",
le portail de pierre de la maison où logeait le bailli est conservé].Bourbon-Lancy
était un important bailliage,
le plus occidental de la Bourgogne ; on y comptait un nombre impressionnant
de châteaux.
|
Afin que l'ordre soit respecté dans le bailliage, injonctions étaient faites aux sergents de police ainsi qu'aux particuliers de chasser ou refuser d'accueillir les indésirables, ne pas s'adonner aux jeux de hasard, prendre toutes mesures pour éviter les incendies, punir les voleurs ; la plus grande rigueur régnait.
Au début du XIIIème siècle, la fille aînée du Seigneur de Bourbon- l'Archambault, Mathilde (Mahaut) de Courtenay, Comtesse de Nevers, épousa Eudes, fils aîné du Duc de Bourgogne. A la mort de Mathilde, Eudes devint lui-même Seigneur de Bourbon-Lancy, ville que son épouse avait affranchie en 1224, lui conférant de l'importance en regroupant la ville-close, les faubourgs Saint-Nazaire, Saint-Martin et Saint-Léger. Sa femme morte, Eudes accorda à Bourbon-Lancy les armoiries de Mathilde de Bourbon-L'Archambault : un lion d'or entouré de 8 coquilles dorées, sur fond bleu azur. |
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DU SEIGNEUR DE BOURBON À LA FAMILLE
DE LA TRÉMOILLE
En 1260, Jean de Châteauvillain, ayant épousé
Jeanne de Semur, était devenu Seigneur de Bourbon-Lancy ; il frappa
une pièce de monnaie : un château à deux tours.
Faute de descendance directe, la baronnie de Bourbon-Lancy alla, vers
1378, à la Famille de la Trémoille, qui la garda
environ un siècle.
"LA PRÉE"
En 1289, l'église collégiale "de la Prée"
fut érigée sur les hauteurs de Bourbon, par le Seigneur d'Arcy,
en-dessous de son château féodal.
LA LÉPROSERIE DE SAINT-DENIS
En 1291, l'épidémie de lèpre s'étendant,
une léproserie avec chapelle ardente fut spécialement construite,
à l'écart de la ville, à Saint-Denis, à
l'intention exclusive de ceux qui étaient partout bannis. Elle fut annexée
à l'Hôpital Saint-Jean, à l'origine destiné aux
pèlerins, dont on trouve trace de l'existence à "Bourbon-Lancis"
depuis le XIIème siècle
(et que Guillaume de la Trémoille fera rebâtir en 1427).
GUERRE DE CENT ANS ET FORTIFICATION
DE LA VILLE
Sensiblement à la même
époque, la peste noire s'abattit sur la région, tandis
que la Guerre de Cent Ans avec les Anglais générait
des faits monstrueux.
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Outre l'invasion anglaise, sévissaient les "Grandes Compagnies", soldats qui, "démobilisés" pendant les trêves de la guerre, vivaient sur le pays, le ruinant, incendiant après avoir pillé, terrorisant les gens. Le roi Charles V diminua les gabelles -impôts sur le sel- afin que les cités, menacées de toutes parts, construisent ou consolident leurs défenses. Guillaume de Trémoille, Seigneur de Bourbon-Lancy, reçut de Philippe "Le Hardi", Duc de Bourgogne, une aide financière pour rétablir les fortifications de sa ville. Le dimanche 4 avril 1389, Philippe II, dit "le Hardi", ayant à ses côtés son fils, le futur "Jean Sans Peur", inaugura, au cours d'une grande fête qui dura 2 jours, la porte principale de la ville-close : le beffroi [on peut le voir, avec les emplacements du pont-levis et du passage des chaînes qui l'actionnaient] ; une herse descendait derrière, puis une lourde porte de bois fermait le tout. |
À L'ABRI DES PILLARDS ET ÉCORCHEURS
Grimpé en haut de la tour, un guetteur surveillait les environs [une horloge fut installée sur le beffroi au XVIème siècle puis remplacée en 1910 par l'horloger Léon Richard, dont la signature figure au centre du cadran ; puis en 1982, là où se tenait jadis le guetteur, mais visible seulement côté Vieux Bourbon, fut installé "Le Beurdin", œuvre offerte par Georges Kirsch, sculpteur, enfant du pays ; ce terme, en patois local, désigne une brave personne un peu "simplette". Lorsqu'arrivent les heures, le Beurdin tire la corde de la cloche et montre sa langue aux passants]. |
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Lorsqu'un guetteur annonçait une attaque, on sonnait le tocsin à la cloche du beffroi de Bourbon-Lancy ; les habitants des faubourgs arrivaient en masse pour se réfugier dans la ville-close, on levait le pont-levis et tous étaient à l'abri des pillards et autres "écorcheurs" qui écumaient la Bourgogne. La misère régnait partout en France, les Anglais gagnaient toutes leurs batailles et les partis des Armagnacs et des Bourguignons s'entre-déchiraient ; le château de Bourbon-Lancy résista à tous les assauts.
En 1459, le fils de Philippe Le Bon, Duc de Bourgogne, visita Bourbon-Lancy : c'était Charles Le Téméraire, comte du charolais. Il traversa la ville sur la route menant à Tours, où il devait rencontrer le Roi Louis XI, qui aurait aimé affaiblir le très puissant duché de Bourgogne. Il dut néanmoins attendre la mort du Téméraire, en 1477, pour annexer la Bourgogne au Royaume de France.
LE CONNÉTABLE DE BOURBON CONTRE FRANÇOIS IerLA BARONNIE DE BOURBON-LANCY EST UNIE
À LA COURONNE
La baronnie de Bourbon-Lancy fut unie à la couronne. Après
avoir été fait prisonnier, François Ier
rentra en France ; il passa à Bourbon-Lancy
quelques années plus tard (en 1530 puis 1541 et 1542).
LA "RÉFORME" ET LA "LIGUE"
Les guerres civiles de religion seront causes d'une nouvelle
vague de destructions. Le protestantisme, encore appelé "Réforme",
arrivant en France, pour défendre le catholicisme, l'association "la
Ligue" fut créée. En 1567, une bande de huguenots
fondit sur Bourbon-Lancy, dévastant les faubourgs, saccageant
les établissements religieux d'Arcy, de Saint-Nazaire, l'Hôpital.
Puis, par traîtrise, ils prirent le château-fort et pillèrent
la ville ainsi que l'église collégiale. D'autres édifices
religieux, voisins, furent aussi détruits : deux, proches de Chalmoux
et Gilly/Loire et deux autres, à Perrigny et Saint-Agnan.
Quelques seigneurs se convertirent
au protestantisme, dont des descendants des très catholiques
Sires de Salins, fondateurs, en 1495, du "Chapitre de la Collégiale"
(assemblée de six chanoines, un sacristain et un prévôt,
"conseillers" de l'évêque). La Collégiale Notre-Dame
avait elle-même été fondée en 1488 par le Seigneur
de St-Syagre et de Fontête ; [le
jardin clos, dit "de la collégiale"
occupe son emplacement et respecte l'ancien plan de l'église] |
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"porte" ou de "l'écusson" |
face
à l'édifice religieux était la demeure des Seigneurs
de la Nocle [dont on peut encore admirer la porte gothique surmontée d'un écusson mutilé].
|
LES "D'AMANZÉ", 2 SIÈCLES
DE GOUVERNEURS DE BOURBON
Les nobles de haut rang pouvaient, à titre honorifique,
recevoir la charge de gouverneur, dont ils obtinrent finalement la transmission
héréditaire. Aux descendants des fondateurs de la Collégiale
Notre-Dame, succéda, à partir de 1504, Jehan d'Amanzé -dont
la très vieille famille était établie près de Charolles-
à qui Henri IV accorda la charge de capitaine et gouverneur de la
ville et du château de Bourbon-Lancy, que Louis XIV accorda à
Gaspard, successeur de Jehan ; la famille d'Amanzé fournit à la
ville ses gouverneurs pendant plus de deux siècles.
"LIGER", LA LOIRE
Liger, au temps des Romains, la Loire a toujours
été un atout capital pour la région ; frontière
naturelle entre Aquitaine et Gaule romaine, Empires Wisigoth et Franc, Bourgogne
et Bourbonnais et Auvergne, elle fut aussi ligne de défense pendant
les guerres : celles de Cent Ans et de Religion, puis la Seconde Guerre Mondiale.
La Loire était une très importante voie de communication,
les voies terrestres étant inexistantes ou très peu praticables.
Au port du Fourneau régnait une intense activité,
les personnalités qui venaient prendre les Eaux étaient transportées
sur de grands bateaux plats qui accostaient au port. Riches, nobles et religieux
de hauts rangs étaient accompagnés de leur domesticité
et de leur voiture personnelle attelée de chevaux. La coutume voulait
qu'à chaque arrivée d'hôtes célèbres, les
habitants de la ville, vêtus de leurs plus beaux atours, aillent accueillir
les arrivants au port du Fourneau, leur offrant vin et autres "douceurs", tandis
qu'on faisait tirer des coups de canon du château, où étaient
reçus les hôtes de marque -Mme de Genlis, célèbre
écrivain des XVIIIème
et XIXème siècles,
relata qu'enfant, elle fit, par voie de Loire, un long voyage-.
Par voie fluviale étaient transportées beaucoup de marchandises
(céréales, poissons, bois...) acheminées jusqu'à
Orléans. Les ports de Loire étaient en permanence très
animés : les passeurs de gué ou de bac, les mariniers s'y retrouvaient.
Le port du Fourneau était très actif, Gannay, Lesme,
La Cornière, Diou, Gilly, Digoin l'étaient
également. Mais le fleuve providentiel était aussi indomptable
et cruel ; au fil de terribles crues, il changeait de trajet, inondant ici,
ensablant là, noyant les intrépides qui osaient le braver.
Les aménagements faits pendant les derniers siècles
ont régularisé son cours et son débit : on
a du mal à imaginer tous ces ports, toute cette activité des siècles
passés.
BOURBON-LANCY, SES CURES THERMALES RÉPUTÉES
Au XVIèmesiècle,
nombre de riches et illustres personnages faisaient des cures thermales
et bien des "hommes de Science" venaient à Bourbon-Lancy
pour tenter d'expliquer le jaillissement des eaux chaudes ; réputées
soulager les douleurs articulaires et autres sciatiques, elles
auraient aussi guéri les stérilités féminines...
ce qui fut plus que jamais affirmé après que l'épouse d'Henri
II, Catherine de Médicis, ait fait, en 1542, une cure qui, suivant
dix années sans maternité, fut le prélude à plusieurs
naissances.
Il fut décidé d'apporter à la station quelques aménagements pour la doter d'un minimum de confort, jusqu'alors inexistant. Mais en 1543, une crue du Borne emporta les installations des bains, bouchant les vidanges, les puits....
LA REINE LOUISE DE LORRAINE, "SA" SOURCE
THERMALE
37 ans plus tard, le roi Henri III, sur les conseils de
Catherine de Médicis, sa mère, amena à Bourbon-Lancy
son épouse, la reine Louise de Lorraine, elle aussi en vaine attente
d'enfant. Ces souverains et les nobles qui vinrent prendre les Eaux furent maintes
fois choisis comme parrains et marraines des enfants nés dans la paroisse
[voir Archives communales, Paroisse de St-Léger].
Bien que la reine Louise restât stérile, elle et la Cour revinrent à Bourbon-Lancy les années suivantes et Henri III, habilement sollicité par le Docteur Aubery, médecin des Eaux, fit don de sommes considérables pour la restauration des "thermes de César". En l'honneur de Louise de Lorraine, une source fut baptisée "source de la Reine" [dans l'enceinte de l'Établissement Thermal]. |
la source "La Reine" |
RÉHABILITATION ET ENTRETIEN DES
THERMES
Monsieur Descures, entre autres, se vit confier par Henri
IV la mission de faire poursuivre les travaux de déblaiement
des ruines des bains romains et son nom resta à une source.
Louis XIII puis Louis XIV firent poursuivre cette œuvre.
LES MÉDECINS VANTENT LES THERMES
DE BOURBON-LANCY, LES GENS ILLUSTRES S'Y FONT SOIGNER
Aux XVIIème, XVIIIème
et XIXème siècles,
de nombreux médecins écrivirent sur les bienfaits,
parfois décrits comme quasi miraculeux, des eaux thermales de
Bourbon-Lancy.
En 1604, le Docteur Aubery écrit un imposant
livre : « Les Bains de Bourbon-Lancy », où il détaille
les ruines des Thermes romains.
En 1618, le Docteur Jean Ban évoque
les thermes de Bourbon-Lancy dans son livre sur les stations thermales
de la région.
En 1655, le Docteur Philippe Mouteau (né
en la ville en 1608, ayant étudié la médecine à
Montpellier puis, revenu "au pays", ayant succédé au Dr
Aubery comme Intendant des Eaux, en 1633) vantait l'effet bénéfique
des eaux thermales dans le livret : « Les miracles de
la nature ou la guérison de toutes sortes de maladies par l'usage
des eaux de Bourbon-Lancy ». |
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Par contre, les Duchesses de Montmorency et de Bellegarde, Marquise de Cinq-Mars,Princesse de Rohan et d'autres y vinrent au XVIème siècle, puis la Princesse de Condé, au XVIIème, s'y fit soigner, comme bien d'autres personnalités dont certaines furent visiteuses uniquement : le Cardinal de Richelieu, des conseillers au Parlement de Bourgogne, des ecclésiastiques de haut rang, le Duc de Vendôme, fils d'Henri IV et Gabrielle d'Estrée, le maréchal Duc de la Force, Monsieur de la Baume Marquis de Saint-Martin, le Marquis de Coligny-Salignac, la Marquise de Polignac....
HYGIÈNE ET MORALITÉ DES
THERMES
Les médecins fréquentant les thermes et leur illustre
clientèle s'attachèrent à préserver l'hygiène
et la moralité de ces lieux fréquentés par un
grand nombre de personnes, un règlement très strict fut
établi. Concierge et commis des bains, Intendant des Eaux
s'appliquaient à faire respecter les règles établies,
devant aussi combattre l'indiscipline de la population locale qui souillait
bains et fontaines en y nettoyant vaisselle et linge, y déversant ses
déchets et faisant, de plus, preuve d'indiscrétion en regardant
les curistes aux bains.
MISÈRE ET SUPERSTITIONS DES "PETITES
GENS"
La vie des "petites gens", simples habitants de Bourbon-Lancy,
était très éloignée de celle des riches curistes.
Accablés de misère, ils l'étaient aussi de craintes
superstitieuses, terrifiés par divers "sorciers" et "mauvais esprits"
à qui ils prêtaient d'immenses pouvoirs, cela ne les empêchant
d'ailleurs pas d'avoir recours à la prière à Dieu ou
la Vierge lorsqu'un fléau s'abattait sur eux. Il y eut,outre celles
qui avaient touché les gens, des épidémies
décimant les troupeaux, des crues énormes, des sécheresses
catastrophiques, des hivers très rigoureux où, descendant
des forêts du Morvan, poussés par la faim, des loups terrifièrent
la population de Bourbon-Lancy ; une légende (?) raconte qu'au XIXème
siècle, un couple de loups vint hurler devant la
maison du garde forestier de Germigny, qui avait pris leurs louveteaux
[la Ruelle-aux-Loups commémore cet épisode].
PRIEURÉS, MONASTÈRES ET
COUVENTS
En 1622, des moines Capucins vinrent s'établir et
furent bien accueillis par la population ; puis deux couvents de femmes, des
Ursulines, en 1632 et des Visitandines, dans le monastère
fondé par Gaspard de Coligny, à Saint-Léger. Religieux
et religieuses, en leurs monastères, cures, prieurés furent, au
fil du temps et successivement, quasi nécessiteux puis puissants
et distribuant largement l'aumône. L'un des moines capucins marqua
particulièrement l'histoire locale : fils de M. Girard, un procureur
du roi au bailliage, le Père Archange de Bourbon-Lancy, né
en 1628, était un prédicateur remarqué et dont les
prêches passionnaient ; le hasard mit face à lui l'assassin de
son père et le religieux assista le criminel jusqu'à sa fin. Le
Père Archange mourut en 1694, victime d'une épidémie
de "flux de sang". Les prieurés d'Amanzy et Fly (Fly, après Chalmoux
en venant de Bourbon-Lancy) étaient influents et leur prieur, riche et
obéi. L'entente des ecclésiastiques entre eux et
avec les paroissiens fut souvent "difficile", nombre de religieux
ne l'étant que par obligation et n'ayant, pour une fraction d'entre eux,
qu'une faible propension à la charité, au dévouement et
au détachement des biens terrestres.
