BOURBON, d'hier à aujourd'hui :

LES CELTES
Dès 50 avant J.C., la région de Bourbon-Lancy faisait partie de la confédération éduenne, s'étendant des sources de la Seine à Lyon et dont Bibracte (le Mont Beuvray) était la capitale. Des Celtes y habitaient : blonds, braves, peu belliqueux, superstitieux ; les Romains des légions de César les appelèrent "les Galli".

Les superstitions de ces "galli" trouvaient leurs origines dans les forces naturelles : la foudre, les sources.... Un culte particulier était rendu aux sources chaudes, un Dieu étant forcément à l'origine de leurs vertus curatives ! La bourgade celtique fut placée sous la protection de Borvo (ou Bormo), génie des eaux et des sources dont le nom dériverait d'un mot celtique signifiant "boues", "bouillonnement" ; les Romains lui associèrent son équivalent féminin, la Déesse Damona (de nombreux ex-voto, rendant hommage séparément ou conjointement aux deux divinités, ont été retrouvés).

Des débris de poteries et beaucoup d'objets prouvant l'existence d'une civilisation ont été trouvés dans les thermes attestant que nos ancêtres utilisèrent et apprécièrent ces lieux. Puis les Romains décidèrent de désigner toutes les stations balnéaires par l'ajout du nom de la divinité (à laquelle étaient consacrées les eaux) au nom "aquae" ; la ville de Bourbon-Lancy a donc été connue sous le nom d'Aquae Borvonis (ou Bormonis)[des inscriptions gravées sur des fragments de pierres, retrouvés à l'établissement thermal et visibles sur les lieux, en témoignent].
 
 
La bourgade celtique aux eaux curatives était organisée autour des sources et fontaines : habitations à Saint Léger ; commerçants et artisans avec leurs industries florissantes installées à proximité des sources ; les villas romaines étaient construites sur la colline opposée, de Saint Prix à Saint Nazaire ; le centre de la cité romaine, Castellum, est aujourd'hui le Châtelot [abondance de monnaies romaines, morceaux de statues, vases... ont été mis à jour. Les musées "St-Nazaire" et "du Breuil" exposent ces témoignages du passé].

LA COLONISATION ROMAINE
La colonisation romaine civilisa le monde gaulois ; l'épaisse forêt qui couvrait la région fut défrichée, un réseau de voies fut tracé (plusieurs ouvrages décrivent les voies romaines de la région ; entre autres, ceux de Max Boirot et L. Fanaud) ; cette situation, au carrefour de grandes voies, était vulnérabilisante, les Romains édifièrent un "poste de guet" sur la plaine de  la Loire (Liger) et les forêts du Morvan. Ils embellirent et améliorèrent considérablement le confort et la fonctionnalité des bains. On ne sait pas exactement à quelle époque furent améliorés les bassins existants, enrichis les édifices publics qui devinrent thermes somptueux. Leur beauté étonna autant que la limpidité des eaux, les vertus de renouvellement des forces et de soulagement des douleurs rhumatismales suscitèrent l'enthousiasme de divers ti y mourutémoins. De nombreux artistes participèrent à la décoration des bains, dont le peintre grec Diogène Albinus, qu'[une pierre gravée, visible au musée Saint-Nazaire, indique que ses cendres s'y trouvent].

Les guerriers romains recevaient des soins thermaux dans des installations minimales ; les baignoires étaient réservées aux personnages importants : proconsuls, empereurs... Les pratiques thermales de ce temps différaient peu des actuelles ; la cure durait trois semaines : bains chauds, tièdes, froids et cures de boisson complétant le traitement. Au fil de quatre siècles d'occupation romaine, les Gaulois adoptèrent les coutumes de leurs conquérants, se mirent à fréquenter les bains, se cultivèrent. Ainsi, d’innombrables œuvres d’art et industries gallo-romaines virent le jour.

On ignore ce qui ruina et dévasta les thermes et la ville d’Aquae Borvonis. Plusieurs événements y contribuèrent probablement : des phénomènes naturels, le ruisseau "le Borne" charriant et déposant boues et alluvions, le déferlement de Barbares du Nord et de l’Est, Vandales, Bagaudes, Germains au IIIème siècle, Alamans, Burgondes, Wisigoths et Huns au Vème siècle.
 

LA CHRISTIANISATION
Le chaos dans lequel se trouvèrent plongés les Gaulois favorisa l’émergence d’une nouvelle religion, monothéiste. Ils avaient besoin de croire en des lendemains meilleurs, d’expier, en quelque sorte, les vies de débauche et de luxe qui avaient été menées, disait-on, dans les stations thermales. Martinus, ancien légionnaire converti et qui devint Saint-Martin, mena une campagne de dévastation systématique des lieux qui avaient été consacrés aux cultes d’Apollon, Borvo et autres divinités "païennes".
 

Les Romains commencèrent par persécuter les chrétiens, qui reniaient le culte impérial. Puis sous Constantin, à partir de 313, ils favorisèrent l’expansion du christianisme. Les tombes des martyrs servirent de bases aux édifications d’églises, de basiliques, certaines utilisant ce qui pouvait l’être des temples païens

L’église Saint-Martin de Bourbon-Lancy fut édifiée sur l’ancien temple d’Apollon [une inscription de marbre blanc en atteste] et se trouvait dans la partie romaine de la ville, proche des thermes. Les premiers monastères se peuplèrent, les bourgs s’organisèrent autour des églises, des paroisses naquirent. 



LES FRANCS
Les Francs s’établirent, sans modifier les habitudes de la population. Au VIIème siècle, Bourbon-Lancy prit le nom de BORBONE CASTRO (ou BORBONEM CASTRUM). Sous le règne des rois mérovingiens, l’agglomération retrouva suffisamment d’importance pour qu’on y frappe monnaie (2 pièces d’or ont été répertoriées).

La contrée, devenue Comté d’Autun, fut soumise à la juridiction d’un magistrat, le "Comes" ou "Comte"; celui-ci tenait assemblées dans les prieurés, on les appelait "plaid" ou "mall".

LES INVASIONS
Les invasions se succédèrent, les envahisseurs déferlant du Sud (725, Sarrasins), du Nord (886, Normands), de l’Est (926, Hongres), incendiant églises et prieurés, massacrant la population. En cas d’alerte, les populations terrorisées se réfugiaient dans les prieurés ou autres bâtisses fortifiées, comprenant tours de guet, cours intérieures, provisions, entourage de palissades et fossés pleins d’eau. Les familles puissantes bâtirent les premières forteresses sur les sites les plus favorables à l’organisation de leur défense, qui se trouvaient être, la plupart du temps, ceux où les Romains avaient jadis bâti les leurs. Celle de Bourbon fut ainsi construite sous les ordres des comtes de Chalon, qui possédaient la ville depuis que le comté d’Autun avait été relégué au rang de division du duché de Bourgogne ; elle fut érigée sur l’ancien fort romain [dont les murs sont encore visibles], sur un rocher escarpé surplombant les thermes et permettant de surveiller la plaine de la Loire et les contreforts du Morvan.
Le château est séparé de la ville par de hautes murailles et de larges fossés, trois tours carrées et quatre rondes le fortifiant. L'accès au château ne peut se faire que par la ville, le précipice où coule le Borne l'entourant par ailleurs.
Pour pallier la vulnérabilité de la forteresse côté ville, on fortifie puissamment la ville-close, fermée par trois portes : la principale, sous le beffroi, est nommée "de l'horloge", sa cloche marquant les heures ; une autre au sud-est, donnant sur la vallée du Borne, la porte de "l'Éperon" [il en reste une arche en granit] et la troisième, sur l'est, la porte "Saderon" ou encore "de la Châtaigneraie" [totalement disparue]. Le château de Bourbon était qualifié, dans les écrits de l'époque, d'«un des plus beaux spécimens de l'architecture féodale».

LE PREMIER SEIGNEUR DE BOURBON
Entre 988 et 998, Hugues 1er, Comte de Chalon, donna le château comme récompense à l'un de ses hommes d'armes : Anseide (ou : Ansander - Ansed - Anseau - Ancel - Anseaulme). Anseide, né vers 943, était le second fils du seigneur des Angles et devint le premier seigneur de Bourbon.
 

PASSAGE DE L'AN 1000
Malgré les prédictions alarmistes, prévoyant les pires manifestations de la colère divine au passage de l'an 1000, rien n'arriva. Par précaution, les riches familles avaient fait de considérables donations pour que soient fondés, agrandis... les monastères, abbayes, chapelles.... Les moines purent dans de bonnes conditions mener à bien leurs travaux d'écriture, de conservation des parchemins existants et autres riches reliques.

En 1030, une épouvantable famine ravagea la Bourgogne.

 

"BORBO" DÉSIGNA LA VILLE, PUIS NOMMA SON SEIGNEUR
Le nom du Dieu Borvo (ou Borbo) donné à la localité, va être attribué à la famille possédant la forteresse ; Anseide sera désormais nommé Anseidus Borbo puis Anseide Bourbon.

Peu avant sa mort, Anseide fonda le Prieuré qui fut consacré à St-Nazaire et St-Celse et qu'il donna à l'abbaye de Cluny [de style roman primitif, classé monument historique, restauré ; il est maintenant Musée municipal] .