PINGRÉ DE FARAVILLIERS FONDE
L'HÔPITAL DES EAUX
En 1697, Louis XIV accordait la fondation par Pingré
de Faravilliers, Conseiller au Parlement de Paris, de "l'hôpital
des Eaux" (ou "hôpital des Bains"), afin que les personnes sans
ressources puissent, pendant 3 semaines de cure, logées et nourries,
profiter des bienfaits des eaux thermales de Bourbon-Lancy
; il refit des dons très conséquents et d'autres donateurs,
charitables ou "achetant" leur repos éternel, en firent autant (le
Seigneur de la Nocle, en 1702...).
LA PASSION POUR BOURBON-LANCY S'ÉMOUSSE
Mais la passion pour les eaux thermales n'était
pas exactement celle pour la ville de Bourbon-Lancy. Les modes se faisaient
et défaisaient à la Cour. Jean de Lorme, médecin
de Louise de Lorraine, le fut aussi de Louis XIII et Marie de Médicis
; son fils, Charles, lui aussi médecin, était surintendant
des Eaux de Bourbon-L'Archambault et en fit l'éloge à la Cour,
qui se mit à l'y suivre chaque année, quand arrivait la Saison.
Madame de Montespan, favorite de Louis XIV, y prit ses habitudes, tout comme
nombre d'illustres personnes ensuite, Madame de Sévigné en fut.
Bourbon-Lancy n'était pas totalement délaissé, de célèbres personnalités y venaient encore, mais sa renommée déclinait néanmoins progressivement.
CHÂTEAUX DE BOURBON-LANCY ET SAINT-AUBIN
En septembre 1752, le noble P. César Ducrest
(ou Du Crest), qui venait d'acheter le marquisat de St-Aubin, se vit
confier par Louis XV la baronnie de Bourbon-Lancy ; sa fille, Stéphanie
Félicité Ducrest, devint ainsi "comtesse de Bourbon-Lancy";
elle devint une célèbre femme de Lettres sous le nom de Mme de
Genlis ; elle passa une partie de son enfance au château de
St-Aubin – vétuste et quelque peu délabré– où ses
parents menaient grand train, donnant des fêtes qui drainaient toute l'aristocratie
de la région... et les ruinèrent ! Les Ducrest commencèrent
à vendre les pierres du château de Bourbon. Entre
octobre 1757 et février 1758, avant de s'exiler à St-Domingue,
César Ducrest céda les ruines de ses châteaux à
son ami Charles Guillaume Le Normant d'Etioles (époux de madame
de Pompadour). Louis XV les fit racheter en 1770 et les remit en paiement,
au sein d'un lot, à Jean-Baptiste des Galois (ou des Gallois),
seigneur de la Tour, intendant de Provence, premier président du
Parlement d'Aix, riche et puissant, qui fit construire un nouveau château
à St-Aubin, sur la colline, dont un célèbre architecte
d'Aix fit les plans et que des entrepreneurs provençaux réalisèrent
tout en faisant poursuivre la démolition de celui de Bourbon,
que paracheva sa propriétaire suivante, Mme Daubinet de Marcy,
récupérant les matériaux pour faire construire une maison
au port du Fourneau [ancienne maison Charpin, où
l'on voit encore des sculptures venant de l'ancien château de Bourbon-Lancy].
XVIIIème,
CATASTROPHES NATURELLES ET CONSÉQUENCES
Le XVIIIèmesiècle
fut, pour le moins, tumultueux : une épouvantable
famine, en 1709, provoqua de très nombreux décès,
laissant les vivants exténués, peinés et sans aucune ressource.
Comme toujours dans ce type de circonstances, les bandits déferlèrent
sur la région, déjà ravagée par le malheur, y semant
la terreur par le meurtre et le vol.
En 1740, un très violent orage occasionna bien des dégâts matériels dont la chute d'un clocher de l'église de St-Léger et celle d'une partie d'une tour de fortification de la ville.
L'INSTRUCTION DES ENFANTS
Les petites gens tâchaient de faire face au quotidien. Bien
des familles comptaient une abondante progéniture.
Pour leur instruction, la ville recrutait et payait
un maître d'école, dont elle ne requérait aucune qualification
spécifique ; les parents lui réglaient une somme mensuelle
par enfant à qui il apprenait la lecture, et parfois aussi,
il fallait alors payer plus, le calcul et
le latin.
CULTURES ET ÉLEVAGE DANS LE CANTON
DE BOURBON-LANCY
Le canton de Bourbon-Lancy était voué à
la polyculture (froment, seigle, pommes de terre, chanvre) et les
troupeaux, élevés plus pour la viande que pour le lait,
paissaient sur les chaumes. Le territoire était divisé en "domaines",
constitués des terres labourées, prés, vignes, bois mais
aussi des cultivateurs les travaillant, leurs récoltes, leur habitation
et leurs bêtes de somme. Au XVIème
siècle, un géographe avait observé de nombreuses vignes,
dont la culture semble s'être intensifiée au siècle
suivant, les collines et abords escarpés du château en étant
couverts ; le raisin était précieux, son vol était sévèrement
puni. Les familles de métayers souffraient de la faim, le peuple
connaissait la misère tandis que les classes aisées
incitaient la municipalité à bâtir une "salle de
comédie". L'activité économique se développait
malgré tout. Moulins et forges se multipliaient, contribuant à
accroître les fortunes des seigneurs et bourgeois.
CONSTRUCTIONS DES CHÂTEAUX ET RICHES DEMEURES
De cette époque datent les édifications des châteaux du Vigneau, construit pour le marquis de Folin, et de celui réalisé pour le Comte de Dormy par Joseph Guizot, un des entrepreneurs provençaux demandés par le Président des Galois de la Tour ; le dernier propriétaire en fut le sénateur et président du Conseil Ferdinand Sarrien ; la demeure est, depuis, désignée sous le terme de "Château Sarrien"[maintenant Centre d'Animation Sociale et Culturelle]. |
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En 1778, Gauthey, un élève de Soufflot dessina les plans de la Mairie [elle est toujours l'Hôtel de Ville de Bourbon-Lancy] ; de superbes demeures furent construites, toutes les églises, tous les presbytères furent réparés....
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LE PORT DU FOURNEAU, SUR LA LOIRE
Le commerce se fait alors surtout par la Loire,
au port du Fourneau, où on ne compte pas moins de cinq auberges.
Ce sont d'ailleurs les aubergistes qui, à l'unisson avec les travailleurs
agricoles puis les boulangers, manifesteront les premiers leur désir
de s'affranchir de l'Ancien Régime.
LA PAUVRETÉ DES CAMPAGNES
En visite en 1789, l'économiste anglais
Arthur Young note que la région pourrait être prospère
si on y appliquait la réforme agraire : remplaçant
la jachère par la culture de fourrages, les prairies artificielles de
trèfle, luzerne ; à défaut, les habitants des campagnes
sont pauvres et lors de la rédaction des doléances des
habitants de Bourbon-Lancy, en préparation de la convocation des Etats
Généraux, les députés rédacteurs ne
transcrivent pas du tout les besoins du peuple.
LA "GRANDE TERREUR": PROFANATIONS, LIEUX
REBAPTISÉS, BOURBON-LANCY DEVIENT BELLEVUE-LES-BAINS
Après la prise parisienne de la Bastille,
la "Grande Terreur" mit Bourbon-Lancy à égalité
avec les plus grandes villes, les églises étant profanées,
les couvents réquisitionnés, les objets sacerdotaux
brisés, les blasons mutilés, tout comme les statues
de saints.... Dans le cadre de la déchristianisation, l'église
St-Léger devint "Temple de la Raison" où fut célébrée
la "Fête de l'Etre Suprême" ; puis, le nom de "Bourbon",
pour sa similitude avec celui du Roi, fut remplacé par celui de
"Belle Vue les Bains", qui devint Bellevue-les-Bains,
que la ville porta jusqu'en 1814 ; les rues et places furent
rebaptisées de noms révolutionnaires (Égalité,
Marat, Constitution, Sans-Culotte...).
STÉPHANIE FÉLICITÉ
DUCREST OU MADAME DE GENLIS
La Révolution épargna les grands seigneurs locaux
; Jean-Baptiste des Galois de la Tour se terra en son magnifique château
de St-Aubin, Mme de Genlis (voir § : "Liger,
la Loire" et "Châteaux de Bourbon-Lancy
et de Saint-Aubin"), elle, choisit l'exil. Née
le 25 janvier 1746, ayant vécu son enfance sur les
bords de Loire, à St-Aubin puis Bourbon-Lancy, elle fut, très
jeune déjà, d'une grande curiosité d'esprit et devint savante,
jouant aussi la comédie et de la harpe ; elle était, de plus,
fort belle. Elle fut introduite "dans le Monde" et épousa M. de
Brulart, Comte de Genlis, ancien officier de Marine dont elle eut deux
filles. Entrant ensuite comme dame d'honneur de la duchesse d'Orléans,
elle fut rapidement indispensable à toute la maisonnée ; elle
devint la maîtresse attitrée du duc Philippe (futur Philippe
Égalité) et, au grand scandale de la Cour, devint, en
1777, "gouverneur"des enfants d'Orléans, dont le futur Louis-Philippe
; précepteur très exigeant, elle prépara son élève,
futur régnant, à son destin ; rusée et ambitieuse, elle
tâcha de maintenir le plus longtemps possible son emprise sur la Famille.
Elle fut, sous l'Empire, inspecteur des écoles primaires. Elle écrivit
inlassablement jusqu'à sa mort, en 1830 ; auteur d'ouvrages
pédagogiques, elle écrivit plus d'une centaine de livres dont
« Adèle et Théodore »(1782), « les
veillées au château » (1784)... ses « Mémoires
» (1825). [Un espace vert, situé sous les remparts, devant la "porte
de l'Éperon", a été baptisé
square "Madame de Genlis"].
LES ÉLECTIONS MUNICIPALES DE
1790
En février 1790, Gaspard Pinot, médecin,
demeurant paroisse St-Nazaire, préside les élections destinées
à élire une nouvelle équipe municipale pour remplacer
celle des Gay de Millières, à ce poste par transmission
quasi héréditaire de la fonction. Un avocat, Lavaivre de la Forge
est élu, le procureur de la commune aussi et trois officiers municipaux
dont Gaspard Pinot, dit "châtelain" du fait de son acquisition, deux ans
plus tôt, de la maison rue Touchebœuf (voir § : "D'un
jardinet au château Puzenat").
DANS LE DÉPARTEMENT DE SAÔNE-ET-LOIRE
en 1801, le maire et les adjoints de Bellevue-les-Bains,
écrivent au Premier Consul ce bilan de la Révolution
: «[...Autrefois en Bourgogne, maintenant en département de
Saône-et-Loire ; après un bailliage, a connu pendant 5 ans
une administration de district et un tribunal de première instance mais
que ses habitants iront désormais chercher à Charolles,
distante de 50 kilomètres. Avait aussi une collégiale, 3 églises
paroissiales et 4 maisons religieuses. N'a plus qu'un juge de paix, une
mairie, une maison d'arrêt, une brigade de gendarmerie,
2 écoles primaires et un lieu de culte...]».
CE QU'IL ADVINT DES ÉDIFICES
ET ORDRES RELIGIEUX
* le couvent des Capucins
[à l'emplacement
de l'actuelle Maison de la Presse et bâtiments adjacents dont façades
rue Général de Gaulle ; l'actuelle "Place de la République"
s'est longtemps appelée "Place des Capucins"]
: avait été le siège du tribunal du district puis vendu.
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* le couvent des Visitandines [actuel "Grand Hôtel"' cloître toujours visible dans la cour intérieure] : lui aussi vendu, devint hôpital (jusqu'en 1865) ; les Sœurs de la Visitation furent envoyées dans tout le département comme institutrices. |
* le couvent des Ursulines [sur la place de l'actuelle église] : ses religieuses assuraient gratuitement l'instruction des jeunes filles ; chassées pendant la Révolution, leur église devint, en 1802, le lieu du culte catholique de Bellevue-les-Bains et accueillit une cloche de l'église Saint-Léger. L'église actuelle fut construite en 1881.
* l'église St-Léger, qui avait été "Temple de la Raison", fut démolie. Le Docteur Philippe Mouteau, (voir § : "Les médecins vantent les thermes de Bourbon-Lancy, les gens illustres s'y font soigner") grand artisan de la mise en valeur des eaux thermales de Bourbon-Lancy, souhaita reposer sur place ; à cet effet, il acheta et fit réparer à ses frais la chapelle de St-Léger, où il fut inhumé en 1695 ; une plaque de marbre recouvrait sa tombe et fut remise à sa famille lors de la démolition, à la Révolution, d'église et chapelle ; perdue en 1850, retrouvée en 1930 grâce à la recherche de Max Boirot, elle est entreposée au musée St-Nazaire, avec le mortier, outil de travail du même Dr Mouteau.
* l'église St-Martin fut, elle aussi, démolie. Elle fut fondée par des précurseurs du christianisme en Gaule ; c'était la plus ancienne église de la ville, rien n'en subsiste.
* la collégiale Notre-Dame brûla, en avril 1796 ; elle fut achetée deux ans plus tard par le Docteur Philibert Fillion, médecin en la ville ; lors de sa démolition, des reliques furent trouvées qui furent données à l'église de St-Aubin [où elles se trouvent encore].
* l'église Saint-Nazaire : un prieuré la jouxtait ; consacrés conjointement à St-Celse (voir § : "Borbo désigna la ville puis nomma son seigneur"), ils furent fondés en 1030 par Anseide Borbo(n), l'année de sa mort ; de l'ordre de St-Benoît, il dépendait de l'abbaye de Cluny. C'était là qu'officiait le prieur J.-J. Gouttenoire, que les révolutionnaires avaient emprisonné puis relâché ; il abrita en son église des prisonniers de guerre russes et espagnols, malades du typhus et qu'il soigna jusqu'à en mourir (mars 1812).
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Plusieurs morts y reposent, [sous les dalles, dans un tombeau du XIIIème , dans une stèle funéraire de l'époque romaine] ; le prieuré qui était accolé à l'église fut démoli peu après sa vente, en 1790. L'église désaffectée fut convertie en musée, dont nombre de pièces ont été vendues, volées, dispersées (en 1981, Mme Colomier, archéologue amateur des "Amis du Dardon", réorganisa les vitrines, étiqueta les objets). |
* la collégiale St-Nicolas de la Prée-sous-Arcy : fondée en 1289 par l'évêque d'Autun, pillée par les Huguenots en 1567, les Seigneurs d'Arcy y furent enterrés ; l'église fut démolie en 1757.
FUSION DE L'HÔPITAL "DES PÈLERINS"
OU "SAINT-JEAN" ET DE "L'HÔPITAL DES EAUX MINÉRALES"
Il y eut un hôpital à Bourbon-Lancy dès
le XIIème
siècle, époque probable de sa création
; alors situé rue St-Jean [actuelle rue du Commerce], il fut appelé
"des Pèlerins" ou "St-Jean" et comportait une léproserie
en annexe (voir § : "la léproserie de
Saint-Denis"). Reconstruit en 1427 par Guillaume de la Trémoille,
baron de Bourbon-Lancy et Sénéchal de Bourgogne, il fut, en 1755
et par décision royale, réuni à l'Hôpital des
Eaux minérales, lui-même fondé en 1697 (voir §
: "Pingré de Faravilliers fonde l'Hôpital
des Eaux") ; des Sœurs de la Charité, de Nevers, assuraient
le service. En 1803, Bonaparte décréta la fermeture de l'Hôpital
des Eaux minérales [probablement situé à l'emplacement
de l'actuel "Hôtel des Thermes" mais
aucun vestige n'en atteste]
XIXème
RELANCE DU THERMALISME
Les Thermes, délaissés par leurs riches
clients, que la Révolution avait poursuivis, périclitaient.
Il fut décidé de la reconstruction d'un établissement
thermal, sur les ultimes vestiges des thermes romains et de l'ouverture
du Nouvel Hôpital des Eaux, dans l'ancien couvent
des Visitandines (voir § : "Ce qu'il
advint des édifices et ordres religieux"). en 1825, on poursuivit
l'édification de bâtiments dans l'enceinte de l'établissement
thermal ainsi que la construction d'un nouveau bassin ; la relance du thermalisme
était en cours ; la ville comptait 4500 habitants, accueillait 2000 curistes
par an et tâchait d'être plus attrayante encore.