Le premier de ses fils -Guichard de Bourbon- fonda le prieuré d'Amanzy (à 3 km environ de Bourbon, sur "l'ancienne route de Chalmoux")[une croix en matérialise l'emplacement approximatif]; puis avec son frère Guillaume, ils firent bâtir en 1132, l'abbaye de Sept-Fons (sur la commune de Dompierre-sur-Besbre).
Prochainement, ici, une photographie
 de la Croix

De père en fils, les successeurs d'Anseide furent Seigneurs féodaux, disposant de tous les pouvoirs. Guichard n'eut qu'une fille, et Bourbon passa successivement aux Maisons de Semur puis de Nevers, aux fils des générations, unions et transactions.

Guillaume fut à l'origine de la branche des Seigneurs de Montmort et Montperroux, chevaliers, qui occupèrent des places d'influence auprès des Ducs de Bourgogne.

 

RÉOUVERTURE DES THERMES
Calmées les barbares invasions, les populations redécouvrirent, au XIIème siècle, les vertus thérapeutiques des eaux thermales et les thermes furent rouverts.
 

POURQUOI "LANCY" ?
Le patronyme "Lanseiz" accolé à Bourbon passa par des orthographes successives variées : Lanzeis - Lansseys - Lenseys - Lansitz- (et peut-être d'autres encore !) pour devenir et rester "Lancy".

LA JUSTICE

A la fin du XIIème siècle, la disparition de la féodalité rendit indispensable l'organisation d'un système de justice ; des baillis eurent donc la responsabilité juridique de territoires sur lesquels ils avaient de grands pouvoirs, gardant les forteresses royales, tenant Assises [au 28 de la rue "du commerce", ex-rue "St-Jean", le portail de pierre de la maison où logeait le bailli est conservé].Bourbon-Lancy était un important bailliage, le plus occidental de la Bourgogne ; on y comptait un nombre impressionnant de châteaux.

Afin que l'ordre soit respecté dans le bailliage, injonctions étaient faites aux sergents de police ainsi qu'aux particuliers de chasser ou refuser d'accueillir les indésirables, ne pas s'adonner aux jeux de hasard, prendre toutes mesures pour éviter les incendies, punir les voleurs ; la plus grande rigueur régnait.

L'ORIGINE DU BLASON DE LA VILLE

Au début du XIIIème siècle, la fille aînée du Seigneur de Bourbon- l'Archambault, Mathilde (Mahaut) de Courtenay, Comtesse de Nevers, épousa Eudes, fils aîné du Duc de Bourgogne. A la mort de Mathilde, Eudes devint lui-même Seigneur de Bourbon-Lancy, ville que son épouse avait affranchie en 1224, lui conférant de l'importance en regroupant la ville-close, les faubourgs Saint-Nazaire, Saint-Martin et Saint-Léger.  Sa femme morte, Eudes accorda à Bourbon-Lancy les armoiries de Mathilde de Bourbon-L'Archambault : un lion d'or entouré de 8 coquilles dorées, sur fond bleu azur.

DU SEIGNEUR DE BOURBON À LA FAMILLE DE LA TRÉMOILLE
En 1260, Jean de Châteauvillain, ayant épousé Jeanne de Semur, était devenu Seigneur de Bourbon-Lancy ; il frappa une pièce de monnaie : un château à deux tours.

Faute de descendance directe, la baronnie de Bourbon-Lancy alla, vers 1378, à la Famille de la Trémoille, qui la garda environ un siècle.

 
 "LA PRÉE"
En 1289, l'église collégiale "de la Prée" fut érigée sur les hauteurs de Bourbon, par le Seigneur d'Arcy, en-dessous de son château féodal.


LA LÉPROSERIE DE SAINT-DENIS
En 1291, l'épidémie de lèpre s'étendant, une léproserie avec chapelle ardente fut spécialement construite, à l'écart de la ville, à Saint-Denis, à l'intention exclusive de ceux qui étaient partout bannis. Elle fut annexée à l'Hôpital Saint-Jean, à l'origine destiné aux pèlerins, dont on trouve trace de l'existence à "Bourbon-Lancis" depuis le XIIème siècle (et que Guillaume de la Trémoille fera rebâtir en 1427).

LE GRENIER À SEL
En 1370, la direction de Chalon dote Bourbon-Lancy d'un grenier à sel, situé à l'extérieur de la ville-close [entièrement rénové en 1999, le bâtiment qui occupe son emplacement est situé face au monument aux Morts, place de l'Hôtel de Ville].

GUERRE DE CENT ANS ET FORTIFICATION DE LA VILLE
Sensiblement à la même époque, la peste noire s'abattit sur la région, tandis que la  Guerre de Cent Ans avec les Anglais générait des faits monstrueux.
Outre l'invasion anglaise, sévissaient les "Grandes  Compagnies", soldats qui, "démobilisés" pendant les trêves de la guerre, vivaient sur le pays, le ruinant, incendiant après avoir pillé, terrorisant les gens. Le roi Charles V diminua les gabelles -impôts sur le sel- afin que les cités, menacées de toutes parts, construisent ou consolident leurs défenses. Guillaume de Trémoille, Seigneur de Bourbon-Lancy, reçut de Philippe "Le Hardi", Duc de Bourgogne, une aide financière pour rétablir les fortifications de sa ville. Le  dimanche 4 avril 1389, Philippe II, dit "le Hardi", ayant à ses côtés son fils, le futur "Jean Sans Peur", inaugura, au cours d'une grande fête qui dura 2 jours, la porte principale de la ville-close : le beffroi [on peut le voir, avec les emplacements du pont-levis et du passage des chaînes qui l'actionnaient] ; une herse descendait derrière, puis une lourde porte de bois fermait le tout.

À L'ABRI DES PILLARDS ET ÉCORCHEURS
 
Grimpé en haut de la tour, un guetteur surveillait les environs [une horloge fut installée sur le beffroi au XVIème siècle puis remplacée en 1910 par l'horloger Léon Richard, dont la signature figure au centre du cadran ; puis en 1982, là où se tenait jadis le guetteur, mais visible seulement côté Vieux Bourbon, fut installé "Le Beurdin", œuvre offerte par Georges Kirsch, sculpteur, enfant du pays ; ce terme, en patois local, désigne une brave personne un peu "simplette". Lorsqu'arrivent les heures, le Beurdin tire la corde de la cloche et montre sa langue aux passants].

Lorsqu'un guetteur annonçait une attaque, on sonnait le tocsin à la cloche du beffroi de Bourbon-Lancy ; les habitants des faubourgs arrivaient en masse pour se réfugier dans la ville-close, on levait le pont-levis et tous étaient à l'abri des pillards et autres "écorcheurs" qui écumaient la Bourgogne. La misère régnait partout en France, les Anglais gagnaient toutes leurs batailles et les partis des Armagnacs et des Bourguignons s'entre-déchiraient ; le château de Bourbon-Lancy résista à tous les assauts.

En 1459, le fils de Philippe Le Bon, Duc de Bourgogne, visita Bourbon-Lancy : c'était Charles Le Téméraire, comte du charolais. Il traversa la ville sur la route menant à Tours, où il devait rencontrer le Roi Louis XI, qui aurait aimé affaiblir le très puissant duché de Bourgogne. Il dut néanmoins attendre la mort du Téméraire, en 1477, pour annexer la Bourgogne au Royaume de France.

LE CONNÉTABLE DE BOURBON CONTRE FRANÇOIS Ier
Tour à tour donnée en récompense, rachetée, héritée, la seigneurie de la ville de Bourbon-Lancy devait revenir  à Charles III, pair et connétable de France, à la mort de son épouse. Mais Louise de Savoie -mère de François Ier- s'estimait elle-même héritière, en tant que cousine de la morte. Elle fit  bloquer la succession. Le Connétable de Bourbon dut quitter le royaume ; il rejoignit les armées de Charles Quint dont il fut un des principaux artisans de la victoire contre François Ier, à Pavie, en 1525.

LA BARONNIE DE BOURBON-LANCY EST UNIE À LA COURONNE
La baronnie de Bourbon-Lancy fut unie à la couronne. Après avoir été fait prisonnier, François Ier rentra en France ; il passa à Bourbon-Lancy quelques années plus tard (en 1530 puis 1541 et 1542).

LA "RÉFORME" ET LA "LIGUE"
Les guerres civiles de religion seront causes d'une nouvelle vague de destructions. Le protestantisme, encore appelé "Réforme", arrivant en France, pour défendre le catholicisme, l'association "la Ligue" fut créée. En 1567, une bande de huguenots fondit sur Bourbon-Lancy, dévastant les faubourgs, saccageant les établissements religieux d'Arcy, de Saint-Nazaire, l'Hôpital. Puis, par traîtrise, ils prirent le château-fort et pillèrent la ville ainsi que l'église collégiale. D'autres édifices religieux, voisins, furent aussi détruits : deux, proches de Chalmoux et Gilly/Loire et deux autres, à Perrigny et Saint-Agnan.
Quelques seigneurs se convertirent au protestantisme, dont des descendants des très catholiques Sires de Salins, fondateurs, en 1495, du "Chapitre de la Collégiale" (assemblée de six chanoines, un sacristain et un prévôt, "conseillers" de l'évêque). La Collégiale Notre-Dame avait elle-même été fondée en 1488 par le Seigneur de St-Syagre et de Fontête ; [le jardin clos, dit "de la collégiale" occupe son emplacement et respecte l'ancien plan de l'église]
Prochainement, ici, une photo de la
"porte" ou de "l'écusson"
face à l'édifice religieux était la demeure des Seigneurs de la Nocle
[dont on peut encore admirer la porte gothique surmontée d'un écusson mutilé].