LA PISCINE COUVERTE DANS LE PARC
Une piscine couverte fut réalisée en 1845,
sur les plans de Gauthey. Elle fut construite dans le parc,
éclairée par une verrière, parée de colonnes, mosaïques...,
alimentée en eau des sources à 28 à 30°. Un
maître de natation veillant, la "piscine de natation" était
ouverte chaque jour, tant à la population qu'aux curistes, les matins
aux femmes et les après-midis aux hommes.
L'Hôpital était propriétaire
des thermes comme de la nouvelle piscine et il en percevait les bénéfices
; on ignore ce que rapporta la piscine, on sait seulement qu'elle ferma en
1910.
LA PISCINE DEVIENT USINE D'EMBOUTEILLAGE
D'EAU THERMALE
Deux ans plus tard, rebaptisé "Embouteillage",
le bâtiment de la "piscine de natation", réaménagé
avec chaîne de bouteilles et instruments nécessaires, est devenu
une usine d'embouteillage de l'eau thermale gazéifiée du "Lymbe",
destinée aux digestions difficiles et de celle de la "Reine",
naturelle et prescrite aux "cardiaques, goutteux et rhumatisants".
La mise en bouteille se faisait depuis longtemps mais à cette période,
la production atteignit les 3 000 bouteilles annuelles. Un tiers environ de
ces boissons étaient consommées "sur place", à l'Hôtel,
le reste étant expédié, par la gare du Fourneau.
LE GRAND HÔTEL, LE CASINO, LA
SALLE DES FÊTES
Dans le but de remettre à la mode la station, accompagnant
la remise à neuf des thermes, la construction du Grand Hôtel
fut engagée, dans le splendide parc, à l'initiative de la société
anonyme des thermes de Bourbon-Lancy qui venait d'obtenir la concession de l'établissement
thermal et des sources. En 1880, ouvrait le Grand Hôtel,
meublé à neuf, 68 appartements, une immense salle à
manger et des salles de billard, de bal, de lecture et de jeux. Le 30 mai
1880, eut lieu la soirée d'ouverture au
« Casino des thermes de Bourbon-Lancy »,
le grand salon du Grand Hôtel ayant été rebaptisé
ainsi pour la circonstance. Nobles et bourgeois, curistes et accompagnateurs
de personnes en soins le fréquentaient et leur préférence
allait au "jeu des petits chevaux" ; il y avait aussi un "
jeu de baccara", ces jeux n'étant pas ouverts au public mais
aux seuls pensionnaires du Grand Hôtel ;
plus tard, un "cercle" sera créé afin que les
notables locaux puissent en profiter.
Au début du XXème siècle,
la "saison" allait de mi-mai à mi-octobre ; la
population de Bourbon-Lancy comptait environ 4250 habitants et il venait entre
1600 et 2000 curistes par an ; le terme de "cure" ne sera d'ailleurs
officiellement applicable qu'après l'arrêté
ministériel du 02/07/14 accordant à la ville la qualité
de «
station hydrominérale ».
Outre les jeux et les courses hippiques de Sornat, les "visiteurs"
appréciaient aussi les concerts, le cinéma, les spectacles...
et réclamaient une salle des Fêtes, pour laquelle on fit
faire un projet à l'architecte lyonnais J.-M. Morin, mais
il s'avéra hors de prix. Vers la même
époque, sur la plainte d'un joueur, magistrat à Saint-Pol, les
jeux furent mis aux normes et placés sous surveillance. D'autorisations
retirées en permissions rendues, les jeux se déroulaient...
plus ou moins régulièrement !
en 1914, le même bâtiment qui avait été "piscine",
puis "embouteillage" devint "salle des fêtes", ce qui fut peint
sur sa façade ; un plancher fut posé au-dessus du creux de
l'ex-bassin, les tables de jeu furent installées à l'entrée,
un second jeu de boule fut autorisé. Les directeurs de l'usine
de machines agricoles Puzenat inaugurèrent la salle par un
banquet offert à leurs 300 ouvriers, à l'orée de l'été
1914.
Les jeux furent interdits en 1920. En avril
1924, arriva une très riche femme, Mme veuve Anne Raquillet,
qui racheta la majorité des parts de la société des thermes
et, en 1930, était à la tête de plans et devis de
grandioses projets de modernisation de l'établissement thermal et
du casino en dancing et attractions, le nouveau casino devant se situer
tout près de la salle des fêtes.
La salle des fêtes flamba dans un spectaculaire
incendie, en été 1934 ; les bonbonnes de gaz qui servaient
à l'embouteillage, restées stockées là, explosèrent,
la maîtrise de la pompe à incendie ne fut pas parfaite, seules
des ruines subsistèrent. La prime versée par l'assurance incendie,
ajoutée à un emprunt cautionné par l'Hôpital
permirent la reconstruction de la salle, au-dessus de la première,
le plancher de la nouvelle reposant sur le haut des colonnes de l'ancienne.
Il fut, de plus, aménagé au-dessous, une salle d'animation
réservée aux curistes [tout est en l'état
aujourd'hui].
LE NOUVEAU CASINO
Un nouveau Casino avait donc déjà
été rebâti non loin de là, dans le parc.
Il avait ouvert des salles de baccara, de boule, de chemin
de fer, de whist, de piquet, de bridge, les touristes
s'y retrouvaient. Ayant subi de terribles dégâts pendant
la guerre, il "reprit vie" en diversifiant ses vocations :
ouvrant pour accueillir foule et officiels en quelques occasions,
subventionnant diverses manifestations sportives. De très
bonnes représentations théâtrales étaient données,
il y avait cinq séances de cinéma par semaine, des concerts d'orchestres....
Le Casino assurait l'animation de la station. En 1965, des travaux
de rénovation furent faits, M. Jean Voisin prit sa retraite de la
direction de la société thermale, qu'il avait assumée pendant
pratiquement vingt ans. L'hôpital d'Aligre, toujours propriétaire
de l'établissement thermal, du Grand Hôtel et du
Casino étudia diverses propositions quant aux indispensables mutations
dans ces activités ; il était évident que les curistes
avaient changé, ceux d'alors venant plus pour se soigner que pour chercher
dépaysement et distractions. L'innovation consista en l'introduction,
dans les protocoles de soins, d'applications locales de boues. Le
Casino s'ouvrit aux réunions et congrès et adopta une
formule discothèque afin d'attirer une clientèle
de jeunes ; des travaux d'embellissement et d'aménagement des
abords furent réalisés (jeux d'enfants, parking, second cours
de tennis à St-Prix). La salle des fêtes fut rénovée
par la ville en 1973, la destinant à la location aux sociétés
locales, hors période thermale et à l'utilisation par le Casino,
pendant les "saisons". L'activité du Casino déclinait malgré
une progression du nombre de curistes ; la situation était loin d'être
florissante lorsque la directrice et des employés furent inculpés
de «dissimulation de produits de jeux» et l'autorisation d'ouverture
refusée pour le printemps 1980 ; diverses tentatives de relance
échouèrent, il ferma définitivement en décembre
1986.
LES MARQUIS D'ALIGRE, FONDATEURS DE
L'HÔPITAL D'ALIGRE
Etienne Jean François Charles, marquis d'Aligre, né
le 20 février 1770, à Paris, fut veuf à 23 ans.
En 1810, il épousa en secondes noces Mlle de Pontcarré,
petite-fille de Jean-Baptiste des Galois de la Tour (voir § : "Châteaux
de Bourbon-Lancy et Saint-Aubin"). Le père du marquis et
la grand-mère de Mlle de Pontcarré étaient frère
et sœur, des Aligre, vieille famille de magistrats originaires de Chartres.
Les marquis d'Aligre séjournaient souvent à St-Aubin et dépensaient
peu pour eux. La marquise était réputée bonne et
charitable. Elle mourut en 1843 et fut enterrée à
Chartres (dans l'asile d'Aligre qu'elle et son époux avaient fondé)
; elle légua une somme importante à l'Hospice de Bourbon-Lancy
; la statue en argent de la Marquise faisait partie du
legs, ainsi que des bijoux, de l'argenterie, des meubles,
immeubles, titres. [Cette
statue, réalisée par l'orfèvre royal Odiot, est dans le
grand escalier de pierre d'une des
ailes de l'hôpital].Reconnaissant
de la donation de la marquise, le maire de Bourbon-Lancy, Lazare
Compin, alla à Paris remercier le marquis, Pair héréditaire
de France, se trouvant désormais à la tête d'une colossale
fortune. En 1847, le marquis décéda ; son testament,
remanié en 1844, transférait des dons, initialement
destinés à des hôpitaux de Chartres, à l'Hôpital
de Bourbon-Lancy.
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Reconnaissant de la donation de la marquise, le maire de Bourbon-Lancy, Lazare Compin, alla à Paris remercier le marquis, Pair héréditaire de France, se trouvant désormais à la tête d'une colossale fortune. En 1847, le marquis décéda ; son testament, remanié en 1844, transférait des dons, initialement destinés à des hôpitaux de Chartres, à l'Hôpital de Bourbon-Lancy [l'inscription «Fondation d'Aligre MDCCCXLVI», gravée au tympan de la chapelle, rappelle le legs]. C'est ainsi que débuta, en 1851, la construction du nouvel établissement hospitalier de Bourbon-Lancy, fait de pierres et de briques, situé sur la colline proche de l'hôpital existant, l'accès se faisant par une belle allée plantée de platanes. Son plan forme un "H", une chapelle en est le centre, en son chœur, repose le marquis. Un service de cures thermales y sera adjoint. [Les statues en bronze de la marquise et du marquis d'Aligre sont visibles dans la cour, de part et d'autre du portail d'entrée]. en 1865, les malades sont transférés dans l'hôpital-hospice neuf auquel on donne le nom d'Aligre. |
FERDINAND SARRIEN (1840-1915) : DE MAIRE À MINISTRE
Ferdinand Sarrien vint au monde le 15 octobre 1840,
à Bourbon-Lancy. Fils d'une modeste famille -son père était
tanneur- mener à bien ses études de Droit, à
Paris, ne fut pas facile mais il y parvint et en 1864, il était inscrit
au Barreau de Lyon. Pendant la guerre de 1870 il fut blessé, sa
bravoure lui valut d'être décoré.
La IIIème
République fut proclamée le 4 septembre
1870. En 1871, maire et conseiller général,
Ferdinand Sarrien affirme ses convictions républicaines. Le Président
de la République, Mac-Mahon, lui retire son mandat de maire, qu'il retrouvera
en 1876. Avec Gambetta et Clémenceau, il lutte contre les monarchistes
et, en 1886, alors qu'il est Ministre de l'Intérieur,
il fait expulser les royalistes (en application de la loi). Ministre
pour la première fois en 1885, à la Poste, il amena à
Bourbon-Lancy la construction d'un beau bureau de poste et l'attribution de
places de facteurs à des habitants du canton. Ministre de la Justice,
en 1898, il fait rouvrir le dossier Dreyfus, dont "l'Affaire" agite le
pays depuis quatre ans ; aucun Républicain ne se satisfait de la grâce
présidentielle accordée ; en 1906, alors qu'il est Garde
des Sceaux, Ferdinand Sarrien fait amnistier et réintégrer
Dreyfus dans l'Armée. Le 10 mars 1906, le Président Fallières
charge Sarrien de former un nouveau gouvernement. L'application de
la loi de décembre 1905 sur la séparation de l'Eglise et
de l'État provoque des émeutes sanglantes ; avec une fermeté
compréhensive, le gouvernement Sarrien restaure la paix sociale.
De mai à octobre 1906, Sarrien est président du conseil
; en 1908, il devient sénateur ; il meurt à Paris
en novembre 1915, ses obsèques civiles ont lieu à
Bourbon-Lancy. Radical, ardent défenseur de la
République, les milieux modestes se reconnaissaient en lui
et l'encourageaient, des chansons avaient été composées
à la gloire du candidat Sarrien aux élections, qu'artisans et
commerçants reprenaient et diffusaient. [Outre
le "Château Sarrien", le nom de l'homme politique
bourbonnien a aussi été donné au Collège
d'Enseignement Secondaire de la ville et à une avenue
; son buste, inauguré en 1933, le même
jour que le pont du Fourneau, est face à l'entrée
du collège, dans un petit triangle de verdure
fleuri].
LE PONT DU FOURNEAU
en 1835 avait été inauguré
le pont du Fourneau. Les
usagers du port réclamaient depuis longtemps de pouvoir passer à
pied d'une rive à l'autre de la Loire, de Bourgogne en Auvergne et
inversement ; cet ouvrage à deux voies, long de 85 mètres,
comprenait un péage pour le passage . Onze ans plus tard,
ébranlé par des crues violentes, il dut être fermé.
En 1849, un pont à deux voies lui aussi, suspendu cette
fois-ci, long de 115 mètres, remplaça le premier et résista
aux grosses crues et aux passages des véhicules lourds... jusqu'au 15
novembre 1918 où un camion américain et son chauffeur
entraînèrent la chute de l'édifice. En décembre
1918, le Docteur Pain, maire de Bourbon-Lancy, avec l'appui
du sénateur-maire de Vitry-sur-Loire, M. Chopin, déplorèrent
les restrictions de circulation imposées par la fragilité du pont
rafistolé ; la mise au point d'un nouveau projet de pont fut confiée
à Jacques Rerolle, jeune ingénieur des Ponts et Chaussées
(né en 1901, dans le canton de Bourbon-Lancy), aidé de l'ingénieur
Pelletier, son adjoint. Le plan nécessita deux années
de mise au point. Ce devait être un ouvrage en béton large
de 6 mètres avec un trottoir de chaque côté, long
de 230 mètres, comportant 5 arches et reposant sur 4 piles.
L'entreprise Debachy, spécialisée en génie civil et
travaux hydrauliques fut chargée de la réalisation, qui se
fit à côté de l'ancien pont [c'est
l'actuel pont, toujours dit "du Fourneau"].A la
fin des travaux, la résistance de l'ouvrage d'art fut testée "en
charge", 16 camions y étant amenés simultanément ; selon
le document officiel attestant de l'épreuve, «il s'est parfaitement
comporté». L'inauguration fut faite le 10 octobre 1933
par M. Danielou, ministre de la Santé Publique ; le maire de Bourbon
et son adjoint : Messieurs Pain et Turlier, y assistaient ainsi que les sous-préfets
de Charolles et Autun, des sénateurs -dont M. Chopin-, des députés
-dont le député-maire de Moulins, M. Boudet-, l'ingénieur
en chef Wahl, des conseillers généraux et un public nombreux.
Les Harmonies Municipale et de Vichy jouèrent,
des discours furent prononcés, les enfants des écoles étaient
de la fête, il y eut dépôts de fleurs aux monuments aux Morts
et à celui de F. Sarrien (voir § : "Ferdinand
Sarrien [1840-1915], de maire à ministre") puis réception
du ministre par le directeur de la station thermale.
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Le
jour de l'inauguration de son œuvre, l'ingénieur Rerolle
était absent. Avec le pont du Fourneau, il avait débuté
une carrière qui fut brillante et longue. En 1944,
il fut chargé de la reconstruction des ponts de Lyon, détruits
et du tunnel de la Croix-Rousse, les tunnels le passionnaient.
Il fut enterré le 25 janvier 1995, à 8 km de Bourbon-Lancy,
à Vitry-sur-Loire.
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D'UN JARDINET AU "CHÂTEAU PUZENAT"
De janvier 1757 à décembre
1834, de Jean-Marie Pinot, médecin du roi à Charles Repoux,
puis de Jacques Repoux -fils de Charles- officier de Louveterie à Gaspard
Pinot, médecin comme Jean-Marie, son père ; puis de Marie-Rose
Pinot, fille de Gaspard et épouse de Jean Alban Marion, médecin
à Lormes, à son frère Antoine Pinot, médecin à
Bourbon-Lancy : ce qui n'était au départ qu'un jardin,
sis à l'angle des rues du Tourniquet et Touchebœuf, s'est bâti
d'une imposante habitation et de dépendances dont une loge de concierge
et divers abris, s'est agrandi de jardins, vignes, en direction de St-Léger.
En septembre 1839, le Docteur Philippe Marie Robert, médecin à
Bourbon-Lancy, a acheté la maison du bout de la rue des Bains
et des terrains attenants, contigus à ceux de la propriété
de la famille Pinot, à laquelle il les revend, en 1860, par le
biais de Louis (Antoine Jean Marie) Pinot, maire de Bourbon-Lancy de juillet
1856 jusqu'en août 1865, successeur de Lazare Compin. La fille de Louis
épouse Emmanuel Carrelet de Loisy en juillet 1877, ils auront trois fils.
A la mort de Mme de Loisy, ses mari et fils vendent ce qui est devenu une
superbe propriété et dont la maison d'habitation est appelée
"château". L'acte de vente du 7 août 1905 à
Claude Amable (dit "Claudien") Puzenat énumère les
éléments de la propriété : «[maison de maître
: cave, rez-de-chaussée, 2 étages, mansardes ; pavillon de 2 étages,
dépendances, loge de concierge où habite le jardinier et ouvrant
sur l'avenue de la République, mobilier de jardin et jardinage, maison
rue des Bains, parc ; le tout clos de murs ou grillages ; contenance 6 ha 87
a 74 ca]» [le tout étant visible et
la promenade dans le parc, possible].
A la naissance de chacun de ses enfants,
Claudien Puzenat fit planter un cèdre dans le parc du château
[il y en a donc trois]. L'entretien de cette splendide
propriété était très onéreux et des
problèmes de succession se posèrent inévitablement
; c'est ainsi que, François l'habitant -fils de Claude, frère
d'Emile et Elisabeth-, sa vente fut décidée par la famille
Puzenat en 1968 et des tractations s'engagèrent avec
la Ville qui durèrent plusieurs mois, le prix demandé étant
de 100 millions de centimes.
Le château, ses communs,
son parc, sont rachetés par la ville de Bourbon-Lancy,
le 30 décembre 1969. Il fut décidé d'en
faire un Centre Social. A compter de l'été 1973, un
"centre aéré" accueillit plus d'une centaine d'enfants
pendant les "grandes vacances" puis ouvrit "l'accueil
périscolaire" La
directrice, Yvette Pacot soutenue par une ex-enseignante conseillère
municipale, Mme Colomier, diversifièrent
les activités : vestiaire des costumes des diverses manifestations
pour location à la demande, stages divers...
![]() |
. Puis la
cuisine centrale des restaurants scolaires de la ville fut installée
au sous-sol. Un incendie criminel, le 10 décembre 1995 causa d'énormes dégâts. Le château fut reconstruit fidèlement et son inauguration eut lieu le 20 septembre 1997 en présence de membres du conseil régional et de la chambre de commerce, du député et son suppléant, du sous-préfet et du conseiller général, de la municipalité et de nombreux invités dont un descendant de Claudien Puzenat. |
DE LA FORGE D'ÉMILE PUZENAT À
L'USINE PILOTE DU GROUPE IVECO
Émile Puzenat, forgeron
comme son père, parcourait le canton, réparant dans chaque
ferme tandis que son épouse, Augustine, tenait un magasin de petit
outillage (faux, faucilles, chaînes d'attelage...) et qu'un ouvrier
travaillait à la forge, située en haut de l'avenue
de la République.
Le Charolais était en mutation, réduisant
les cultures pour convertir les terres en pâtures où engraissaient
les bœufs pour la boucherie. La main-d'œuvre agricole devint ouvrière
de l'artisanat rural : fours à chaux, à plâtre, moulins
à blé, tanneries....
Aux grandes fêtes qu'étaient
les comices agricoles, cohabitaient les expositions de bovins
et de matériel agricole. Celui de Bourbon-Lancy fut créé
en 1865, le 8 septembre. Fruits du sens pratique et de
l'ingéniosité d'Émile, ses machines recueillaient
bien des suffrages et connurent leur première consécration
en 1874, au concours de Mâcon avec la «herse en
Z» et le premier prix en 1878 à l'Exposition Universelle.
L'atelier familial devint petite entreprise, le magasin, lui aussi, élargit
la gamme des produits proposés. En 1882, le premier râteau
tracté par cheval, baptisé «Lion» fut présenté
et comme toutes les créations Puzenat, il était évolutif,
pouvant être équipé différemment selon le type de
semailles à effectuer, celui du sol à travailler... ; perfectionné,
il deviendra «Lion Supérieur» et au début du
XXème siècle,
sa production représentera 70% de la production totale Puzenat. Le
15 août 1893, Ferdinand Sarrien, alors ministre de la Justice (voir
§ : "Ferdinand Sarrien [1840-1915]:de maire
à ministre"), décore Émile Puzenat de
la Légion d'Honneur pour sa contribution au rayonnement de la
ville. Michel Sarrien, neveu de Ferdinand, maire de la commune, dans le discours
d'ouverture de la fête, célèbre la «victoire commerciale
et industrielle» de l'entreprise. Neuf brevets furent déposés
cette année-là puis d'autres, concernant l'amélioration
de l'efficacité et du confort de travail des herses, houes,
charrues, rouleaux, brise-mottes... ; un nouveau nom était attribué
à chaque nouveau modèle pour le différencier de l'outil
initial, «Lion» devenant «Tigre», «Colonial»...,
un semoir «Germinal»... [hommage
fut rendu à ces outils et à leurs inventeurs par l'attribution
de leur nom à des rues de Bourbon-Lancy : rues "Floréal", "Prairial",
"avenue Claude & Émile Puzenat"].
Une "réclame" de l'époque
vantait le succès des productions des «Constructeurs Émile
Puzenat et Fils, Ingénieur des Arts et Manufactures à Bourbon-Lancy
(Saône-et-Loire)». Cette réussite rendit
indispensable l'expansion, donc la délocalisation de l'atelier.
Aux Forges, quartier proche de St-Denis, fut bâti l'atelier
"numéro 1". en 1910, un local séparé pour
la peinture et l'atelier "numéro 2" étaient
fonctionnels ainsi qu'une écurie pour les chevaux -qui conduisaient les
machines à la gare du Fourneau- et un réfectoire pour le personnel.
L'usine Puzenat employait alors 250 personnes de la région,
ses cadres étaient issus des formations et promotions internes,
ses productions et organisations étaient vantées dans diverses
publications. Pendant la guerre de 14-18, des mobilisés
furent « rappelés et détachés comme ouvriers à
l'usine Puzenat » qui usina des obus de 75 en sus de ses productions
habituelles. Émile Puzenat mourut en juin 1919.
Peu avant, il avait accepté le projet de Claudien de faire édifier
à 15 km de Bourbon-Lancy, à Sept-Fons, une fonderie
qui fournirait à l'usine la "matière première" indispensable.
Claudien devint seul patron
de l'usine et choisit judicieusement des collaborateurs issus de l'entreprise
: Henri Turlier, entré adolescent, en 1893, devint "directeur
général" vers 1920 ; M. Grouillet, lui, devint "directeur
technique" ; conformément à "l'esprit-maison", c'est parmi des
gens de la région qu'ils choisirent des auxiliaires compétents.
Dans le cadre de la relance économique de l'après-guerre,
qui générait un accroissement de la demande en matériel
agricole, l'établissement prospéra. Il eut besoin d'embaucher
des ouvriers, d'acheter des machines, d'agrandir les ateliers
et de trouver de la fonte en grande quantité. Le nombre d'ouvriers
ne cessait de s'accroître : 314 en 1912, 650 puis 780 entre 1920 et 1923.
La main-d'œuvre manquait localement, c'est ainsi qu'on fit appel
à 300 Polonais ; ils arrivaient à la gare du Fourneau,
munis de contrats d'un an, renouvelables ; ils étaient logés
dans des constructions sans confort réalisées par l'entreprise
Puzenat, aux Forges. La manufacture bourbonienne était
mondialement connue, avait obtenu les Grands Prix des Expositions
Internationales de Rio de Janeiro, Madrid, Turin et Barcelone entre 1922
et 1929 [les récompenses obtenues par l'entreprise
Puzenat sont détaillées et un tableau réunissant les nombreuses
médailles a été réalisé ; ils sont visibles
à Bourbon-Expo, rue Gabriel Pain, ainsi qu'une rétrospective des
machines agricoles Puzenat depuis 1874, leur première consécration].
Elle n'avait pas assez de logements pour tous ses ouvriers et en fit
construire plus de 400 ; ainsi naquirent les «cités»,
entre 1923 et 1927 [dont
les maisons furent
améliorées ,
aménagées par leurs occupants puis vendues
à leurs locataires au cours des années
80 ; elles sont situées entre la rue Bon-Vent
et Chanteau, Saint-Denis, les rues du Colombier et Merlette, aux Forges aussi].
Une boucherie, une garderie et un jardin d'enfants
furent ouverts. Les ateliers furent encore agrandis, d'autres créés,
les lignes de chemin de fer locales assurèrent le transport de tonnages
de matériel jamais atteints (18.000 tonnes transitèrent
par la gare du Fourneau en 1924).
De tous temps, la fonte arrivait des Ardennes
; délais et coûts sen trouvaient allongés. Sur les 10
ha acquis à Sept-Fons, près de l'abbaye et du canal
latéral à la Loire, les travaux de construction envisagés
par Claudien et Émile Puzenat débutèrent en 1919
sous l'égide de l'ingénieur des Arts et Métiers Cailley,
conseillé par des ardennais. La fonderie démarra en 1921,
fut agrandie en 1926 et au fur et à mesure des nécessités
de l'entreprise de Bourbon-Lancy, passa aux fontes aciérée (en
1932) puis malléable (en 1945).
en 1926, Bourbon-Lancy, 4 483
habitants, est "capitale industrielle" grâce à sa «Manufacture
Centrale de Machines Agricoles C. Puzenat». Émile Puzenat,
21 ans, fils de Claudien pense lui succéder un jour. Le Docteur Pain
est alors maire de la ville, Henri Turlier -directeur général
de l'usine Puzenat- est un de ses adjoints. Le paternalisme est,
à l'époque, commun chez les patrons d'entreprises ; ainsi, les
fins d'années, celui de l'usine a coutume de recevoir, devant
son château, les pères de familles nombreuses et de
leur remettre quelqu'argent pour étrennes ; le 17 novembre
1930, il invite tout le personnel de l'usine pour le mariage de
sa fille, mobilisant toutes les salles de Bourbon-Lancy, dont celle
de l'ancien Casino St-Léger.
Une brigade de gendarmerie à cheval assure l'ordre dans l'agglomération,
alimentée par une usine à gaz et dont l'assainissement
par construction d'égouts est en projet. Les liaisons
entre Bourbon-Lancy et "partout ailleurs" sont assurées par le chemin
de fer et l'autocar.
La première fabrique de machines
agricoles françaises ne put éviter de licencier parmi
ses 1.000 ouvriers lorsque les effets de la crise économique mondiale
de 1929 se firent sentir. En 1932, la moitié de l'effectif du
personnel de l'usine fut licenciée et les horaires de travail qui
étaient, en 1930, de 60 heures/semaine en 6 jours, passèrent
à 30 heures/semaine. La relance vint de l'innovation ;
un ouvrier passionné, M. Veillerot, soutenu et assisté
par diverses équipes techniques, fut à l'origine de nouveaux
matériels : faucheuse, lieuse, extirpateur, dont les commandes
firent réembaucher dans l'entreprise.
Décembre 1935 marqua le début
d'une ère nouvelle pour la manufacture Puzenat. Henri Turlier
quitta son poste de directeur général pour se consacrer à
ses mandats d'élu : maire, conseiller général et sénateur
(Messieurs Pain et Chopin étaient décédés peu auparavant).
A 30 ans, Émile Puzenat dut
donc prendre la direction générale de l'entreprise fondée
par son grand-père et ce, juste avant les élections de 1936.
Ces législatives de 36 furent un bouleversement ; elles
présidèrent à l'élection du socialiste S.F.I.O.
Jean Laville, de Gueugnon et à la victoire du Front Populaire avec la
mise en place du gouvernement dirigé par Léon Blum. Conséquence
des puissants mouvements de grève qui s'étaient étendus
à la France entière, les "accords de Matignon",
signés le 7 juin 1936, concédèrent d'importants
avantages aux ouvriers : deux semaines de congés pour tous, 40 heures
de travail /semaine, des lois sur les conventions collectives et les délégués
du personnel, la réduction des abattements d'âge pour jeunes travailleurs.
Émile Puzenat décida d'appliquer sans attendre les 40
heures de travail hebdomadaire et les congés payés à ses
1 200 cadres et ouvriers. A cette époque le catalogue Puzenat
proposait plus de 35 articles, des herses aux râteaux en passant par
les moissonneuses...
Le syndicalisme avait été actif dans l'usine dès
1918 puis s'était éteint au fil des nominations des différents
responsables à des postes de chefs d'ateliers... en mars 1937,
il redevint plus organisé, des délégués
du personnel furent élus, des manifestations organisées, en
relation avec les conditions de travail, les licenciements ; lorsque la situation
de l'entreprise se dégrada et qu'elle dut déposer
son bilan et massivement licencier, les responsables syndicaux
ayant incité à la grève furent congédiés
en priorité.
Les problèmes de trésorerie
s'aggravèrent néanmoins et le renflouement par la banque
Worms s'accompagna du placement d'un de ses hommes, M. Verdier, à
la direction, tandis que la S.A.R.L. Puzenat devenait Société
Anonyme, le 23 septembre 1940, avec Claudien Puzenat pour
P.D.G.
La guerre fut cause de
l'organisation, dès décembre 1939, par M. Berthelon, d'un
atelier à forger les obus, puis des corps de bombes pour avions
qui, tous, furent récupérés par les occupants.
Après l'armistice de juin 40, la production de machines agricoles
reprit au ralenti, celle de grenades, obus, fourgons aussi,
pour les Allemands. En juin 1941, un quai et une voie
ferrée furent construits dans l'usine-même, améliorant
le transport jusqu'alors assuré par navettes hippomobiles entre usine
et gare du Fourneau ou port de Garnat.
Au titre du S.T.O., des ouvriers furent envoyés travailler
en Allemagne, en 1942 et jusqu'en janvier 43 ; les diffusions
par hauts-parleurs dans la cour de l'usine des messages du gouvernement de Vichy
enjoignant aux ouvriers de se soumettre aux réquisitions de travail obligatoire
pour l'Allemagne n'aboutirent ensuite qu'à inciter les gens à
se cacher. La Résistance locale
placardait nuitamment dans l'usine des affiches et des tracts ; l'usine
évoluait vers la résistance à l'envahisseur.
La pénurie de personnel masculin fit embaucher des femmes
et des jeunes ; pour qualifier la nouvelle main-d'œuvre, l'école
d'apprentissage fut créée, en 1940. Bourbon-Lancy
fut libéré le 7 septembre 1944 ; la liesse populaire
dura plusieurs jours, un drapeau tricolore fut hissé au sommet
de la cheminée de l'usine Puzenat. Les productions de remorques
et cuisines roulantes reprirent, à nouveau destinées à
l'Armée française.
En février 1945, une loi institua
les comités d'entreprise, d'importantes structures sociales
furent alors mises en place, une caisse de solidarité créée,
une retraite complémentaire pour les anciens ouvriers, les
colonies de vacances, les Noëls des enfants et Anciens, une
cantine et une «coopérative» -magasin de vente
d'alimentation et divers produits courants- furent créés.
De nouvelles machines (semoir, tombereau, déchaumeuse, moissonneuse...)
sortirent et Sept-Fons se tourna résolument vers la production
de fonte malléable.
L'année 1952 fut catastrophique, en novembre il y eut 180 licenciements
et le mois suivant,
400 employés furent contraints au chômage technique pour
une durée indéterminée ; une manifestation syndicale
virulente s'ensuivit avec rassemblement devant l'usine, défilé
dans les rues, affichage partout alentour, réunions d'information ; les
leaders de la contestation payèrent de leur place leur engagement et
l'usine reprit le travail avec un effectif quasiment réduit des deux
tiers. En avril 1954, une nouvelle grève générale
à l'initiative de la C.G.T. paralysa l'entreprise ; M. Verdier, directeur,
décida d'aller soumettre à la direction parisienne les difficultés
de l'usine, jadis florissante. En 1955, M. Maslard, venant d'une
fonderie de l'ouest, prit la direction de celle de Sept-Fons tandis
que l'usine de Bourbon-Lancy s'engageait avec la «Société
Industrielle de Mécanique et Carrosserie», S.I.M.C.A., pour
faire des chaînes de rénovation de moteurs d'Aronde tout
en poursuivant la production de machines agricoles. Claudien Puzenat mourut
le 4 juin 1956.