 

LES "D'AMANZÉ", 2 SIÈCLES DE GOUVERNEURS DE BOURBON
Les nobles de haut rang pouvaient, à titre honorifique, recevoir la charge de gouverneur, dont ils obtinrent finalement la transmission héréditaire. Aux descendants des fondateurs de la Collégiale Notre-Dame, succéda, à partir de 1504, Jehan d'Amanzé -dont la très vieille famille était établie près de Charolles- à qui Henri IV accorda la charge de capitaine et gouverneur de la ville et du château de Bourbon-Lancy, que Louis XIV accorda à Gaspard, successeur de Jehan ; la famille d'Amanzé fournit à la ville ses gouverneurs pendant plus de deux siècles.

"LIGER", LA LOIRE
Liger, au temps des Romains, la Loire a toujours été un atout capital pour la région ; frontière naturelle entre Aquitaine et Gaule romaine, Empires Wisigoth et Franc, Bourgogne et Bourbonnais et Auvergne, elle fut aussi ligne de défense pendant les guerres : celles de Cent Ans et de Religion, puis la Seconde Guerre Mondiale. La Loire était une très importante voie de communication, les voies terrestres étant inexistantes ou très peu praticables. Au port du Fourneau régnait une intense activité, les personnalités qui venaient prendre les Eaux étaient transportées sur de grands bateaux plats qui accostaient au port. Riches, nobles et religieux de hauts rangs étaient accompagnés de leur domesticité et de leur voiture personnelle attelée de chevaux. La coutume voulait qu'à chaque arrivée d'hôtes célèbres, les habitants de la ville, vêtus de leurs plus beaux atours, aillent accueillir les arrivants au port du Fourneau, leur offrant vin et autres "douceurs", tandis qu'on faisait tirer des coups de canon du château, où étaient reçus les hôtes de marque -Mme de Genlis, célèbre écrivain des  XVIIIème et XIXème siècles, relata qu'enfant, elle fit, par voie de Loire, un long voyage-. Par voie fluviale étaient transportées beaucoup de marchandises (céréales, poissons, bois...) acheminées jusqu'à Orléans. Les ports de Loire étaient en permanence très animés : les passeurs de gué ou de bac, les mariniers s'y retrouvaient. Le port du Fourneau était très actif, Gannay, Lesme, La Cornière, Diou, Gilly, Digoin l'étaient également. Mais le fleuve providentiel était aussi indomptable et cruel ; au fil de terribles crues, il changeait de trajet, inondant ici, ensablant là, noyant les intrépides qui osaient le braver. Les aménagements faits pendant les derniers siècles ont régularisé son cours et son débit : on a du mal à imaginer tous ces ports, toute cette activité des siècles passés.

BOURBON-LANCY, SES CURES THERMALES RÉPUTÉES
Au XVIèmesiècle, nombre de riches et illustres personnages faisaient des cures thermales et bien des "hommes de Science" venaient à Bourbon-Lancy pour tenter d'expliquer le jaillissement des eaux chaudes ; réputées soulager les douleurs articulaires et autres sciatiques, elles auraient aussi guéri les stérilités féminines... ce qui fut plus que jamais affirmé après que l'épouse d'Henri II, Catherine de Médicis, ait fait, en 1542, une cure qui, suivant dix années sans maternité, fut le prélude à plusieurs naissances.

Il fut décidé d'apporter à la station quelques aménagements pour la doter d'un minimum de confort, jusqu'alors inexistant. Mais en 1543, une crue du Borne emporta les installations des bains, bouchant les vidanges, les puits....

LA REINE LOUISE DE LORRAINE, "SA" SOURCE THERMALE
37 ans plus tard, le roi Henri III, sur les conseils de Catherine de Médicis, sa mère, amena à Bourbon-Lancy son épouse, la reine Louise de Lorraine, elle aussi en vaine attente d'enfant. Ces souverains et les nobles qui vinrent prendre les Eaux furent maintes fois choisis comme parrains et marraines des enfants nés dans la paroisse [voir Archives communales, Paroisse de St-Léger].
Bien que la reine Louise restât stérile, elle et la Cour revinrent à Bourbon-Lancy les années suivantes et Henri III, habilement sollicité par le Docteur Aubery, médecin des Eaux, fit don de sommes considérables pour la restauration des "thermes de César". En l'honneur de Louise de Lorraine, une source fut baptisée "source de la Reine" [dans l'enceinte de l'Établissement Thermal].
Prochainement, ici, une photo de 
la source "La Reine"

RÉHABILITATION ET ENTRETIEN DES THERMES
Monsieur Descures, entre autres, se vit confier par Henri IV la mission de faire poursuivre les travaux de déblaiement des ruines des bains romains et son nom resta à une source. Louis XIII puis Louis XIV firent poursuivre cette œuvre.

LES MÉDECINS VANTENT LES THERMES DE BOURBON-LANCY, LES GENS ILLUSTRES S'Y FONT SOIGNER
Aux XVIIème, XVIIIème et XIXème siècles, de nombreux médecins écrivirent sur les bienfaits, parfois décrits comme quasi miraculeux, des eaux thermales de Bourbon-Lancy.
En 1604, le Docteur Aubery écrit un imposant livre : « Les Bains de Bourbon-Lancy », où il détaille les ruines des Thermes romains.

En 1618, le Docteur Jean Ban évoque les thermes de Bourbon-Lancy dans son livre sur les stations thermales de la région.

En 1655, le Docteur Philippe Mouteau (né en la ville en 1608, ayant étudié la médecine à Montpellier puis, revenu "au pays", ayant succédé au Dr Aubery comme Intendant des Eaux, en 1633) vantait l'effet bénéfique des eaux thermales dans le livret : « Les miracles de la nature ou la guérison de toutes sortes de maladies par l'usage des eaux de Bourbon-Lancy ».
En 1748, l'abbé de Courtépée vante la beauté des thermes de Bourbon-Lancy, dans sa « Description de la Bourgogne », ébloui par la magnificence des ruines subsistant. Beaucoup de gens illustres vinrent en profiter, mais il est certain que la Marquise de Sévigné ne le fit pas, ne faisant probablement qu'une halte de courte durée en la "Maison de Bois" [belle maison Renaissance, aussi appelée "Maison Sévigné"].

Par contre, les Duchesses de Montmorency et de Bellegarde, Marquise de Cinq-Mars,Princesse de Rohan et d'autres  y vinrent au XVIème siècle, puis la Princesse de Condé, au XVIIème, s'y fit soigner, comme bien d'autres personnalités dont certaines furent visiteuses uniquement : le Cardinal de Richelieu, des conseillers au Parlement de Bourgogne, des ecclésiastiques de haut rang, le Duc de Vendôme, fils d'Henri IV et Gabrielle d'Estrée, le maréchal Duc de la Force, Monsieur de la Baume Marquis de Saint-Martin, le Marquis de Coligny-Salignac, la Marquise de Polignac....

HYGIÈNE ET MORALITÉ DES THERMES
Les médecins fréquentant les thermes et leur illustre clientèle s'attachèrent à préserver l'hygiène et la moralité de ces lieux fréquentés par un grand nombre de personnes, un règlement très strict fut établi. Concierge et commis des bains, Intendant des Eaux s'appliquaient à faire respecter les règles établies, devant aussi combattre l'indiscipline de la population locale qui souillait bains et fontaines en y nettoyant vaisselle et linge, y déversant ses déchets et faisant, de plus, preuve d'indiscrétion en regardant les curistes aux bains.

MISÈRE ET SUPERSTITIONS DES "PETITES GENS"
La vie des "petites gens", simples habitants de Bourbon-Lancy, était très éloignée de celle des riches curistes. Accablés de misère, ils l'étaient aussi de craintes superstitieuses, terrifiés par divers "sorciers" et "mauvais esprits" à qui ils prêtaient d'immenses pouvoirs, cela ne les empêchant d'ailleurs pas d'avoir recours à la prière à Dieu ou la Vierge lorsqu'un fléau s'abattait sur eux. Il y eut,outre celles qui avaient touché les gens, des épidémies décimant les troupeaux, des crues énormes, des sécheresses catastrophiques, des hivers très rigoureux où, descendant des forêts du Morvan, poussés par la faim, des loups terrifièrent la population de Bourbon-Lancy ; une légende (?) raconte qu'au XIXème siècle, un couple de loups vint hurler devant la maison du garde forestier de Germigny, qui avait pris leurs louveteaux [la Ruelle-aux-Loups commémore cet épisode].

PRIEURÉS, MONASTÈRES ET COUVENTS
En 1622, des moines Capucins vinrent s'établir et furent bien accueillis par la population ; puis deux couvents de femmes, des Ursulines, en 1632 et des Visitandines, dans le monastère fondé par Gaspard de Coligny, à Saint-Léger. Religieux et religieuses, en leurs monastères, cures, prieurés furent, au fil du temps et successivement, quasi nécessiteux puis puissants et distribuant largement l'aumône. L'un des moines capucins marqua particulièrement l'histoire locale : fils de M. Girard, un procureur du roi au bailliage, le Père Archange de Bourbon-Lancy, né en 1628, était un prédicateur remarqué et dont les prêches passionnaient ; le hasard mit face à lui l'assassin de son père et le religieux assista le criminel jusqu'à sa fin. Le Père Archange mourut en 1694, victime d'une épidémie de "flux de sang". Les prieurés d'Amanzy et Fly (Fly, après Chalmoux en venant de Bourbon-Lancy) étaient influents et leur prieur, riche et obéi. L'entente des ecclésiastiques entre eux et avec les paroissiens fut souvent "difficile", nombre de religieux ne l'étant que par obligation et n'ayant, pour une fraction d'entre eux, qu'une faible propension à la charité, au dévouement et au détachement des biens terrestres.

PINGRÉ DE FARAVILLIERS FONDE L'HÔPITAL DES EAUX
En 1697, Louis XIV accordait la fondation par Pingré de Faravilliers, Conseiller au Parlement de Paris, de "l'hôpital des Eaux" (ou "hôpital des Bains"), afin que les personnes sans ressources puissent, pendant 3 semaines de cure, logées et nourries, profiter des bienfaits des eaux thermales de Bourbon-Lancy ; il refit des dons très conséquents et d'autres donateurs, charitables ou "achetant" leur repos éternel, en firent autant (le  Seigneur de la Nocle, en 1702...).

LA PASSION POUR BOURBON-LANCY S'ÉMOUSSE
Mais la passion pour les eaux thermales n'était pas exactement celle pour la ville de Bourbon-Lancy. Les modes se faisaient et défaisaient à la Cour. Jean de Lorme, médecin de Louise de Lorraine, le fut aussi de Louis XIII et Marie de Médicis ; son fils, Charles, lui aussi médecin, était surintendant des Eaux de Bourbon-L'Archambault et en fit l'éloge à la Cour, qui se mit à l'y suivre chaque année, quand arrivait la Saison. Madame de Montespan, favorite de Louis XIV, y prit ses habitudes, tout comme nombre d'illustres personnes ensuite, Madame de Sévigné en fut.

Bourbon-Lancy n'était pas totalement délaissé, de célèbres personnalités y venaient encore, mais sa renommée déclinait néanmoins progressivement.

CHÂTEAUX DE BOURBON-LANCY ET SAINT-AUBIN
En septembre 1752, le noble P. César Ducrest (ou Du Crest), qui venait d'acheter le marquisat de St-Aubin, se vit confier par Louis XV la baronnie de Bourbon-Lancy ; sa fille, Stéphanie  Félicité Ducrest, devint ainsi "comtesse de Bourbon-Lancy"; elle devint une célèbre femme de Lettres sous le nom de Mme de Genlis ; elle passa une partie de son enfance au château de  St-Aubin – vétuste et quelque peu délabré– où ses parents menaient grand train, donnant des fêtes qui drainaient toute l'aristocratie de la région... et les ruinèrent ! Les Ducrest commencèrent à vendre les pierres du château de Bourbon. Entre octobre 1757 et février 1758, avant de s'exiler à St-Domingue, César Ducrest céda les ruines de ses châteaux à son ami Charles Guillaume Le Normant d'Etioles (époux de madame de Pompadour). Louis XV les fit racheter en 1770 et les remit en paiement, au sein d'un lot, à Jean-Baptiste des Galois (ou des Gallois), seigneur de la Tour, intendant de Provence, premier président du Parlement d'Aix, riche et puissant, qui fit construire un nouveau château à St-Aubin, sur la colline, dont un célèbre architecte d'Aix fit les plans et que des entrepreneurs provençaux réalisèrent tout en faisant poursuivre la démolition de celui de Bourbon, que  paracheva sa propriétaire suivante, Mme Daubinet de Marcy, récupérant les matériaux pour faire construire une maison au port du Fourneau [ancienne maison Charpin, où l'on voit encore des sculptures venant de l'ancien château de Bourbon-Lancy].

XVIIIème, CATASTROPHES NATURELLES ET CONSÉQUENCES
Le XVIIIèmesiècle fut, pour le moins, tumultueux : une épouvantable famine, en 1709, provoqua de très nombreux décès, laissant les vivants exténués, peinés et sans aucune ressource. Comme toujours dans ce type de circonstances, les bandits déferlèrent sur la région, déjà ravagée par le malheur, y semant la terreur par le meurtre et le vol.

En 1740, un très violent orage occasionna bien des dégâts matériels dont la chute d'un clocher de l'église de St-Léger et celle d'une partie d'une tour de fortification de la ville.

L'INSTRUCTION DES ENFANTS
Les petites gens tâchaient de faire face au quotidien. Bien des familles comptaient une abondante progéniture. Pour leur instruction, la ville recrutait et payait un maître d'école, dont elle ne requérait aucune qualification spécifique ; les parents lui réglaient une somme mensuelle par enfant à qui il apprenait la lecture, et parfois aussi, il fallait alors payer plus, le calcul et le latin.

CULTURES ET ÉLEVAGE DANS LE CANTON DE BOURBON-LANCY
Le canton de Bourbon-Lancy était voué à la polyculture (froment, seigle, pommes de terre, chanvre) et les troupeaux, élevés plus pour la viande que pour le lait, paissaient sur les chaumes. Le territoire était divisé en "domaines", constitués des terres labourées, prés, vignes, bois mais aussi des cultivateurs les travaillant, leurs récoltes, leur habitation et leurs bêtes de somme. Au XVIème siècle, un géographe avait observé de nombreuses vignes, dont la culture semble s'être intensifiée au siècle suivant, les collines et abords escarpés du château en étant couverts ; le raisin était précieux, son vol était sévèrement puni. Les familles de métayers souffraient de la faim, le peuple connaissait la misère tandis que les classes aisées incitaient la municipalité à bâtir une "salle de comédie". L'activité économique se développait malgré tout. Moulins et forges se multipliaient, contribuant à accroître les fortunes des seigneurs et bourgeois.

CONSTRUCTIONS DES CHÂTEAUX ET RICHES DEMEURES
De cette époque datent les édifications des châteaux du Vigneau, construit pour le marquis de Folin, et de celui réalisé pour le Comte de Dormy par Joseph Guizot, un des entrepreneurs provençaux demandés par le Président des Galois de la Tour ; le dernier propriétaire en fut le sénateur et président du Conseil Ferdinand Sarrien ; la demeure est, depuis, désignée sous le terme de "Château Sarrien"[maintenant Centre d'Animation Sociale et Culturelle].

En 1778, Gauthey, un élève de Soufflot dessina les plans de la Mairie
[elle est toujours l'Hôtel de Ville de Bourbon-Lancy] ; de superbes demeures furent construites, toutes les églises, tous les presbytères furent réparés....

 
 

 

LE PORT DU FOURNEAU, SUR LA LOIRE
Le commerce se fait alors surtout par la Loire, au port du Fourneau, où on ne compte pas moins de cinq auberges. Ce sont d'ailleurs les aubergistes qui, à l'unisson avec les travailleurs agricoles puis les boulangers, manifesteront les premiers leur désir de s'affranchir de l'Ancien Régime.

LA PAUVRETÉ DES CAMPAGNES
En visite en 1789, l'économiste anglais Arthur Young note que la région pourrait être prospère si on y appliquait la réforme agraire : remplaçant la jachère par la culture de fourrages, les prairies artificielles de trèfle, luzerne ; à défaut, les habitants des campagnes sont pauvres et lors de la rédaction des doléances des habitants de Bourbon-Lancy, en préparation de la convocation des Etats Généraux, les députés rédacteurs ne transcrivent pas du tout les besoins du peuple.

LA "GRANDE TERREUR": PROFANATIONS, LIEUX REBAPTISÉS, BOURBON-LANCY DEVIENT BELLEVUE-LES-BAINS
Après la prise parisienne de la Bastille, la "Grande Terreur" mit Bourbon-Lancy à égalité avec les plus grandes villes, les églises étant profanées, les couvents réquisitionnés, les objets sacerdotaux brisés, les blasons mutilés, tout comme les statues de saints.... Dans le cadre de la déchristianisation, l'église St-Léger devint "Temple de la Raison" où fut célébrée la "Fête de l'Etre Suprême" ; puis, le nom de "Bourbon", pour sa similitude avec celui du Roi, fut remplacé par celui de "Belle Vue les Bains", qui devint Bellevue-les-Bains, que la ville porta jusqu'en 1814 ; les rues et places furent rebaptisées de noms révolutionnaires (Égalité, Marat, Constitution, Sans-Culotte...).

STÉPHANIE FÉLICITÉ DUCREST OU MADAME DE GENLIS
La Révolution épargna les grands seigneurs locaux ; Jean-Baptiste des Galois de la Tour se terra en son magnifique château de St-Aubin, Mme de Genlis (voir § : "Liger, la Loire" et "Châteaux de Bourbon-Lancy et de Saint-Aubin"), elle, choisit l'exil. Née le 25 janvier 1746, ayant vécu son enfance sur les bords de Loire, à St-Aubin puis Bourbon-Lancy, elle fut, très jeune déjà, d'une grande curiosité d'esprit et devint savante, jouant aussi la comédie et de la harpe ; elle était, de plus, fort belle. Elle fut introduite "dans le Monde" et épousa M. de Brulart, Comte de Genlis, ancien officier de Marine dont elle eut deux filles. Entrant ensuite comme dame d'honneur de la duchesse d'Orléans, elle fut rapidement indispensable à toute la maisonnée ; elle devint la maîtresse attitrée du duc Philippe (futur Philippe Égalité) et, au grand scandale de la  Cour, devint, en 1777, "gouverneur"des enfants d'Orléans, dont le futur Louis-Philippe ; précepteur très exigeant, elle prépara son élève, futur régnant, à son destin ; rusée et ambitieuse, elle tâcha de maintenir le plus longtemps possible son emprise sur la Famille. Elle fut, sous l'Empire, inspecteur des écoles primaires. Elle écrivit inlassablement jusqu'à sa mort, en 1830 ; auteur d'ouvrages pédagogiques, elle écrivit plus d'une centaine de livres dont « Adèle et Théodore »(1782), « les veillées au château » (1784)... ses « Mémoires » (1825). [Un espace vert, situé sous les remparts, devant la "porte de l'Éperon", a été baptisé square "Madame de Genlis"].