Deux ans plus tard, l'usine portait le nom de S.O.M.E.C.A. ; M. Verdier partait, remplacé par M. Raith. Aux chaînes on fabriquait des tracteurs de divers types, des moteurs ; on produisait encore d'autres matériels mais l'évolution se fit vers le montage et la commercialisation de tracteurs de puissance croissante sur des chaînes de plus en plus mécanisées. Au Salon de 1961, des tracteurs très modernes mais aussi une presse et une récolteuse recueillirent tous les suffrages des visiteurs, satisfaisant pleinement la direction parisienne qui donna son feu vert aux transferts de la pignonnerie et du traitement thermique de la région parisienne à l'usine de Bourbon-Lancy. Celle-ci prouva sa capacité à manier la haute technicité, comme l'avait affirmé M. Henri Berthier, chef de fabrication, lorsqu'il avait œuvré pour obtenir ces transferts.
Les innovations en matière de chaînes de montages étaient incessantes ; tandis que la production du tracteur «Som 20» était transférée à Fiat,en Italie, des gammes très étendues de tracteurs et machines agricoles destinées à la culture, la moisson en passant par la fenaison et les battages étaient produites ; elles l'étaient sous le nom de «Simca Industries», dont M. Thoby était directeur général. En 1964, le tracteur Someca, de 65 chevaux, le «612», est présenté au 35ème Salon de la Machine Agricole, à Paris ; les tracteurs Someca représentent alors presque 13 % de la production française. En 1965, Messieurs Raith et Aumaillet sont codirecteurs ; 750 logements sont loués aux employés par l'usine et dix cars assurent les transports de 500 ouvriers chaque jour ; une centaine de candidats postulent chaque année à l'entrée à l'École Technique. Les désordres de mai 68 stoppant les approvisionnements de l'usine, son activité fut très réduite pendant trois semaines puis reprit sur la lancée de sa production croissante.
Devenue «F.F.S.A. SOMECA» peu auparavant, l'entreprise inaugure, en novembre 1969, sa «Succursale», "vitrine" de ses productions locales, affirmation de la vocation de Bourbon-Lancy à produire du matériel agricole. «[Lorsque l'usine va, la ville va bien]», dit le maire-adjoint dans son discours. Le bon fonctionnement de l'entreprise contribua très largement à l'accroissement de la population locale. Mais au changement de décennie vont correspondre des modifications d'importance ; les immatriculations de tracteurs Someca diminueront d'un tiers par rapport à 1969. Fin 1970, se faisant l'écho de la décision de la direction générale, M. Verdillon, directeur, annonce le projet de reconversion de l'usine de Bourbon-Lancy, qui se concentrerait désormais sur la production de tracteurs alors que celle de machines agricoles serait transférée à Fourchambault (Nièvre).
en 1972, dix ans exactement après les accords entre Fiat et Someca, l'usine de Bourbon-Lancy est intégrée à la division Unic-Fiat ; elle se consacrera à l'avenir à la construction de gros moteurs de camions. M. Berthier devient directeur de l'usine et va réaliser, en deux ans, le transfert des constructions de machines agricoles à Fourchambault, celui des tracteurs en Italie ; puis le montage des chaînes des futures fabrications et la formation du personnel à ces nouvelles productions. Le premier moteur, le «X2000» (ou 8220) sort en mars 1975. Cette année-là naît le sigle I.V.E.C.O., groupe qui réunit technologies, capacités de production, vente et après-vente des Italiens (Fiat/Officina Mécanica/Lancia), Français (Unic-Fiat) et Allemand (Magirus-Deutz) avec vocation à produire des véhicules industriels. Entre 75 et 78, l'usine de Bourbon-Lancy produisit des chariots élévateurs,des engrenages et des moteurs ; à partir de 76, les commandes de moteurs décrurent ; fin 78, M. Berthier quitta la direction de l'usine et M. René Lecerf, chef du personnel, prit sa retraite.
M. Guy Petit, qui reprit le poste
de directeur, réorienta les stratégies et buts de l'entreprise
: «restructuration et polyvalence» et «se mettre
à l'heure de l'Europe». Des périodes successives de
chômage dit "technique" alternèrent avec des semaines
à temps de travail accru et le bilan de 79 fut positif. A
l'automne 80, des grèves en Italie coupèrent les
approvisionnements en pièces de l'usine de Bourbon-Lancy qui fut contrainte
à douze jours de chômage. La rentabilisation d'Iveco
passait inévitablement par une restructuration au niveau européen
; la production de chariots élévateurs fut transférée
en Italie, celle de Bourbon-Lancy étant constituée de
65% de moteurs et le reste en engrenages. Il y eut bien des fluctuations
dans l'activité de l'entreprise de Bourbon-Lancy, entre 81 et
84, la conjoncture internationale conditionnant les commandes
de moteurs, qui devenaient l'activité principale du site. Il y eut
encore des jours de chômage technique et des départs en
préretraites : il y avait 1572 employés en 1980
et 1163 en 1985. Le passage aux 39 heures hebdomadaires et le
droit à la cinquième semaine de congés payés
intervinrent en 1982 ; en mars, couronnement des efforts de
prévention et d'information auprès du personnel par le chef
de la sécurité, M. François Guyet, l'usine
reçut la "coupe de la sécurité".
La situation financière préoccupante
d'Unic S.A., dès 83, amena son principal actionnaire, Iveco, à
déclarer, début 84, par la voix de M. François
Marc, P.D.G. d'Iveco France, qu'il fallait «alléger les
structures».
Bourbon-Lancy dut son salut aux options prises par messieurs Marc et Petit, toutes tendant vers une modernisation tant de l'outil que de la technique de travail [et c'est toujours selon les techniques, alors innovantes, mises en place à ce moment-là qu'on y travaille aujourd'hui] :
Le 4 juillet 1987 eut lieu l'inauguration, en présence de 300 invités. Parmi eux : Cesare Romitti, président d'Iveco, administrateur de Fiat, et d'autres responsables italiens ; M. François Marc, P.D.G. d'Iveco France, et d'autres dirigeants du groupe, dont M. Guy Petit, artisan de la réorientation de l'entreprise ; il y avait aussi le préfet, le président du Conseil Régional, des Sénateurs, des Députés, le Maire de Bourbon-Lancy : M. Roger Luquet. C'était le début d'une ère nouvelle, la reconversion avait été totale et le but avoué en était de «gagner le combat des années 2000» ; 15 000 moteurs avaient été produits en 1986, 32 400 le furent en 1989.
En novembre 1989, M. Claude Chauveau prit la direction
de l'usine. M. Petit devint administrateur et participa au développement
industriel des années suivantes. Des incertitudes existèrent sur
le lieu de ce développement : Bourbon-Lancy ? Angleterre ? Sicile ?
Bourbon-Lancy fut choisi et son usine est aujourd'hui
un établissement pilote du groupe Iveco, une des plus modernes usines
d'Europe.
La production des modèles de moteurs haut de gamme se
fait dans une entreprise propre, qui respecte l'environnement par
le traitement des rejets d'huiles, émulsions et eaux usées.
La formation aux nouvelles technologies -avec possibilité d'accéder aux baccalauréats et B.T.S.- est assurée par l'école technique intégrée ; elle se fait dans des promotions annuelles de vingt recrues, par concours et sortant de la 3ème des collèges.
La vocation agricole de la région avait motivé la création de la forge pour assurer l'entretien des outils, l'industrie qui lui succéda est parfaitement intégrée à la vie de la région dont elle garantit le dynamisme. [les bâtiments et la grande cheminée, ornés de briques rouges, sont d'époque et les initiales du fondateur, Émile Puzenat sont toujours gravées en haut des piliers encadrant la grille d'entrée et inscrites sur cette grille]
LA
GUERRE DE 39-45 À BOURBON-LANCY
La
"drôle de guerre"
en septembre
1939, c'est la déclaration de guerre ; les hommes, mobilisés,
partent, remplacés à leurs postes de travail par des
femmes, paysannes pour la plupart.
L'entreprise
Puzenat débute l'usinage de fournitures pour l'armée.
Les bus étant réquisitionnés par l'armée, les trains
de voyageurs sont rétablis, entre Gilly/Loire et Cercy-la-Tour,
il en sera même ajouté.
Quelques
entreprises se "délocalisent", quittant leur région frontalière
ou plus exposée pour s'installer à Bourbon-Lancy : RENEKA,
de Strasbourg ; JAPY, de Paris...
Pendant une huitaine de mois, à Bourbon-Lancy, seule l'absence des mobilisés atteste de l'état de guerre et lorsqu'ils reviennent en permission, les échos qu'ils amènent sont divergents, à l'image des opinions des Français. Une partie des habitants de Bourbon-Lancy se range à l'opinion des gouvernants, voulant ignorer le désir de revanche de l'Allemagne et la montée du nazisme ; parmi les autres se trouvent de "grands optimistes", persuadés que la France serait très vite victorieuse si l'Allemagne attaquait ; il y a enfin quelques réalistes, qui s'inquiètent de la progression de l'idéologie nazie, raciste et des desseins conquérants de l'Allemagne, mais la censure, par des menaces d'emprisonnement, voue au silence toute personne n'abondant pas dans le sens du gouvernement : politiques, journalistes ou "simples citoyens" (les personnes qui furent ainsi emprisonnées furent livrées aux nazis Allemands et fusillées ).
L'occupation
allemande
L'armée
régulière allemande arrive au cours des trois jours suivants
: organisée, disciplinée, d'une correction apparemment
parfaite, exigée d'elle dans le cadre d'une stratégie
de "séduction" destinée à s'attirer la sympathie
de la population civile .
La
gare du Fourneau est occupée ; les appartements des cheminots
qui y logeaient ont été pillés par les réfugiés,
affamés puis dévastés pendant les jours de grande confusion
générés par l'invasion ennemie ; les Allemands sont maintenant
dans les lieux et la surveillance du trafic des trains leur permet
de détourner vers l'Allemagne tous trains contenant tabac,
conserves, vins et alcools fins, pièces automobiles, machines-outils
... : "prises de guerre".
La
convention d'armistice, signée le 22 juin 40 entre la France
et le Reich par le Gal Huntziger et le Cel-Gal
Keitel, prévoyait la démobilisation
des troupes françaises, leur désarmement, la remise des plans
de défense (étaient exemptées de désarmement les
forces de maintien de l'ordre intérieur et dans les colonies françaises).
La France est scindée en deux zones, le nord étant
occupé par le Reich Allemand « qui y exerce tous droits
de la puissance occupante
» et le sud qui reste sous
administration française et sera appelé "zone libre"
; la ligne de démarcation qui sépare les 2 zones
coupe la Saône-et-Loire en 2, sans respect de découpages
administratifs et d'une manière apparemment incohérente -certains
villages ayant une partie en zone libre et l'autre en zone occupée-
met, de fait, sous domination allemande toute la partie industrielle du
département ; Bourbon-Lancy se trouve donc en zone nord, ainsi
que Digoin, Paray-le-Monial, Montceau-les-Mines, Chalon... tandis que Charolles,
Semur-en-Brionnais, Mâcon... sont en zone libre.
Les mairies sont chargées de faire réaliser, en
délivrant des ordres d'exécution, les travaux, services...
que la Kommandantur ordonne ; cela divise la population, c'est le but
visé ! Les Allemands rappellent au quotidien aux autorités
civiles l'obligation qui leur est faite de réquisitionner pour
eux.
Pour satisfaire au goût des Allemands pour la musique, l'état-major fait donner en concerts des œuvres de Wagner, Mozart, Schubert, sur la place de l'Hôtel de Ville et dans le parc du Grand Hôtel ; la mairie est tenue de transmettre à la population des invitations à aller écouter la musique et voir les défilés militaires. Le culte du corps fait aussi partie de la personnalité allemande, on se "sculpte" par le sport à outrance ; le bassin relais entre la station thermale et l'hôpital est équipé d'un plongeoir de plus de 10 mètres [tout a été supprimé après la guerre].
Tandis que le gouvernement est replié à Bordeaux, les villes occupées doivent gérer les directives reçues dudit gouvernement et faire face à toutes les réquisitions de matériel, main-d'œuvre,... A Bourbon-Lancy, les Allemands exigent que soient parfaitement entretenus parcs et bâtiments réquisitionnés afin que leur cadre soit agréable, ils veulent aussi des femmes de ménage, que la mairie doit impérativement embaucher. En juillet 40, les Allemands occupent l'école de filles et tentent de faire expulser de leur appartement les institutrices dont les époux sont prisonniers de guerre. L'école de garçons et le Cours Complémentaire sont transférés dans les locaux du Cercle St-Louis et les salles de la rue Pingré tandis que les filles sont installées dans des baraquements, dans les jardins de l'hôpital d'Aligre.
Sur ordre du Ministre de l'Instruction Publique, les enseignants sont tenus de faire apprendre aux élèves un hymne à la gloire du Maréchal Pétain mais à Bourbon-Lancy, très peu obtempèrent, de même pour l'obligation faite d'afficher dans chaque classe un grand portrait du Maréchal. Les enseignants tentent aussi de soustraire leurs classes à l'obligation de la "chasse aux doryphores" (que la disparition de produits à base de cuivre empêche de combattre) ; sur le chemin des champs, il est requis de faire chanter des marches en l'honneur du nouveau Régime ; s'ils ne peuvent éviter de traquer les doryphores, les trajets se font en silence et sans ardeur. Les opinions des enseignants sont surveillées.
Bien des obligations ne peuvent être ni contrées, ni contournées ; ainsi, il faut :
Les cheminots s'organisent pour aider les soldats français à échapper aux Allemands ; souvent, ils se cachent dans les wagons vides ou de marchandises afin de gagner la zone libre ; un stock de vieux vêtements est destiné à pourvoir ceux qui n'ont pas de quoi avoir l'air de "civils" ou d'employés des chemins de fer ; ils les dirigent vers leurs collègues de Gilly/Loire et tâchent de leur faire éviter Paray-le-Monial, sous haute surveillance de la Police Allemande.
Le couvre-feu est instauré très rapidement après l'occupation de la ville.
En février 41, l'État Français met fin à la laïcité républicaine de l'École Publique : l'instruction religieuse y est autorisée ; par contre, on y proscrit les cours d'Instruction Civique et d'Histoire.
En mai 41, le gouvernement de Vichy décrète l'abolition de la célébration de la Fête du Travail, il en sera ainsi durant toute l'occupation ; la "journée de la Mère Française" est instituée, une habitante de Bourbon-Lancy, mère de cinq enfants, est dans les journaux, reçoit la médaille de bronze de la famille française.
Naissance
d'une résistance, quelques-uns des femmes et des hommes qui la firent
:
Dès
1940, une employée des PTT, Mlle Dubois, met à profit
le fait que nombre d'informations passent par le téléphone
ou le courrier et intercepte des échanges allemands, qu'elle communique
à ceux qui sont concernés. Mutée à Autun, elle
s'y marie, devenant Mme Latry et elle poursuit son activité,
renseignant les différents réseaux qui existent déjà.
M. Latry était, en 39-40, officier-interprète auprès
de l'armée britannique. Il aide des Français à passer
en Angleterre, en sauve d'autres qui se trouvent dans des hôpitaux
belges. Il rejoint les Forces Françaises Libres à
l'Appel du Général De Gaulle puis revient en France, fin
1940, pour renseigner les Anglais sur ce qui se passe dans la zone
formée par la Saône-et-Loire, l'Ain et la Côte d'Or.
Marc Odin est bourbonnien, engagé volontaire dans la Marine
; il est à Londres en juin 1940 et c'est le 20 qu'il lit le texte
de l'Appel du 18 du Général De Gaulle ; il le rejoint et est
l'un des 400 premiers membres des Forces Navales Françaises Libres,
commandées par l'amiral Muselier.
René Moreau est né à Bourbon-Lancy
; il a assisté à l'arrivée de la Wehrmacht dans la ville
le 17 juin 40. "Conscrit" de Marc Odin, il eut pour enseignant en
cours complémentaire, en sport et éducation physique, M.
Gauthey, qui fut un des premiers tués de cette guerre.
L'Allemagne
perd de l'avance sur le terrain ; propagande et collaboration se voient opposer
de plus en plus de résistance :
Au fil des diverses actions, se forment des groupes,
naissent des réseaux qui aident aux évasions, donnent
des renseignements susceptibles d'amoindrir les forces allemandes et souvent
font les deux. La Saône-et-Loire étant coupée
en deux, dès l'été 40 il y eut des passeurs
qui aidèrent des prisonniers de guerre à s'évader puis
à faire sortir de la zone occupée et agirent en liaison avec
d'autres réseaux dont des belges. C'est l'exaspération
face aux exactions allemandes qui pousse les Français
à couper le téléphone de la Wehrmacht, détruire
ses garages, saboter les voies ferroviaires par lesquelles partent en Allemagne
les produits de luxe ou les armements... à résister.
Le 22 juin 1941, l'U.R.S.S. est attaquée par l'Allemagne
et nombre de Français réalisent que si les Allemands en sortent
vainqueurs, ils deviendront les Maîtres du Monde ; le désir de
voir les Soviétiques résister et vaincre gagne la population
qui, dorénavant, se soucie de moins en moins du régime communiste
de l'U.R.S.S., souhaitant simplement voir l'occupant enfin vaincu
et sachant que l'Angleterre, qui résiste courageusement aux bombardements
intensifs, ne pourra, à elle seule, libérer la France.
Mais les chefs collaborationnistes sont actifs et dès
juillet, créent la Légion Anti-Bolchevique.
En juillet 41, le Docteur Cégel est contraint de fuir
Bourbon-Lancy et de se cacher car, dénoncé comme juif
par Mathis, il risquait déportation et extermination ; le même
Mathis désignera aussi publiquement comme "juive et gaulliste
de surcroît", l'épouse du docteur Pain quant au tailleur,
M.Nakache, sa famille dut arborer l'étoile jaune, il
n'eut pratiquement plus de travail et fut arrêté en août
42 par le gendarme en chef Perrot qui en l'occurrence fit preuve de zèle
car la Feldgendarmerie n'avait encore rien demandé ; il fut interné
à Drancy puis Aurigny (île de l'archipel anglo-normand
où les Allemands commencèrent, en 41, par déporter
des Russes puis, en 42, des républicains espagnols et qui devint camp
de juifs à partir d'août 43). Le Dr Cégel et son épouse
furent aidés par les membres du maquis de Marcigny, un peu aussi
par des employés de la mairie de Bourbon-Lancy mais pendant trois longues
années, Mme Cégel et son enfant (né en 36) durent supporter
les surveillances des Allemands et des collaborateurs en quête de renseignements
sur le refuge du médecin (qui ne put rentrer chez lui qu'en 44).
Le 2 août 41,
Pétain décide la suspension de l'activité des partis
politiques, en zone libre... tandis que les Allemands encouragent la
reconstitution des partis d'extrême droite dissous avant la guerre.
Le plus important était le Parti Populaire Français (P.P.F.)
de Jacques Doriot qui organisait des séances de propagande engageant
à collaborer avec l'Allemagne ;
la Résistance tâchait d'entraver l'organisation des réunions
par des attentats répétés dans ses locaux.
Louis Mathis, pharmacien de Bourbon-Lancy,
était le chef en zone occupée de la Saône-et-Loire,
du Mouvement Social Révolutionnaire
(M.S.R.), le plus actif des partis collaborationnistes et qui s'affirmait
«National
Populaire, raciste, autoritaire» ; il ne recula
devant aucun moyen pour tenter de recueillir des adhésions à
son parti, sans grand succès. Fin 42, il fit paraître,
dans l'hebdomadaire «l'Appel»,
des articles accusant Jean Fabre, receveur de l'Enregistrement, d'être
communiste ; il fut donc emprisonné,
la gendarmerie locale interrogea René Moreau et Etienne Lamy comme
témoins mais ce fut l'intervention du maire, Henri Turlier, qui permit
de le faire libérer. La "chasse aux communistes",
ouverte par les nazis, aidés du gouvernement de Vichy, de ses sympathisants
plus ou moins collaborateurs et des autorités françaises, rattrapa
M. Forêt, qui accueillait en son bar des "Forges" des
réunions politiques et syndicales, ainsi que Messieurs Antonietti,
de St-Aubin, Lucien Prost, Jean Dauvergne et Michel-Henri
Rouvet, de Cronat ; eux aussi ne furent relâchés que sur
l'intervention du sénateur-maire Henri Turlier, ce qui eut
pour conséquence la publication par Mathis, dans
«Le
Pilori», autre journal
de son parti, d'accusations de sympathies communistes... toutes
calomnies visant à le faire déchoir du poste de maire
que Mathis convoitait mais la population n'y fit aucun écho.
A côté de cette attitude de soutien résolu à
ses concitoyens emprisonnés par la gendarmerie française
ou la Gestapo, Henri Turlier a parfois dû céder à la
pression indéniablement subie par toutes les personnes investies
d'une autorité et administrativement dépendantes du Gouvernement
de Vichy ; ainsi, lorsqu'il condamna officiellement, après
une distribution massive de tracts, la diffusion de propos hostiles à
l'Occupant et au Gouvernement Pétain ; ou le relais de l'exigence
allemande que Mme Cégel enlève la plaque professionnelle
de son époux médecin, en fuite car poursuivi comme juif
; ou encore les menaces faites aux jeunes résistants qui avaient
provoqué un chahut et tourné en dérision des actualités
allemandes, de les livrer aux autorités (fin 1942, au cinéma
"Le Majestic", pendant la diffusion du «journal
cinématographique», diffusé avant
le film à l'affiche, les jeunes usèrent de poudre à éternuer,
boules puantes et autre poil à gratter, déclenchant pagaille
générale et hilarité dans le cinéma bondé,
ponctuant la propagande nazie de rires et quolibets ; les Allemands et leurs
partisans présents -dont le couple Mathis- furent outrés et
protestèrent ; les actualités furent dès lors diffusées
dans la salle éclairée afin de surveiller les éventuels
fauteurs de troubles). Par ailleurs et à plusieurs reprises, Mathis
et J. Loup le dénoncèrent aux autorités
comme faisant preuve de «[complaisance voire
encourageant les actes de résistance des terroristes et des réfractaires]»
à l'encontre des Allemands.
Une loi du 30 janvier 43 créa la Milice Française avec
Pierre Laval et Joseph Darnand pour président et secrétaire
général ; la Milice officielle de Vichy opérait en zone
sud et en zone nord, les Allemands encouragèrent et armèrent
les milices locales issues de partis collaborationnistes, chacun
des membres étant muni d'un Ausweiss et d'un revolver
; cette organisation leur fournit nombre de renseignements sur la Résistance
et les divers activistes politiques ainsi que des hommes de main prêts
à tout. La Milice de la zone nord de la Saône-et-Loire
était implantée à Bourbon-Lancy, Mathis
en étant le chef. L'exécution de ce personnage dangereux
fut décidée par la Résistance ; un soir, à
la sortie du cinéma de Bourbon-Lancy, qu'il fréquentait régulièrement
avec sa femme, il fut mis en joue... puis l'arme s'enraya et la seconde
tentative, qui suivit immédiatement, connut le même insuccès.
Son "bras droit", Jean Loup, agent de renseignement des Allemands
qui initia, par ses dénonciations, des rafles de nombreux ouvriers
de la filiale de l'usine Puzenat à Dompierre/Besbre, fut, par contre,
exécuté, plus tard.
En été 43, Laval montre enfin son vrai
visage dans un discours où il dit souhaiter la victoire de l'Allemagne
; en novembre, de nombreux Allemands motorisés, bien équipés
et armés arrivent en gare du Fourneau, les Allemands occupent la
"zone libre" et le gouvernement français les laisse faire
!
Conséquence directe
de l'offensive allemande en U.R.S.S., le nombre des militaires en occupation
est très réduit, beaucoup étant envoyés
se battre sur le front russe. Si, en partant, certains soldats allemands
affirment qu'ils reviendront
rapidement, vainqueurs, ayant gagné le bonheur et l'abondance promis
par leur "Führer", d'autres, dès l'annonce de l'engagement à
l'Est, pressentent la fin des victoires allemandes.
Effectivement, la soi-disant guerre-éclair ne franchit
pas le Front Russe et au bout de 2 à 3 mois, la fringante armée
allemande est accueillie en grand secret, de nuit, descendant de trains bâchés
et clos afin de masquer aux populations occupées l'état des
soldats allemands qui reviennent, épuisés, sales et avec
très peu de matériel militaire ; la France sert
de lieu de repos aux soldats du Reich blessés ou très
fatigués ; un sous-officier d'un contingent hébergé
au château Sarrien parle aux électriciens venus faire des
travaux et explique la résistance des Russes, la supériorité
d'une arme russe sur les leurs, les blessures... mais affirme que l'Allemagne
vaincra. A l'automne 41, les wagons arrivent de plus en plus souvent marqués
à la craie d'inscriptions vantant De Gaulle, l'Armée Rouge…
signes d'un vœu de plus en plus répandu de résistance à
l'Allemagne ; le slogan "Vive l'Amérique" apparaît à
partir de décembre, les U.S.A. venant de s'engager
dans la guerre.
Les fronts multiples sur lesquels s'est lancée
l'Allemagne ont vidé les usines allemandes de leurs ouvriers
; la «
Relève » en est la résultante,
"proposition" de rendre un prisonnier français contre trois
travailleurs acceptant d'aller en Allemagne ; l'échec de cette politique
prévalut à la création du Service de Travail Obligatoire,
le S.T.O. ; l'ordonnance Sauckel, d'août 42, ordonne,
dans toute la zone occupée, «
la mobilisation
de toute la main-d'uvre masculine et féminine et le recensement
de toute la population de 18 à 55 ans ». Nombre d'employés
de l'usine Puzenat, comme ailleurs, refusèrent de partir
; bien des résistants commencèrent simplement par
être réfractaires au S.T.O., se cachèrent pour ne
pas partir puis, ayant pris le maquis, ressortirent des armes trouvées
lors de l'exode puis cachèrent des gens recherchés, en aidèrent
à passer en zone libre, sabotèrent des transports à destination
de l'Allemagne et devinrent unités de combat... Heureusement,
il y eut des gendarmes moins "zélés" que d'autres
et qui s'arrangèrent, en se rendant à leur domicile, pour ne
pas prendre par surprise ceux qui n'avaient pas répondu à l'appel.
Dans les campagnes on soignait et récupérait des blessés,
on réceptionnait du ravitaillement et des matériels divers issus
de largages et bien des réunions de commerçants et artisans
avaient des objectifs clandestins ; néanmoins, malgré de
nombreux parachutages sur la Saône-et-Loire, l'armement dont
disposaient les organisations locales était restreint.
Le mouvement résistant "Combat" regroupait
des résistants issus de milieux catholiques, d'employés
des P.T.T. puis de toutes autres origines idéologiques et
professionnelles (à l'exception du mouvement communiste, qui s'était
organisé séparément) ; René Sotty
prit contact en son nom avec René Moreau, en novembre
1942 ; Barthélémy Boulot, Jean Fabre
et Étienne
Lamy en furent aussi. Pendant
deux ans, la Résistance s'organisa lentement, regroupant
dans la lutte contre le Reich hommes et femmes de toutes appartenances
sociales et politiques. Les jeunes camarades qui avaient manifesté
leur patriotisme lors de l'épisode de l'église de Gilly/Loire,
en mai 41, se retrouvent au Parc Thermal pour discuter loin des écoutes
indiscrètes, envisageant d'imiter les actes des Résistants.
Sans nouvelles de ceux qui, l'année précédente, ont tenté
de rejoindre les Forces Françaises Libres, la douzaine de jeunes
de Bourbon-Lancy décide, en août 42, de se
constituer en groupe de résistance qu'ils nomment "Jeunesse
Libératrice de France"(J.L.F.) ; ils s'efforcent à
la prudence pour leurs rencontres, se fixent des objectifs (impression
de tracts, leur collage), collectent des renseignements (les
cheminots signalant les trains "intéressants" à saboter,
les voies ferrées, les ponts à détruire), se convainquent
que les petits sabotages peuvent gêner l'ennemi et écoutent,
malgré les brouillages opérés par les Allemands, autant
"Radio Moscou" que "Radio Londres", pour y collecter des
"recettes" de sabotages de wagons et voies ; ils surveillent aussi
les personnes de Bourbon-Lancy collaborant avec les Allemands. Pannetier
ne pourra, peu après, se soustraire au S.T.O.; ils restent à
12 copains, amis, amis d'amis... décidés à agir pour
qu'arrive vite la Libération : Philibert André,
Pierre Bouiller, François Durand, Auguste
Moreau, Chaumat, France Peschl, Lucien
Porterat, André Rémondin, Maurice
Rançon, André Rey, Georges Thévenet,
Marcel Turpin.
A la recherche de nouveaux membres de renfort, la jeune organisation
résistante prend contact avec Henri James, qui
a des activités syndicales et politiques et les met en relation avec
un chauffeur de locomotives de Paray-le-Monial, Raymond Langlois,
communiste, Résistant de la première heure, et qui
assiste le mouvement naissant dans sa
construction et le met en contact avec le "Front National de lutte
pour la liberté et l'indépendance de la France", mouvement
de Résistance qui a pour organisation combattante les Francs Tireurs
et Partisans Français (F.T.P. ou F.T.P.F.) ; les jeunes doivent
se réorganiser plus prudemment et créer un mouvement
"adultes" en parallèle avec le leur, Henri James
en prend la direction, Marcel Barbot (surnommé "Jules")
arrive à Bourbon-Lancy ; Marcel Turpin, dont les parents
habitent Nevers, a déjà des contacts avec des résistants
organisés en "l'Armée secrète" (A.S.),
il a aussi des contacts à Beaulon (Allier) et peut donc assurer
la liaison entre les groupes.
Une trentaine de personnes sont "à pied d'uvre
résistante" début 1943. Ils reçoivent
désormais les tracts de la Résistance et la Presse,
qu'ils doivent diffuser nuitamment le plus souvent, se défiant
des patrouilles allemandes, de tous les gens dont ils ignorent les sympathies
et du Gendarme en Chef Perrot, très docile aux directives de Vichy
et de l'occupant.
La Résistance, sa
répression : emprisonnements, torture, déportations, exécutions.
Après plus d'un an d'absence, Jean
Berger et Georges Cantat reviennent
à Boubon-Lancy, fin novembre 43, pour se joindre au mouvement de
Résistance dont ils ont appris l'existence ; ils n'ont jamais atteint
l'Angleterre ; invités, peu après leur passage en zone sud,
à s'engager dans l'Infanterie, ils l'ont fait... à l'époque
où Pétain a désarmé les soldats, ils n'ont donc
pu lutter.
En 1943, les actions de sabotage s'intensifient et se diversifient, les acteurs en sont mieux organisés ; la règle du décloisonnement est respectée afin de garantir au mieux la sécurité de tous en cas de surveillance ou d'arrestation d'un des membres.
Dans le courant de l'été fut
créé le maquis "Lucien Sampaix"[du nom d'un
secrétaire général du journal "l'Humanité",
interné en 40 et fusillé à Caen, en 41] ; cela s'imposait
du fait que de nombreux jeunes, dont certains qui n'avaient pas répondu
aux réquisitions du S.T.O., réclamaient à participer
à la lutte pour recouvrer la liberté en leur pays. Cela
requit une lourde organisation car il fallait songer à la discrétion
de l'hébergement, au ravitaillement -que la délivrance contre
tickets de rationnement rendait très compliqué-, à l'habillement,
à l'hygiène, à l'armement ; le "Père"
James (dit "Père 36") fut chargé de trouver
l'emplacement où le groupe puisse vivre, être
assez proche de ses divers objectifs et ne pas être repéré
; la forêt de Maringes fournit cet endroit où "Père
36", Pierre Bouiller, Marcel Drives,
Marcel Durand, France Peschl, André
Rey et André Torino se rendirent, en novembre
43, pour construire l'abri provisoire des maquisards, en attendant
leur intégration au mouvement départemental ;
un point d'eau était proche, le ravitaillement fourni par des fermiers
sympathisants des alentours et les "visites" de jeunes de Bourbon-Lancy,
envoyés par Henri James, la coiffeuse de Saint-Denis, Mme Porte
et le groupe de femmes résistantes qu'elle
dirigeait
collectèrent pour eux les produits d'hygiène, Henri James
fournit des armes récupérées lors de la débâcle
de 40 et l'état major des Francs Tireurs et
Partisans Français compléta l'armement, il fournit
aussi l'habillement ; ce 3ème maquis local,
qui avait Pierre Bouiller (maréchal-ferrant de métier)
pour chef, s'organisa rapidement quasi militairement :
tours de garde pour le guet, formation au maniement des armes, mise au point
des "raids" de sabotage ou d'embuscades contre des convois ennemis...
Les 2 autres maquis proches sont, d'une part, celui de l'Allier, installé
début 43 en forêt de Germigny, et d'autre part, celui
du "Clapet", à Mont, sur les terres d'un gaulliste
convaincu, pionnier de "Combat", que les gendarmes allemands avaient
arrêté puis relâché, en 42, Maître Etienne
Pierre, notaire à Bourbon-Lancy ; ce maquis ne comprend que
2 membres, Jean Berger et François Rosnet
(dit "Belotte").