LES ÉLECTIONS MUNICIPALES DE 1790
En février 1790, Gaspard Pinot, médecin, demeurant paroisse St-Nazaire, préside les élections destinées à élire une nouvelle équipe municipale pour remplacer celle des Gay de Millières, à ce poste par transmission quasi héréditaire de la fonction. Un avocat, Lavaivre de la Forge est élu, le procureur de la commune aussi et trois officiers municipaux dont Gaspard Pinot, dit "châtelain" du fait de son acquisition, deux ans plus tôt, de la maison rue Touchebœuf (voir § : "D'un jardinet au château Puzenat").

DANS LE DÉPARTEMENT DE SAÔNE-ET-LOIRE
en 1801, le maire et les adjoints de Bellevue-les-Bains, écrivent au Premier Consul ce bilan de la Révolution : «[...Autrefois en Bourgogne, maintenant en département de Saône-et-Loire ; après un bailliage, a connu pendant 5 ans une administration de district et un tribunal de première instance mais que ses habitants iront désormais chercher à Charolles, distante de 50 kilomètres. Avait aussi une collégiale, 3 églises paroissiales et 4 maisons religieuses. N'a plus qu'un juge de paix, une mairie, une maison d'arrêt, une brigade de gendarmerie, 2 écoles primaires et un lieu de culte...]».

CE QU'IL ADVINT DES ÉDIFICES ET ORDRES RELIGIEUX
*  le couvent des Capucins [à l'emplacement de l'actuelle Maison de la Presse et bâtiments adjacents dont façades rue Général de Gaulle ; l'actuelle "Place de la République" s'est longtemps appelée "Place des Capucins"] : avait été le siège du tribunal du district puis vendu.
 
* le couvent des Visitandines [actuel "Grand Hôtel"' cloître toujours visible dans la cour intérieure] : lui aussi vendu, devint hôpital (jusqu'en 1865) ; les Sœurs de la Visitation furent envoyées dans tout le département comme institutrices.

* le couvent des Ursulines [sur la place de l'actuelle église] : ses religieuses assuraient gratuitement l'instruction des jeunes filles ; chassées pendant la Révolution, leur église devint, en 1802, le lieu du culte catholique de Bellevue-les-Bains et accueillit une cloche de l'église Saint-Léger. L'église actuelle fut construite en 1881.

* l'église St-Léger, qui avait été "Temple de la Raison", fut démolie. Le Docteur Philippe Mouteau, (voir § : "Les médecins vantent les thermes de Bourbon-Lancy, les gens illustres s'y font soigner") grand artisan de la mise en valeur des eaux thermales de Bourbon-Lancy, souhaita reposer sur place ; à cet effet, il acheta et fit réparer à ses frais la chapelle de St-Léger, où il fut inhumé en 1695 ; une plaque de marbre recouvrait sa tombe et fut remise à sa famille lors de la démolition, à la Révolution, d'église et chapelle ; perdue en 1850, retrouvée en 1930 grâce à la recherche de Max Boirot, elle est entreposée au musée St-Nazaire, avec le mortier, outil de travail du même Dr Mouteau.

* l'église St-Martin fut, elle aussi, démolie. Elle fut fondée par des précurseurs du christianisme en Gaule ; c'était la plus ancienne église de la ville, rien n'en subsiste.

* la collégiale Notre-Dame brûla, en avril 1796 ; elle fut achetée deux ans plus tard par le Docteur Philibert Fillion, médecin en la ville ; lors de sa démolition, des reliques furent trouvées qui furent données à l'église de St-Aubin [où elles se trouvent encore].

* l'église Saint-Nazaire : un prieuré la jouxtait ; consacrés conjointement à St-Celse (voir § : "Borbo désigna la ville puis nomma son seigneur"), ils furent fondés en 1030 par Anseide Borbo(n), l'année de sa mort ; de l'ordre de St-Benoît, il dépendait de l'abbaye de Cluny. C'était là qu'officiait le prieur J.-J. Gouttenoire, que les révolutionnaires avaient emprisonné puis relâché ; il abrita en son église des prisonniers de guerre russes et espagnols, malades du typhus et qu'il soigna jusqu'à en mourir (mars 1812).
Plusieurs morts y reposent, [sous les dalles, dans un tombeau du XIIIème , dans une stèle funéraire de l'époque romaine] ; le prieuré qui était accolé à l'église fut démoli peu après sa vente, en 1790. L'église désaffectée fut convertie en musée, dont nombre de pièces ont été vendues, volées, dispersées (en 1981, Mme Colomier, archéologue amateur des "Amis du Dardon", réorganisa les vitrines, étiqueta les objets).

 * la collégiale St-Nicolas de la Prée-sous-Arcy : fondée en 1289 par l'évêque d'Autun, pillée par les Huguenots en 1567, les Seigneurs d'Arcy y furent enterrés ; l'église fut démolie en 1757.

FUSION DE L'HÔPITAL "DES PÈLERINS" OU "SAINT-JEAN" ET DE "L'HÔPITAL DES EAUX MINÉRALES"
Il y eut un hôpital à Bourbon-Lancy dès le XIIème siècle, époque probable de sa création ; alors situé rue St-Jean [actuelle rue du Commerce], il fut appelé "des Pèlerins" ou "St-Jean" et comportait une léproserie en annexe (voir § : "la léproserie de Saint-Denis"). Reconstruit en 1427 par Guillaume de la Trémoille, baron de Bourbon-Lancy et Sénéchal de Bourgogne, il fut, en 1755 et par décision royale, réuni à l'Hôpital des Eaux minérales, lui-même fondé en 1697 (voir § : "Pingré de Faravilliers fonde l'Hôpital des Eaux") ; des Sœurs de la Charité, de Nevers, assuraient le service. En 1803, Bonaparte décréta la fermeture de l'Hôpital des Eaux minérales [probablement situé à l'emplacement de l'actuel "Hôtel des Thermes" mais aucun vestige n'en atteste]

XIXème RELANCE DU THERMALISME
Les Thermes, délaissés par leurs riches clients, que la Révolution avait poursuivis, périclitaient. Il fut décidé de la reconstruction d'un établissement thermal, sur les ultimes vestiges des thermes romains et de l'ouverture du Nouvel Hôpital des Eaux, dans l'ancien couvent des Visitandines (voir § : "Ce qu'il advint des édifices et ordres religieux"). en 1825, on poursuivit l'édification de bâtiments dans l'enceinte de l'établissement thermal ainsi que la construction d'un nouveau bassin ; la relance du thermalisme était en cours ; la ville comptait 4500 habitants, accueillait 2000 curistes par an et tâchait d'être plus attrayante encore.

LA PISCINE COUVERTE DANS LE PARC
Une piscine couverte fut réalisée en 1845, sur les plans de Gauthey. Elle fut construite dans le parc, éclairée par une verrière, parée de colonnes, mosaïques..., alimentée en eau des sources à 28 à 30°. Un maître de natation veillant, la "piscine de natation" était ouverte chaque jour, tant à la population qu'aux curistes, les matins aux femmes et les après-midis aux hommes.
L'Hôpital était propriétaire des thermes comme de la nouvelle piscine et il en percevait les bénéfices ; on ignore ce que rapporta la piscine, on sait seulement qu'elle ferma en 1910.

LA PISCINE DEVIENT USINE D'EMBOUTEILLAGE D'EAU THERMALE
Deux ans plus tard, rebaptisé "Embouteillage", le bâtiment de la "piscine de natation", réaménagé avec chaîne de bouteilles et instruments nécessaires, est devenu une usine d'embouteillage de l'eau thermale gazéifiée du "Lymbe", destinée aux digestions difficiles et de celle de la "Reine", naturelle et prescrite aux "cardiaques, goutteux et rhumatisants". La mise en bouteille se faisait depuis longtemps mais à cette période, la production atteignit les 3 000 bouteilles annuelles. Un tiers environ de ces boissons étaient consommées "sur place", à l'Hôtel, le reste étant expédié, par la gare du Fourneau.