Maquisards et résidents de la ville mettent sur pied des interventions
conjointes, s'entraident ; des jeunes de Bourbon reçoivent ou vont
chercher des tracts, des journaux et les portent aux maquisards
pour qu'ils les distribuent, leur adressent des patriotes qui ont besoin d'être
cachés, pilotés vers d'autres maquis... Les sabotages
se font souvent contre des trains ; pendant l'été, André
Rey se trouve par hasard en présence d'un canon récemment fabriqué
au Creusot et acheminé par rail vers le nord de l'Allemagne ; il endommage
autant qu'il le peut les organes de commande de l'engin. Avec plusieurs collègues
cheminots, ils changent l'étiquetage de wagons de marchandises destinées
à l'occupant, sabotent les roulements des essieux avec de la limaille
de fer, entaillent les boyaux des systèmes de freins... En compagnie
de Jacques Duchassin (dit "Jabouine"), ils
mettent à profit l'immobilisation, faute de locomotive, d'un train
de véhicules fabriqués aux usines Puzenat et destinés
à l'armée allemande ; en plusieurs jours, ils le saboteront
totalement ; ils répéteront cela, avec Maurice Rançon,
sur un train de herses Puzenat, destinées à des aérodromes
allemands et de région parisienne. Il y aura aussi des attaques
vers le Canal du Centre où transitent les transports de charbon
vers l'Allemagne.
En septembre 1943, la commémoration de la bataille
de Valmy donne
lieu à l'impression en très grande quantité de tracts
particulièrement "soignés";
151ans plus tôt,
le 20 septembre, à Valmy, les Français avaient repoussé
Prussiens et Autrichiens, le nom de cette bataille est donc devenu
symbole de la lutte et la résistance pour la liberté et l'indépendance
de la France. France Peschl alla à Montceau-les-Mines, où
une grosse valise pleine de tracts lui fut remise pour approvisionnement des
groupes et distribution ; l'impact sur la population en fut notable, nombre
de personnes jusqu'alors indécises décidèrent
de participer aux actions de résistance à l'occupant.
Avertis par les paysans de battues allemandes, sans doute destinées
à débusquer les maquisards,
les Résistants s'efforcent à la prudence ; ils décident,
par ailleurs, que le milicien Jean Loup, garde du corps de
Mathis et dangereux
pour tous, espionnant, dénonçant...
doit être exécuté ; il
le sera le 23 octobre 43, abattu à Bourbon-Lancy par le maquisard
Maurice Collin.
Fin 43, à Bourbon-Lancy et aux alentours,
une quarantaine de jeunes gens et un groupe conséquent de jeunes
filles qui rendent des services ponctuels comme la confection de brassards
FTPF, la transmission de renseignements... agissent ou sont prêts à
le faire. Émilienne Theveniaud
fait partie des filles qui se sont discrètement jointes à l'action
des résistants ; standardiste à l'usine Puzenat de Bourbon-Lancy,
elle avait assisté
à des rafles
allemandes,
dans le cadre du STO, qui emmenèrent
des ouvriers figurant sur des listes -dont la source resta inconnue- ; entre
autres, des footballeurs de l'U.S.B.,Guitton, Maurice Frizot... qui après
environ une année de travail en Allemagne, mirent à profit une
permission pour revenir se cacher chez les leurs ou prendre le maquis. Après
cela, Émilienne fut chargée de prévenir les ateliers
lorsque le concierge lui annonçait l'approche de véhicules allemands.
Les communes voisines de Cressy/Somme,
Maltat, Chalmoux, Lesme... créent des groupes de résistance,
la bicyclette est le moyen de transport de prédilection. Tous ont espéré
le débarquement allié tout au long de 1943 et débutent
1944 avec le même vu.
Saint-Aubin/Loire connut
bien des arrestations, des gens torturés, internés puis déportés
; une femme du village était collaboratrice, fréquentait
les soldats allemands qu'elle renseignait. Résistant depuis
l'âge de 15 ans, Pierre Héry fut désigné
pour exécuter la traître ; il l'abattit en gare de Gilly/Loire,
un dimanche soir de décembre 43 ; elle fut évacuée
par les Allemands, blessée et ne reparut plus. Le maquis Louis
était dans les bois proches, des Anglais le dirigeaient, un
prêtre de Bourbon-Lancy, l'abbé Sarret, participa,
entre autres, au déplacement du groupe vers un maquis proche de
la Nièvre où ils reçurent un entraînement,
l'aide logistique et financière des Anglais par l'intermédiaire
de parachutages et purent lutter pour affaiblir l'occupant (embuscades...).
Le Feldgendarme Otto était tristement célèbre
dans toute la région ; nombre de personnes avaient été
arrêtées par ses soins ; la prison était
un ancien hôtel, réquisitionné, de Paray-le-Monial
et dont les chambres avaient été transformées
en cellules pour une dizaine de personnes.
Fin 1943, début 1944, les parachutages étaient nombreux
sur la région, l'armement reçu était néanmoins
restreint ; les arrestations étaient nombreuses aussi, souvent
consécutives à des dénonciations, Milice et Collaborateurs
renseignant efficacement la Gestapo.
Le 12 janvier 44, Henri James rencontre deux responsables
départementaux de la Résistance qui viennent prendre contact
avec le maquis de Bourbon-Lancy. Fernand Perret est
cheminot, de Montchanin et connaît Henri James, il devra l'identifier
pour Georges Bonjour (dit "Lieutenant Xavier"),
de Chalon et adjoint du responsable régional des F.T.P.F. Ils prennent
au passage, à Montceau-les-Mines, des armes, des munitions,
des tracts et du ravitaillement. Ils resteront passer la
nuit au maquis de Maringes, qui compte alors 7 personnes ; son
déplacement vers un endroit trouvé par Pierre Bouiller
est imminent. Henri James rentre chez lui et pendant la soirée,
rencontre son
voisin France Peschl, il n'est
pas inquiet. Mais dans
la nuit du 12 au 13 janvier, il
est arrêté par le Feldgendarme Otto et
ses hommes.
Cependant, au maquis de Maringes, le 13 janvier à 6
heures, alors qu'ils attendaient qu'un de leurs camarades ramène
du lait d'une ferme proche, maquisards
et résistants sont
attaqués par
les Allemands, interrogés violemment puis transportés,
le 14, à la Feldgendarmerie, à Paray-le-Monial
où ils seront à nouveau et plus encore torturés
avant d'être transférés à la Gestapo de Chalon/Saône.
Fin janvier, à la faveur d'un transfert de cellule, "Lt
Xavier", Maître
Pierre,
Francis Parent (
résistant de "Combat"),
René Sotty (libraire à Bourbon-Lancy),
Pierre Bouiller, Fernand
Perret et Henri James sont rassemblés ; F.
Perret et H. James ont été torturés d'horrible
façon. Mi-février, F. Perret est déporté
à Dora [se situe maintenant en Slovaquie]
et P. Bouiller et H. James sont fusillés. R.
Sotty,
accusé d'être responsable d'un groupe terroriste, d'inciter à
l'agitation, de fabriquer des faux papiers pour la mairie de Bourbon-Lancy,
de diriger un réseau de renseignements...
est jugé le 16/2 puis mis en cellule à la prison de Dijon
et fusillé le 23 février 1944. "Lt Xavier",
transféré au camp de Royallieu -près de Compiègne-,
le 29 février 44, y retrouve des Résistants de Bourbon-Lancy
; le 6 avril, Marcel Durand, André Torino,
Maître Pierre, Henri Gonnet, Raymond Pommier, Francis
Parent, Reitzer, Marcel Drives et Georges Bonjour
font partie d'un convoi qui les emmène au camp de concentration
de Mathausen où ils sont affectés à des commandos
de travail : "Gusen" et "Melk"
; six d'entre eux y moururent, M. Durand succomba aux suites du calvaire subi
là-bas, seuls Reitzer et G. Bonjour survécurent.
L'investissement par les Allemands, dès l'aube du 13 janvier,
des bois de Maringes et des fermes des environs ne fut
pas le fruit d'un hasard favorable à l'occupant ; trop de personnes
importantes, de points névralgiques furent directement atteints ; ainsi,
à la ferme Danon logeait le Résistant Maurice
Collin, -exécuteur du collaborateur J. Loup- qui venait de ramener
du matériel de sabotage ; il en livrait une partie à la Résistance
lorsque les Allemands vinrent le chercher, ils ne le trouvèrent pas
; les Danon cachèrent du matériel et retardèrent
les Allemands,
ceux-ci allèrent dans les fermes voisines et, par la torture,
contraignirent
Henri Gonnet, caché
là car réfractaire au S.T.O.,
à les mener au maquis voisin,
où ils arrêtèrent tout le monde.
Les jeunes Résistants de Bourbon-Lancy (Rey, Peschl...),
dès la nouvelle des arrestations, appliquèrent la consigne de
sécurité en faisant passer l'ordre de dispersion
immédiate hors de la ville.
Marcel Turpin était parti depuis plusieurs jours, pour rejoindre
un maquis de la Nièvre mais les Allemands l'avaient anéanti
; ignorant tout des évènements locaux, il revient à
Bourbon-Lancy ; informé par
ses camarades, il se dirige vers la région parisienne où
il a de la famille et confie à Emilienne Theveniaud,
voisine de ses Grands-Parents et sympathisante de la Résistance,
son révolver et des tracts, qu'elle cache ; les Allemands interrogeront
sans ménagement le couple âgé, fouilleront toute leur
maison, sans rien trouver. A Paris, M. Turpin se voit confier
une mission de résistance qui l'envoie à Cosne/Loire
; il y sera arrêté et sera fusillé le 26 mai
44, à Nevers.
André Rey est caché par diverses familles
de cheminots, entre Bourbon-Lancy et Moulins ; il prend peu
après contact avec les maquis d'Auvergne, qu'il rejoint,
poursuivant avec eux toutes actions de sabotage contre l'occupant.
Le 20 janvier, la Gestapo se rendra chez lui, à "La Chaumière",
pour l'arrêter et en son absence, emmènera son père
; celui-ci, résistant du réseau "adultes", ne se verra
rien reprocher par les Allemands, ses collègues emprisonnés
et torturés n'ayant rien révélé ; il sera libéré.
France Peschl apprend du Père James l'investissement
par les Allemands des bois de Maringes, les arrestations
du maquis et de ses camarades ; il trouve refuge chez
ses parents, à Paris mais trop inquiet pour ses amis dont
il ignore le sort, il revient à Bourbon-Lancy, juste
pour apprendre que les Allemands les recherchent, Rey, Turpin et lui ; il
est alors caché à Cressy/Somme jusqu'à ce que
des résistants l'envoient aux alentours de Grenoble ; il entrera
en contact avec la résistance locale en juillet 44, au bataillon
de Francs Tireurs et Partisans Français "Belledonne"
(puis dans la 27ème division alpine, qui participera à la libération
du nord de l'Italie et à l'occupation de l'Autriche).
René Bricheteau, fuyant "la Relève"
vint se réfugier à
Bourbon-Lancy chez ses cousins Tessier,
fin 1942
; il se joint, dans les forêts voisines, au bûcheronnage
avec d'autres réfractaires au S.T.O.et rejoint dans les groupes
résistants F.N. et F.T.P.F., En juin 43, Pierre
Bernigaud, Lucien Prost, Rebillard, Bernard
et Henri James, responsable régional ; Marcel
Barbot (alias "Julien"),
Pierre
Bernigaud (alias "Latrasse"), Lucien Prost
(alias "Benoît")
rejoignent l'état major régional pour la zone nord de Saône-&-Loire
entre août et novembre 43. L'arrestation, en janvier 44, d'H. James
et du maquis L. Sampaix décima la Résistance de Bourbon-Lancy
; René Bricheteau (alias "Guy")
prit la tête du F.N. comme des F.T.P.F., établit
des contacts avec les F.T.P. "Georges" et "Michel",
assurant les liaisons, participant à leurs actions, convois,
renseignements ; il était aussi chargé de la surveillance de
Mathis. Avec le groupe Michel -qui subit de très lourdes pertes- et
le Bataillon Valmy, il participa à la libération d'Autun.
Benoît Verdenet était mineur à Chalmoux ; fait prisonnier en juin 40 et ayant été apprenti boucher dans sa jeunesse, il exerça dans une boucherie allemande jusqu'à sa démobilisation, en décembre 41, il retournera à la mine jusqu'à ce qu'il soit emmené d'office pour le S.T.O.: il saute du train et entre dans la clandestinité, vivant en forêt, fréquentant plusieurs maquis ; A. Lobrot le présente au Régiment Valmy où il entre, mi-aôut, dans la 2ème compagnie du 5ème Bataillon avec laquelle, sous le commandement du Lieutenant Georges, il prend part,comme son camarade, à la libération d'Autun.
La communauté polonaise de Bourbon-Lancy était principalement regroupée aux "Forges", dans les logements sommaires alloués par l'usine Puzenat, leur employeur ; nombre d'entre eux s'organisèrent au sein d'un mouvement de Résistance créé dès l'occupation allemande de la Pologne, en 1939, "l'Organisation Polonaise à la lutte pour l'Indépendance en France, Belgique et Hollande - groupe sud". En septembre 1943, Richard Oberbek, Antoine et Louis Stanio, Ceslas Woyciechowski (dit "Wojet"), Henri et Victor Karniewicz, Victor Tymkiewicz, Roman Sakson et un 9ème résistant [dont le nom manque] prirent contact avec le groupe de Montceau-les-Mines ; leurs actions consistèrent souvent, aidés par un nommé Gouriano, originaire de Russie, à libérer puis faire évader des soldats polonais, russes, ukrainiens enrôlés de force dans l'armée allemande. R. Oberbek recevait aussi des tracts qui étaient distribués à la communauté polonaise ; ses Résistants se tenaient prêts à apporter leur appui aux groupes qui combattaient.
La Libération :
Nombre de Résistants n'avaient pu échapper aux arrestations
et exécutions et certains avaient rejoint d'autres maquis ; il ne restait,
dans la zone de Bourbon-Lancy, que les volontaires de la 2ème
compagnie du 5 ème bataillon F.T.P.F. du régiment Valmy.
Depuis 2 semaines, Allemands et collaborateurs quittaient la ville ;
en camions, voitures militaires puis tous véhicules -souvent volés
aux bourbonniens-, tout ce qui pouvait porter et transporter troupes, blessés,
miliciens armés, matériel... était mis à contribution
pour leur retraite ; le 4 septembre, des soldats de l'Afrika-Korps
qui passaient en convoi, tuèrent deux cantonniers de Bourbon-Lancy,
Mrs Dumont et Leclerc, pour leur prendre leur vélo. Depuis
le soir du 3 et jusqu'au 6 septembre, retentirent de lointaines explosions,
des canonnades ; la poudrerie, l'atelier de chargement de Moulins,
le pont de chemin de fer de Gilly/Loire furent détruits.
Les habitants de Bourbon-Lancy et des communes voisines
se préparaient à fêter la fin de l'occupation ennemie
et des brimades ; des cocardes bleu-blanc-rouge
étaient partout confectionnées, à tel point que les merceries
manquaient de rubans colorés, on en peignit ; les Résistants avaient
enfin des admirateurs et des volontaires pour leur apporter assistance, des
poèmes et chansons étaient écrits... on savait la Libération
proche.
L'après-midi du 7 septembre 1944, arrivèrent, par Chalmoux,
les libérateurs, les volontaires de la 2ème compagnie
du 5 ème bataillon F.T.P.F. du régiment Valmy qui, place
de la République, opérèrent la jonction avec les
F.F.I. du Commandant Renaud, des maquis d'Auvergne, arrivés
par Gilly /Loire et St-Aubin, après avoir franchi la Loire par passerelle,
les ponts étant coupés entre Diou et Gilly. La foule en liesse
applaudissait, les maisons étaient pavoisées des drapeaux
des nations alliées alors qu'une croix gammée avait été
posée au balcon de la pharmacie Mathis, où on accrocha 3 caricatures
de pendus : Hitler, Louis Mathis et sa femme, Suzanne. Un défilé
parcourut la ville, il y eut bal au Casino.