LE GRAND HÔTEL, LE CASINO, LA SALLE DES FÊTES
Dans le but de remettre à la mode la station, accompagnant la remise à neuf des thermes, la construction du Grand Hôtel fut engagée, dans le splendide parc, à l'initiative de la société anonyme des thermes de Bourbon-Lancy qui venait d'obtenir la concession de l'établissement thermal et des sources. En 1880, ouvrait le Grand Hôtel, meublé à neuf, 68 appartements, une immense salle à manger et des salles de billard, de bal, de lecture et de jeux. Le 30 mai 1880, eut lieu la soirée d'ouverture au « Casino des thermes de Bourbon-Lancy », le grand salon du Grand Hôtel ayant été rebaptisé ainsi pour la circonstance. Nobles et bourgeois, curistes et accompagnateurs de personnes en soins le fréquentaient et leur préférence allait au "jeu des petits chevaux" ; il y avait aussi un " jeu de baccara", ces jeux n'étant pas ouverts au public mais aux seuls pensionnaires du Grand Hôtel ; plus tard, un "cercle" sera créé afin que les notables locaux puissent en profiter.
Au début du XXème siècle, la "saison" allait de mi-mai à mi-octobre ; la population de Bourbon-Lancy comptait environ 4250 habitants et il venait entre 1600 et 2000 curistes par an ; le terme de "cure" ne sera d'ailleurs officiellement applicable qu'après l'arrêté ministériel du 02/07/14 accordant à la ville la qualité de « station hydrominérale ».
Outre les jeux et les courses hippiques de Sornat, les "visiteurs" appréciaient aussi les concerts, le cinéma, les spectacles... et réclamaient une salle des Fêtes, pour laquelle on fit faire un projet à l'architecte lyonnais J.-M. Morin, mais il s'avéra hors de prix. Vers la même époque, sur la plainte d'un joueur, magistrat à Saint-Pol, les jeux furent mis aux normes et placés sous surveillance. D'autorisations retirées en permissions rendues, les jeux se déroulaient... plus ou moins régulièrement !
en 1914, le même bâtiment qui avait été "piscine", puis "embouteillage" devint "salle des fêtes", ce qui fut peint sur sa façade ; un plancher fut posé au-dessus du creux de l'ex-bassin, les tables de jeu furent installées à l'entrée, un second jeu de boule fut autorisé. Les directeurs de l'usine de machines agricoles Puzenat inaugurèrent la salle par un banquet offert à leurs 300 ouvriers, à l'orée de l'été 1914.
Les jeux furent interdits en 1920. E
n avril 1924, arriva une très riche femme, Mme veuve Anne Raquillet, qui racheta la majorité des parts de la société des thermes et, en 1930, était à la tête de plans et devis de grandioses projets de modernisation de l'établissement thermal et du casino en dancing et attractions, le nouveau casino devant se situer tout près de la salle des fêtes.
La salle des fêtes flamba dans un spectaculaire incendie, en été 1934 ; les bonbonnes de gaz qui servaient à l'embouteillage, restées stockées là, explosèrent, la maîtrise de la pompe à incendie ne fut pas parfaite, seules des ruines subsistèrent. La prime versée par l'assurance incendie, ajoutée à un emprunt cautionné par l'Hôpital permirent la reconstruction de la salle, au-dessus de la première, le plancher de la nouvelle reposant sur le haut des colonnes de l'ancienne. Il fut, de plus, aménagé au-dessous, une salle d'animation réservée aux curistes [tout est en l'état aujourd'hui].

LE NOUVEAU CASINO
Un nouveau Casino avait donc déjà été rebâti non loin de là, dans le parc. Il avait ouvert des salles de baccara, de boule, de chemin de fer, de whist, de piquet, de bridge, les touristes s'y retrouvaient. Ayant subi de terribles dégâts pendant la guerre, il "reprit vie" en diversifiant ses vocations : ouvrant pour accueillir foule et officiels en quelques occasions, subventionnant diverses manifestations sportives. De très bonnes représentations théâtrales étaient données, il y avait cinq séances de cinéma par semaine, des concerts d'orchestres.... Le Casino assurait l'animation de la station. En 1965, des travaux de rénovation furent faits, M. Jean Voisin prit sa retraite de la direction de la société thermale, qu'il avait assumée pendant pratiquement vingt ans. L'hôpital d'Aligre, toujours propriétaire de l'établissement thermal, du Grand Hôtel et du Casino étudia diverses propositions quant aux indispensables mutations dans ces activités ; il était évident que les curistes avaient changé, ceux d'alors venant plus pour se soigner que pour chercher dépaysement et distractions. L'innovation consista en l'introduction, dans les protocoles de soins, d'applications locales de boues. Le Casino s'ouvrit aux réunions et congrès et adopta une formule discothèque afin d'attirer une clientèle de jeunes ; des travaux d'embellissement et d'aménagement des abords furent réalisés (jeux d'enfants, parking, second cours de tennis à St-Prix). La salle des fêtes fut rénovée par la ville en 1973, la destinant à la location aux sociétés locales, hors période thermale et à l'utilisation par le Casino, pendant les "saisons". L'activité du Casino déclinait malgré une progression du nombre de curistes ; la situation était loin d'être florissante lorsque la directrice et des employés furent inculpés de «dissimulation de produits de jeux» et l'autorisation d'ouverture refusée pour le printemps 1980 ; diverses tentatives de relance échouèrent, il ferma définitivement en décembre 1986.

LES MARQUIS D'ALIGRE, FONDATEURS DE L'HÔPITAL D'ALIGRE
Etienne Jean François Charles, marquis d'Aligre, né le 20 février 1770, à Paris, fut veuf à 23 ans. En 1810, il épousa en secondes noces Mlle de Pontcarré, petite-fille de Jean-Baptiste des Galois de la Tour (voir § : "Châteaux de Bourbon-Lancy et Saint-Aubin"). Le père du marquis et la grand-mère de Mlle de Pontcarré étaient frère et sœur, des Aligre, vieille famille de magistrats originaires de Chartres. Les marquis d'Aligre séjournaient souvent à St-Aubin et dépensaient peu pour eux. La marquise était réputée bonne et charitable. Elle mourut en 1843 et fut enterrée à Chartres (dans l'asile d'Aligre qu'elle et son époux avaient fondé) ; elle légua une somme importante à l'Hospice de Bourbon-Lancy ; la statue en argent de la Marquise faisait partie du legs, ainsi que des bijoux, de l'argenterie, des meubles, immeubles, titres. [Cette statue, réalisée par l'orfèvre royal Odiot, est dans le grand escalier de pierre d'une des ailes de l'hôpital].Reconnaissant de la donation de la marquise, le maire de Bourbon-Lancy, Lazare Compin, alla à Paris remercier le marquis, Pair héréditaire de France, se trouvant désormais à la tête d'une colossale fortune. En 1847, le marquis décéda ; son testament, remanié en 1844, transférait des dons, initialement destinés à des hôpitaux de Chartres, à l'Hôpital de Bourbon-Lancy.
Reconnaissant de la donation de la marquise, le maire de Bourbon-Lancy, Lazare Compin, alla à Paris remercier le marquis, Pair héréditaire de France, se trouvant désormais à la tête d'une colossale fortune. En 1847, le marquis décéda ; son testament, remanié en 1844, transférait des dons, initialement destinés à des hôpitaux de Chartres, à l'Hôpital de Bourbon-Lancy [l'inscription «Fondation d'Aligre MDCCCXLVI», gravée au tympan de la chapelle, rappelle le legs]. C'est ainsi que débuta, en 1851, la construction du nouvel établissement hospitalier de Bourbon-Lancy, fait de pierres et de briques, situé sur la colline proche de l'hôpital existant, l'accès se faisant par une belle allée plantée de platanes. Son plan forme un "H", une chapelle en est le centre, en son chœur, repose le marquis. Un service de cures thermales y sera adjoint. [Les statues en bronze de la marquise et du marquis d'Aligre sont visibles dans la cour, de part et d'autre du portail d'entrée]. en 1865, les malades sont transférés dans l'hôpital-hospice neuf auquel on donne le nom d'Aligre.
En 1945, l'entière rénovation des ailes latérales et des thermes fut réalisée et la maternité rendue fonctionnelle. En 1963, toujours propriétaire de l'établissement thermal, l'hôpital signe une convention avec une nouvelle société thermale et d'importantes rénovations sont prévues pour le Grand Hôtel et les Thermes. En 1973 fut inaugurée une Maison de Retraite dont la réalisation résulta d'une concertation entre responsables de l'hôpital et de la Sécurité Sociale et élus locaux [elle est aujourd'hui nommée "Maison de Retraite Indépendante", car architecturalement séparée du bâtiment en "H" auquel sont, par contre, accolés la "Maison de Retraite Intégrée" et le service de Long Séjour, construits et ouverts respectivement en 1990 et 1992]. Les services de Médecine et Convalescence [maintenant nommé "Moyen Séjour"] furent plusieurs fois rénovés, modifiés, et finalement déplacés dans l'aile Est, en 1999, après rénovation totale du corps de bâtiment. Les travaux se poursuivent par tranche et dans le respect du style original des bâtiments (l'aile Ouest est, en février 2001, à la veille de sa réouverture et abritera le domaine administratif).


FERDINAND SARRIEN (1840-1915) : DE MAIRE À  MINISTRE

Ferdinand Sarrien vint au monde le 15 octobre 1840, à Bourbon-Lancy. Fils d'une modeste famille -son père était tanneur- mener à bien ses études de Droit, à Paris, ne fut pas facile mais il y parvint et en 1864, il était inscrit au Barreau de Lyon. Pendant la guerre de 1870 il fut blessé, sa bravoure lui valut d'être décoré.
La IIIème République fut proclamée le 4 septembre 1870. En 1871, maire et conseiller général, Ferdinand Sarrien affirme ses convictions républicaines. Le Président de la République, Mac-Mahon, lui retire son mandat de maire, qu'il retrouvera en 1876. Avec Gambetta et Clémenceau, il lutte contre les monarchistes et, en 1886, alors qu'il est Ministre de l'Intérieur, il fait expulser les royalistes (en application de la loi). Ministre pour la première fois en 1885, à la Poste, il amena à Bourbon-Lancy la construction d'un beau bureau de poste et l'attribution de places de facteurs à des habitants du canton. Ministre de la Justice, en 1898, il fait rouvrir le dossier Dreyfus, dont "l'Affaire" agite le pays depuis quatre ans ; aucun Républicain ne se satisfait de la grâce présidentielle accordée ; en 1906, alors qu'il est Garde des Sceaux, Ferdinand Sarrien fait amnistier et réintégrer Dreyfus dans l'Armée. Le 10 mars 1906, le Président Fallières charge Sarrien de former un nouveau gouvernement. L'application de la loi de décembre 1905 sur la séparation de l'Eglise et de l'État provoque des émeutes sanglantes ; avec une fermeté compréhensive, le gouvernement Sarrien restaure la paix sociale. De mai à octobre 1906, Sarrien est président du conseil ; en 1908, il devient sénateur ; il meurt à Paris en novembre 1915, ses obsèques civiles ont lieu à Bourbon-Lancy. Radical, ardent défenseur de la République, les milieux modestes se reconnaissaient en lui et l'encourageaient, des chansons avaient été composées à la gloire du candidat Sarrien aux élections, qu'artisans et commerçants reprenaient et diffusaient. [Outre le "Château Sarrien", le nom de l'homme politique bourbonnien a aussi été donné au Collège d'Enseignement Secondaire de la ville et à une avenue ; son buste, inauguré en 1933, le même jour que le pont du Fourneau, est face à l'entrée du collège, dans un petit triangle de verdure fleuri].
 

LE PONT DU FOURNEAU
en 1835 avait été inauguré le pont du Fourneau. Les usagers du port réclamaient depuis longtemps de pouvoir passer à pied d'une rive à l'autre de la Loire, de Bourgogne en Auvergne et inversement ; cet ouvrage à deux voies, long de 85 mètres, comprenait un péage pour le passage . Onze ans plus tard, ébranlé par des crues violentes, il dut être fermé. En 1849, un pont à deux voies lui aussi, suspendu cette fois-ci, long de 115 mètres, remplaça le premier et résista aux grosses crues et aux passages des véhicules lourds... jusqu'au 15 novembre 1918 où un camion américain et son chauffeur entraînèrent la chute de l'édifice. En décembre 1918, le Docteur Pain, maire de Bourbon-Lancy, avec l'appui du sénateur-maire de Vitry-sur-Loire, M. Chopin, déplorèrent les restrictions de circulation imposées par la fragilité du pont rafistolé ; la mise au point d'un nouveau projet de pont fut confiée à Jacques Rerolle, jeune ingénieur des Ponts et Chaussées (né en 1901, dans le canton de Bourbon-Lancy), aidé de l'ingénieur Pelletier, son adjoint. Le plan nécessita deux années de mise au point. Ce devait être un ouvrage en béton large de 6 mètres avec un trottoir de chaque côté, long de 230 mètres, comportant 5 arches et reposant sur 4 piles. L'entreprise Debachy, spécialisée en génie civil et travaux hydrauliques fut chargée de la réalisation, qui se fit à côté de l'ancien pont [c'est l'actuel pont, toujours dit "du Fourneau"].A la fin des travaux, la résistance de l'ouvrage d'art fut testée "en charge", 16 camions y étant amenés simultanément ; selon le document officiel attestant de l'épreuve, «il s'est parfaitement comporté». L'inauguration fut faite le 10 octobre 1933 par M. Danielou, ministre de la Santé Publique ; le maire de Bourbon et son adjoint : Messieurs Pain et Turlier, y assistaient ainsi que les sous-préfets de Charolles et Autun, des sénateurs -dont M. Chopin-, des députés -dont le député-maire de Moulins, M. Boudet-, l'ingénieur en chef Wahl, des conseillers généraux et un public nombreux. Les Harmonies Municipale et de Vichy jouèrent, des discours furent prononcés, les enfants des écoles étaient de la fête, il y eut dépôts de fleurs aux monuments aux Morts et à celui de F. Sarrien (voir § : "Ferdinand Sarrien [1840-1915], de maire à ministre") puis réception du ministre par le directeur de la station thermale.
Le jour de l'inauguration de son œuvre, l'ingénieur Rerolle était absent. Avec le pont du Fourneau, il avait débuté une carrière qui fut brillante et longue. En 1944, il fut chargé de la reconstruction des ponts de Lyon, détruits et du tunnel de la Croix-Rousse, les tunnels le passionnaient. Il fut enterré le 25 janvier 1995, à 8 km de Bourbon-Lancy, à Vitry-sur-Loire.

D'UN JARDINET AU "CHÂTEAU PUZENAT"
De janvier 1757 à décembre 1834, de Jean-Marie Pinot, médecin du roi à Charles Repoux, puis de Jacques Repoux -fils de Charles- officier de Louveterie à Gaspard Pinot, médecin comme Jean-Marie, son père ; puis de Marie-Rose Pinot, fille de Gaspard et épouse de Jean Alban Marion, médecin à Lormes, à son frère Antoine Pinot, médecin à Bourbon-Lancy : ce qui n'était au départ qu'un jardin, sis à l'angle des rues du Tourniquet et Touchebœuf, s'est bâti d'une imposante habitation et de dépendances dont une loge de concierge et divers abris, s'est agrandi de jardins, vignes, en direction de St-Léger. En septembre 1839, le Docteur Philippe Marie Robert, médecin à Bourbon-Lancy, a acheté la maison du bout de la rue des Bains et des terrains attenants, contigus à ceux de la propriété de la famille Pinot, à laquelle il les revend, en 1860, par le biais de Louis (Antoine Jean Marie) Pinot, maire de Bourbon-Lancy de juillet 1856 jusqu'en août 1865, successeur de Lazare Compin. La fille de Louis épouse Emmanuel Carrelet de Loisy en juillet 1877, ils auront trois fils. A la mort de Mme de Loisy, ses mari et fils vendent ce qui est devenu une superbe propriété et dont la maison d'habitation est appelée "château". L'acte de vente du 7 août 1905 à Claude Amable (dit "Claudien") Puzenat énumère les éléments de la propriété : «[maison de maître : cave, rez-de-chaussée, 2 étages, mansardes ; pavillon de 2 étages, dépendances, loge de concierge où habite le jardinier et ouvrant sur l'avenue de la République, mobilier de jardin et jardinage, maison rue des Bains, parc ; le tout clos de murs ou grillages ; contenance 6 ha 87 a 74 ca]» [le tout étant visible et la promenade dans le parc, possible].
A la naissance de chacun de ses enfants, Claudien Puzenat fit planter un cèdre dans le parc du château [il y en a donc trois]. L'entretien de cette splendide propriété était très onéreux et des problèmes de succession se posèrent inévitablement ; c'est ainsi que, François l'habitant -fils de Claude, frère d'Emile et Elisabeth-, sa vente fut décidée par la famille Puzenat en 1968 et des tractations s'engagèrent avec la Ville qui durèrent plusieurs mois, le prix demandé étant de 100 millions de centimes.
Le château, ses communs, son parc, sont rachetés par la ville de Bourbon-Lancy, le 30 décembre 1969. Il fut décidé d'en faire un Centre Social. A compter de l'été 1973, un "centre aéré" accueillit plus d'une centaine d'enfants pendant les "grandes vacances" puis ouvrit "l'accueil périscolaire" La directrice, Yvette Pacot soutenue par une ex-enseignante conseillère municipale, Mme Colomier, diversifièrent les activités : vestiaire des costumes des diverses manifestations pour location à la demande, stages divers...
. Puis la cuisine centrale des restaurants scolaires de la ville fut installée au sous-sol.
Un incendie criminel, le 10 décembre 1995 causa d'énormes dégâts. Le château fut reconstruit fidèlement et son inauguration eut lieu le 20 septembre 1997 en présence de membres du conseil régional et de la chambre de commerce, du député et son suppléant, du sous-préfet et du conseiller général, de la municipalité et de nombreux invités dont un descendant de Claudien Puzenat.