Mais la paix et la sérénité
n'étaient pas encore définitivement revenues ; des fractions
de troupes allemandes n'avaient pas renoncé à se battre,
détruire, tenter de soumettre la France ; les Résistants poursuivaient
surveillance et lutte ; ils eurent ordre, les 9 et 10 septembre,
de miner les ponts de la région : Gannay/Loire, Decize, Mornay/Allier,
Moulins, Bourbon-Lancy et de déclencher les explosions si l'ennemi
arrivait, il n'eurent pas à le faire ; la ville n'eut pas à
subir les horreurs commises en d'autres communes par des groupes de militaires
allemands, fanatiques et criminels, qui massacrèrent, sur le chemin du
retour vers leur pays. Il y eut encore quelques affrontements mais le
11, la Wehrmacht déposa les armes et se livra, auprès
d'Orléans, à une division de l'Armée Américaine.
Le 12 septembre, enfin, on put vraiment parler de Bourbon-Lancy libéré
et une gigantesque farandole sillonna les rues, précédant
une retraite aux flambeaux comme on n'en avait plus vu depuis cinq
ans.
La vie reprend son cours malgré les nombreux absents. Les
maisons restent plus d'une semaine pavoisées aux couleurs des Alliés
; des réunions et des messes sont organisées pour rendre hommage
à ceux qui sont morts ou déportés ou
prisonniers et pour louer le courage des Résistants et de
tous les soldats, acteurs de la libération de la cité.
L'ordre et le ravitaillement dans Bourbon-Lancy
doivent être organisés promptement, le Lieutenant Georges
prend le Commandement de la place ; ses hommes, logés
dans des hôtels du quartier thermal, ont, entre autres tâches, celle
de garder les collaborateurs, au Château Sarrien. La "Liste
des Internés du Château Sarrien" fut publiée le
jour de décembre 44 où les 10 hommes furent transférés
au camp d'internement de Digoin et les 9 femmes à celui de La Guiche.
Le gendarme-chef Perrot, qui,
durant toute l'Occupation, avait été plus que coopérant
avec les Allemands, a été remplacé par l'adjudant Malet
qui, avec ses hommes, réalise arrestations et interrogatoires des suspects.
Albert, le frère d'Henri James, se voit confier la présidence
du Comité Local de Libération de la ville.
L'équipe municipale de Bourbon-Lancy reste celle
qu'avait choisie le gouvernement de Vichy jusqu'à ce que le sous-préfet
de Charolles, Jean Peretti, installe un nouveau conseil, de 21 personnes
; elles éliront comme maire un huissier de justice, Jean Jordery,
et la nouvelle assemblée sera à pied d'uvre fin novembre
1944 ; 16 de ses membres sont représentants de groupes, partis
ou associations reconnus par le Conseil National de la Résistance,
ce sont messieurs Aubert, Belin, Bouiller, Clément,
Danon, Désaugère, Diry, Gouthéraut,
James, Jordery, Lambert, Nakache, Perraudin,
Picherot, Verdenet, Vincent ; une femme leur est adjointe,
Mme Porte ainsi que 2 membres de l'équipe d'Henri Turlier,
messieurs Boulot et le Dr Pain, qui avaient aidé la Résistance
durant l'Occupation et messieurs Guitton et Reverdy, qui, élus
en 35 et révoqués par Vichy se voient rendre leur place.
L'épuration :
La Résistance avait, bien avant la Libération,
commencé ce travail "d'assainissement" qu'était
"l'épuration"; il s'agissait alors de préserver les
capacités des Résistants à agir pour que la France redevienne
libre. Cela consistait à empêcher ou au moins gêner
les agissements de ceux qui uvraient dans le sens d'une soumission
à l'autorité de l'Allemagne d'Hitler et ce, quelles qu'aient
été leurs raisons : les arrivistes -qui flattaient les Allemands
parce qu'ils voyaient en eux les futurs détenteurs du pouvoir-, les opportunistes
de tout poil -qui profitaient des circonstances pour régler des comptes
personnels- et aussi des pétainistes, qui avaient cru aux arguments du
vieux maréchal.
Quelques actions visant à
faire cesser immédiatement les nuisances engendrées par la collaboration
d'habitants avec l'Occupant :
* Le 8 août 1943, première tentative d'interruption des agissements odieux de Louis & Suzanne Mathis, délateurs zélés auprès des Allemands et autorités françaises durant toute l'Occupation ( voir § précédent : "... propagande et collaboration...") ; les Allemands tenaient Mathis pour "un de leurs meilleurs agents"; il dénonçait (son épouse le fit aussi, par lettre anonyme, entre autres) de ses concitoyens comme militants communistes, gaullistes, d'autres comme juifs... les tentatives des Résistants échouèrent et 3 procès furent nécessaires pour confondre les coupables ; le dernier procès Mathis, du 23 novembre 1945, aboutit enfin à la condamnation à mort du pharmacien, qui sera fusillé et à la détention perpétuelle pour son épouse (qui sera libérée !).
* Le 23 octobre 1943, exécution du milicien Jean Loup, âme damnée des Mathis (voir précédemment, § "La Résistance...").
* En décembre 1943, collaboratrice,
"la fille Froment", qui habitait St-Aubin, fut abattue (voir
précédemment, § "La
Résistance...") à
la gare de Gilly/Loire ; emmenée, blessée, par les Allemands,
elle cessa de nuire à ses concitoyens.
Quelques affaires que traita la Justice après la Libération :
* Novembre 45 : condamnation des Mathis (voir ci-dessus).
* Le 14 décembre 1944 : Benoît Guilleminot fut condamné à 8 ans de prison pour avoir dénoncé de ses concitoyens.
* Le 10 avril 1945 : c'est Marie-Louise Jondot, maîtresse du milicien Jean Loup, qui est jugée.
* Le 18 septembre 1945 : André d'Aram fut traduit en jugement ; directeur administratif chez Puzenat, il fut soupçonné d'être à l'origine des dénonciations d'ouvriers requis pour le S.T.O. et qui travaillaient "discrètement" dans l'agriculture ou le bûcheronnage.
* Il y eut d'autres procès de collaborateurs de Bourbon-Lancy ; 6 autres, en 45 et au moins 1 début 46 ; on sait par ailleurs que certains ne furent jamais traduits en Justice et donc jamais condamnés bien qu'ils aient tiré de très substanciels profits de leur collaboration avec les Allemands ; certains parmi eux ne se contentèrent pas d'échapper à l'épuration, ils cherchèrent à obtenir -et y réussirent parfois- des certificats de bonne conduite et purent à loisir jouir de la fortune amassée grâce à la collaboration économique...
Pendant quasiment deux décennies, de 1951
à 1968, la mairie de Bourbon-Lancy eut à gérer un afflux
de population, ouvriers et leur famille, attirée par l'usine Puzenat
devenue Someca.
En 1954, le recensement à Bourbon-Lancy dénombrait
4846 habitants ; en 1962, 6171 ; en 1968, 6272 et
en 1975, 6659 personnes étaient logées sur la
commune de Bourbon-Lancy.
Un vaste programme de constructions "meubla" le sol bourbonnien
: du Champ des Vignes aux Prébendes, de 51 à 53
; de la Cave aux Fées au Côteau, de 54 à 56
; puis au Carrage, à l'Egalité, à la rue
Max Boirot et au Châtelot, au collège d'enseignement
secondaire et son gymnase puis à la gendarmerie, dans
les années 60.
En 1964, le conseil municipal vote la construction du
Centre de Réadaptation Fonctionnelle ; l'établissement
baptisé "le Bourbonnais" sera inauguré le 2 mai 1973.
[toutes ces constructions sont encore là, en majorité rénovées
ou en cours de "réhabilitation" pour mise en conformité
avec les exigences actuelles de confort et d'économies d'énergies].
En 1964, fondation de l'entreprise Begy qui
emploie 30 ouvrières pour vérifier et plier des
bas. Un an plus tard, l'atelier est installé auprès
de l'ancienne Gare et on y fabrique des collants. En 1970,
devient Dim avec le baron Beach pour principal actionnaire ; celui-ci
cèdera ses parts au groupe américain Sara Lee qui, en
1989, devient actionnaire majoritaire et en décembre 2000,
il annonce la fermeture de l'usine "dans le cadre d'une restructuration"
; un important mouvement social s'ensuit.
Au cours des décennies 60-70, de réalisations
achevées en projets, les équipements de Bourbon-Lancy
évoluèrent notablement : collège d'enseignement secondaire,
piscine, station d'épuration des eaux et caserne de
pompiers.
Si les "soulèvements" parisiens de
mai 1968, "révolution" dans la capitale n'eurent que peu
de répercussions localement ("congés" scolaires
supplémentaires, blocage des approvisionnements de l'usine donc chômage
technique), la Nature se chargea, par contre, dans la même période,
d'induire des désordres notables : il y eut une forte crue
de la Loire et la foudre frappa sévèrement par 3
fois : en avril, un clocher de l'église ; la mairie en juillet et
la gendarmerie en août.
Cette année-là, des travaux dans le quartier St-Martin
mirent à jour des sarcophages dont celui d'un pèlerin
de St-Jacques de Compostelle.
En 1980-81 :
- La caserne de pompiers Jean Verdet est inaugurée.
- La salle polyvalente, en construction, est baptisée "Marc
Gouthéraut", du nom de l'ancien maire, décédé
en septembre 81 ; il avait été, durant 18 ans, maire et conseiller
général et avait, en 77, cédé sa place à
l'Hôtel de Ville à M. Roger Luquet.
- les élections présidentielles de mai 81 donnent
42,19 % de voix à M. Giscard d'Estaing et 57,8 à M. Miterrand.
En août 1986, la réflexion en ayant
été étalée sur une quinzaine d'années, le
Syndicat Intercommunal à Vocations Multiples (S.I.V.O.M.) voit
le jour, son but est de faciliter les aménagements et développements
économiques et sociaux des communes participantes : Bourbon-Lancy,
Chalmoux, Lesme, Maltat, Mont et Perrigny/Loire.
A l'orée du XXIème siècle, l'évolution
tend vers une Communauté de Communes qui incluerait quelques communes
de l'Allier.
Au printemps 1987, l'aménagement du plan
d'eau-base de loisirs du Breuil se termine, venant compléter
camping, piscine, cours de tennis existants dans cette zone en proposant aires
de jeux de boules pour les "grands", de patins à roulettes
et autres pour "jeunes" et petits, nombre de projets associés
et dérivés restant à réaliser ( gîte équestre,
champ de tir à l'arc, piste de bi-cross, nouveaux cours de tennis, couverts...)
En 1990, Bourbon-Lancy est jumelé
à la ville allemande de Saarwellingen.
En 1994, la réflexion menée depuis
fort longtemps sur la réhabilitation du bâtiment de l'ex-casino,
fermé, croise celle qui vise à re-dynamiser le tourisme
à Bourbon-Lancy. L'aspiration du public à des loisirs à
la fois plus élaborés et visiblement bénéfiques
à sa santé offre un créneau pour une exploitation
des eaux chaudes curatives, jaillissant naturellement à Bourbon-Lancy,
différente de l'application rhumatologique ; des massages, des
soins esthétiques sont proposés en association avec les bains
: la balnéothérapie a naturellement sa place à Bourbon-Lancy.
La ville finance en grande partie la création de Damona
[nom du pendant féminin de Borvo, dieu des sources], centre de maintien
en forme par la balnéothérapie qui ouvre fin juillet
; la question du choix de l'investisseur (privé ou municipal ?) se pose
au bout de 4 années de fonctionnement ; à 5 ans de sa création,
Damona semble répondre à une réelle attente d'un
public à la recherche de détente et soulagement des
stress et douleurs consécutifs à l'usage très fréquent
de la voiture, à l'alimentation irrégulière et souvent
trop riche, au rythme effréné d'un quotidien minuté...
la clientèle qui vient y entretenir son corps dans le cadre reposant
de la campagne bourguignonne apprécie aussi le patrimoine régional
; des chemins de randonnées pédestres, dont l'aménagement
connaît un grand essort, contribuent aussi
à l'agrément de tous les amateurs [cf
§ suivant]. Les clients de Damona sont, à
70 %, des habitants du Bassin Parisien et de l'Est de la France
ainsi que d'Allemagne et des pays nordiques ; ils peuvent loger
dans un village de chalets, créé pour l'accueil des touristes,
en bordure du plan d'eau du Breuil, non loin du camping, lui-même attenant
à la piscine ; 30 % des clients sont issus de Bourbon-Lancy
et ses environs. Cette activité, s'ajoutant à celles
de la station thermale et du centre de rééducation fonctionnelle,
Bourbon-Lancy est devenu "un pôle santé qui compte".
En 1998, la Commission du Tourisme décide
de la création de 2 sentiers de randonnées balisés,
l'un de 16 kilomètres, "Les bords de Loire" et l'autre,
majoritairement en zone boisée, "La Forêt de Givallois",
dans le cadre de la poursuite des aménagements de mise en valeur des
atouts naturels locaux, pour le confort des habitants de Bourbon-Lancy
et son canton mais aussi pour augmenter la force d'attraction de la ville
sur les touristes. Bourbon-Lancy est propice à la pratique
de la randonnée pédestre et du cyclotourisme qui
associent sport et découverte du site naturel et du patrimoine.
L'Hôpital d'Aligre va, au cours de la dernière
décennie du XXème siècle, être
radicalement restructuré dans les cadres d'une mise aux normes
et d'une meilleure adéquation aux besoins des populations.
* La suppression du Service de Médecine Thermale : la décroissance
régulière de son activité a motivé la diminution
des sommes allouées pour son fonctionnement, qui devient impossible.
Privé de ce Service, l'hôpital de Bourbon-Lancy n'a plus qu'une
unique mission, le soin aux personnes âgées.
* Une seconde maison de retraite ajoute 74 lits d'hébergement aux
80 existants et, fait nouveau, illustration de la recherche d'une réponse
de l'hôpital aux réels besoins de la population, 30 de ces
lits sont destinés à l'accueil de personnes partiellement dépendantes,
leur statut a pour nom Cure Médicale. Le bâtiment qui l'abrite
est accolé aux existants dont il respecte fidèlement le style
; cela vaudra au Service le nom de Maison de Retraite Intégrée
(et encore M.R.II ou M.R.2 puis sera baptisée "Fleur d'Or")
; l'inauguration de cette "tranche 2A des travaux d'humanisation de l'Hôpital-Hospice"
eut lieu en Février 1990.
* Le Service de Long Séjour est architecturalement semblable
à la M.R.II et prolonge celle-ci. Sa construction constitua "la
3ème tranche des travaux d'humanisation" de l'hôpital
et son inauguration eut lieu en Mai 1992. Il accueille
des personnes dépendantes, comprend 50 lits et a été
baptisé "Les Hélianthes", depuis la fin de l'année
2000.
* L'inexistence d'une structure organisée, pour dispenser soins infirmiers
et d'hygiène, motive des hospitalisations qui pourraient être évitées
; ce constat aboutit à la création, fin 1997, du service
de Soins Infirmiers A Domicile ( S.I.A.D.)
; sur prescription médicale, des aide-soignantes, salariées par
l'hôpital, vont dispenser à la personne âgée, dans
son lieu de vie habituel, soins et aide que nécessite son état
; l'infirmière libérale assure les actes de sa compétence
tandis qu'une infirmière de l'hôpital assure la coordination entre
les divers intervenants. Ce Service vise à retarder l'hospitalisation
ou l'hébergement en établissement.
* Vers la même époque débutent de gros travaux de restructuration
de l'Etablissement dont l'aboutissement de la 1ère tranche
sera la modernisation de l'aile Est du bâtiment ; en février
1999, les Services de Médecine & Convalescence
(dit "Moyen Séjour"), totalement rénovés,
reçoivent leurs occupants
qui vont désormais bénéficier d'équipements
neufs en des lieux sécurisés, sonorisés et décorés
où ils seront soignés dans les les meilleures conditions.
* La 2ème tranche débute juste après et concerne
l'aile Ouest du bâtiment où se tiendront tous les
services administratifs ; ils y emménagent en avril 2001.
Dans le même temps, la Lingerie a été modifiée,
mise aux normes.
* La 3ème tranche concernera les réorganisations des services
d'hébergement, "Les Hélianthes" & "Fleur d'Or"
qui occuperont chacun un étage entier au lieu d'être chacun réparti
sur 2 voire 3 niveaux.
[.......]
: les objets, monuments, rues... visibles aujourd'hui sont ainsi
signalés
Bibliographie
:
Au fil des emprunts à la bibliothèque municipale, à
celles de famille et amis puis "sympathisants" du Cyber-Club, voici la liste
des ouvrages lus et relus, consultés seulement ou pris pour références
dans le cadre de la rédaction d'un résumé de l'Historique
de Bourbon-Lancy pour servir à une meilleure connaissance de notre
ville par les internautes de toutes régions ou pays :