DE LA FORGE D'ÉMILE PUZENAT À L'USINE PILOTE DU GROUPE IVECO
Émile Puzenat, forgeron comme son père, parcourait le canton, réparant dans chaque ferme tandis que son épouse, Augustine, tenait un magasin de petit outillage (faux, faucilles, chaînes d'attelage...) et qu'un ouvrier travaillait à la forge, située en haut de l'avenue de la République.
Le Charolais était en mutation, réduisant les cultures pour convertir les terres en pâtures où engraissaient les bœufs pour la boucherie. La main-d'œuvre agricole devint ouvrière de l'artisanat rural : fours à chaux, à plâtre, moulins à blé, tanneries....
Aux grandes fêtes qu'étaient les comices agricoles, cohabitaient les expositions de bovins et de matériel agricole. Celui de Bourbon-Lancy fut créé en 1865, le 8 septembre. Fruits du sens pratique et de l'ingéniosité d'Émile, ses machines recueillaient bien des suffrages et connurent leur première consécration en 1874, au concours de Mâcon avec la «herse en Z» et le premier prix en 1878 à l'Exposition Universelle. L'atelier familial devint petite entreprise, le magasin, lui aussi, élargit la gamme des produits proposés. En 1882, le premier râteau tracté par cheval, baptisé «Lion» fut présenté et comme toutes les créations Puzenat, il était évolutif, pouvant être équipé différemment selon le type de semailles à effectuer, celui du sol à travailler... ; perfectionné, il deviendra «Lion Supérieur» et au début du XXème siècle, sa production représentera 70% de la production totale Puzenat. Le 15 août 1893, Ferdinand Sarrien, alors ministre de la Justice (voir § : "Ferdinand Sarrien [1840-1915]:de maire à ministre"), décore Émile Puzenat de la Légion d'Honneur pour sa contribution au rayonnement de la ville. Michel Sarrien, neveu de Ferdinand, maire de la commune, dans le discours d'ouverture de la fête, célèbre la «victoire commerciale et industrielle» de l'entreprise. Neuf brevets furent déposés cette année-là puis d'autres, concernant l'amélioration de l'efficacité et du confort de travail des herses, houes, charrues, rouleaux, brise-mottes... ; un nouveau nom était attribué à chaque nouveau modèle pour le différencier de l'outil initial, «Lion» devenant «Tigre», «Colonial»..., un semoir «Germinal»... [hommage fut rendu à ces outils et à leurs inventeurs par l'attribution de leur nom à des rues de Bourbon-Lancy : rues "Floréal", "Prairial", "avenue Claude & Émile Puzenat"].
Une "réclame" de l'époque vantait le succès des productions des «Constructeurs Émile Puzenat et Fils, Ingénieur des Arts et Manufactures à Bourbon-Lancy (Saône-et-Loire)». Cette réussite rendit indispensable l'expansion, donc la délocalisation de l'atelier. Aux Forges, quartier proche de St-Denis, fut bâti l'atelier "numéro 1". en 1910, un local séparé pour la peinture et l'atelier "numéro 2" étaient fonctionnels ainsi qu'une écurie pour les chevaux -qui conduisaient les machines à la gare du Fourneau- et un réfectoire pour le personnel. L'usine Puzenat employait alors 250 personnes de la région, ses cadres étaient issus des formations et promotions internes, ses productions et organisations étaient vantées dans diverses publications. Pendant la guerre de 14-18, des mobilisés furent « rappelés et détachés comme ouvriers à l'usine Puzenat » qui usina des obus de 75 en sus de ses productions habituelles. Émile Puzenat mourut en juin 1919. Peu avant, il avait accepté le projet de Claudien de faire édifier à 15 km de Bourbon-Lancy, à Sept-Fons, une fonderie qui fournirait à l'usine la "matière première" indispensable.
Claudien devint seul patron de l'usine et choisit judicieusement des collaborateurs issus de l'entreprise  : Henri Turlier, entré adolescent, en 1893, devint "directeur général" vers 1920 ; M. Grouillet, lui, devint "directeur technique" ; conformément à "l'esprit-maison", c'est parmi des gens de la région qu'ils choisirent des auxiliaires compétents. Dans le cadre de la relance économique de l'après-guerre, qui générait un accroissement de la demande en matériel agricole, l'établissement prospéra. Il eut besoin d'embaucher des ouvriers, d'acheter des machines, d'agrandir les ateliers et de trouver de la fonte en grande quantité. Le nombre d'ouvriers ne cessait de s'accroître : 314 en 1912, 650 puis 780 entre 1920 et 1923. La main-d'œuvre manquait localement, c'est ainsi qu'on fit appel à 300 Polonais ; ils arrivaient à la gare du Fourneau, munis de contrats d'un an, renouvelables ; ils étaient logés dans des constructions sans confort réalisées par l'entreprise Puzenat, aux Forges. La manufacture bourbonienne était mondialement connue, avait obtenu les Grands Prix des Expositions Internationales de Rio de Janeiro, Madrid, Turin et Barcelone entre 1922 et 1929 [les récompenses obtenues par l'entreprise Puzenat sont détaillées et un tableau réunissant les nombreuses médailles a été réalisé ; ils sont visibles à Bourbon-Expo, rue Gabriel Pain, ainsi qu'une rétrospective des machines agricoles Puzenat depuis 1874, leur première consécration]. Elle n'avait pas assez de logements pour tous ses ouvriers et en fit construire plus de 400 ; ainsi naquirent les «cités», entre 1923 et 1927 [dont les maisons furent améliorées , aménagées par leurs occupants puis vendues à leurs locataires au cours des années 80 ; elles sont situées entre la rue Bon-Vent et Chanteau, Saint-Denis, les rues du Colombier et Merlette, aux Forges aussi]. Une boucherie, une garderie et un jardin d'enfants furent ouverts. Les ateliers furent encore agrandis, d'autres créés, les lignes de chemin de fer locales assurèrent le transport de tonnages de matériel jamais atteints (18.000 tonnes transitèrent par la gare du Fourneau en 1924).
De tous temps, la fonte arrivait des Ardennes ; délais et coûts sen trouvaient allongés. Sur les 10 ha acquis à Sept-Fons, près de l'abbaye et du canal latéral à la Loire, les travaux de construction envisagés par Claudien et Émile Puzenat débutèrent en 1919 sous l'égide de l'ingénieur des Arts et Métiers Cailley, conseillé par des ardennais. La fonderie démarra en 1921, fut agrandie en 1926 et au fur et à mesure des nécessités de l'entreprise de Bourbon-Lancy, passa aux fontes aciérée (en 1932) puis malléable (en 1945).
en 1926, Bourbon-Lancy, 4 483 habitants, est "capitale industrielle" grâce à sa «Manufacture Centrale de Machines Agricoles C. Puzenat». Émile Puzenat, 21 ans, fils de Claudien pense lui succéder un jour. Le Docteur Pain est alors maire de la ville, Henri Turlier -directeur général de l'usine Puzenat- est un de ses adjoints. Le paternalisme est, à l'époque, commun chez les patrons d'entreprises ; ainsi, les fins d'années, celui de l'usine a coutume de recevoir, devant son château, les pères de familles nombreuses et de leur remettre quelqu'argent pour étrennes ; le 17 novembre 1930, il invite tout le personnel de l'usine pour le mariage de sa fille, mobilisant toutes les salles de Bourbon-Lancy, dont celle de l'ancien Casino St-Léger.
Une brigade de gendarmerie à cheval assure l'ordre dans l'agglomération, alimentée par une usine à gaz et dont l'assainissement par construction d'égouts est en projet. Les liaisons entre Bourbon-Lancy et "partout ailleurs" sont assurées par le chemin de fer et l'autocar.

La première fabrique de machines agricoles françaises ne put éviter de licencier parmi ses 1.000 ouvriers lorsque les effets de la crise économique mondiale de 1929 se firent sentir. En 1932, la moitié de l'effectif du personnel de l'usine fut licenciée et les horaires de travail qui étaient, en 1930, de 60 heures/semaine en 6 jours, passèrent à 30 heures/semaine. La relance vint de l'innovation ; un ouvrier passionné, M. Veillerot, soutenu et assisté par diverses équipes techniques, fut à l'origine de nouveaux matériels : faucheuse, lieuse, extirpateur, dont les commandes firent réembaucher dans l'entreprise.
Décembre 1935 marqua le début d'une ère nouvelle pour la manufacture Puzenat. Henri Turlier quitta son poste de directeur général pour se consacrer à ses mandats d'élu : maire, conseiller général et sénateur (Messieurs Pain et Chopin étaient décédés peu auparavant).

A 30 ans, Émile Puzenat dut donc prendre la direction générale de l'entreprise fondée par son grand-père et ce, juste avant les élections de 1936. Ces législatives de 36 furent un bouleversement ; elles présidèrent à l'élection du socialiste S.F.I.O. Jean Laville, de Gueugnon et à la victoire du Front Populaire avec la mise en place du gouvernement dirigé par Léon Blum. Conséquence des puissants mouvements de grève qui s'étaient étendus à la France entière, les "accords de Matignon", signés le 7 juin 1936, concédèrent d'importants avantages aux ouvriers : deux semaines de congés pour tous, 40 heures de travail /semaine, des lois sur les conventions collectives et les délégués du personnel, la réduction des abattements d'âge pour jeunes travailleurs. Émile Puzenat décida d'appliquer sans attendre les 40 heures de travail hebdomadaire et les congés payés à ses 1 200 cadres et ouvriers. A cette époque le catalogue Puzenat proposait plus de 35 articles, des herses aux râteaux en passant par les moissonneuses...
Le syndicalisme avait été actif dans l'usine dès 1918 puis s'était éteint au fil des nominations des différents responsables à des postes de chefs d'ateliers... en mars 1937, il redevint plus organisé, des délégués du personnel furent élus, des manifestations organisées, en relation avec les conditions de travail, les licenciements ; lorsque la situation de l'entreprise se dégrada et qu'elle dut déposer son bilan et massivement licencier, les responsables syndicaux ayant incité à la grève furent congédiés en priorité.
Les problèmes de trésorerie s'aggravèrent néanmoins et le renflouement par la banque Worms s'accompagna du placement d'un de ses hommes, M. Verdier, à la direction, tandis que la S.A.R.L. Puzenat devenait Société Anonyme, le 23 septembre 1940, avec Claudien Puzenat pour P.D.G.
La guerre fut cause de l'organisation, dès décembre 1939, par M. Berthelon, d'un atelier à forger les obus, puis des corps de bombes pour avions qui, tous, furent récupérés par les occupants. Après l'armistice de juin 40, la production de machines agricoles reprit au ralenti, celle de grenades, obus, fourgons aussi, pour les Allemands. En juin 1941, un quai et une voie ferrée furent construits dans l'usine-même, améliorant le transport jusqu'alors assuré par navettes hippomobiles entre usine et gare du Fourneau ou port de Garnat.
Au titre du S.T.O., des ouvriers furent envoyés travailler en Allemagne, en 1942 et jusqu'en janvier 43 ; les diffusions par hauts-parleurs dans la cour de l'usine des messages du gouvernement de Vichy enjoignant aux ouvriers de se soumettre aux réquisitions de travail obligatoire pour l'Allemagne n'aboutirent ensuite qu'à inciter les gens à se cacher.
La Résistance locale placardait nuitamment dans l'usine des affiches et des tracts ; l'usine évoluait vers la résistance à l'envahisseur.
La pénurie de personnel masculin fit embaucher des femmes et des jeunes ; pour qualifier la nouvelle main-d'œuvre, l'école d'apprentissage fut créée, en 1940. Bourbon-Lancy fut libéré le 7 septembre 1944 ; la liesse populaire dura plusieurs jours, un drapeau tricolore fut hissé au sommet de la cheminée de l'usine Puzenat. Les productions de remorques et cuisines roulantes reprirent, à nouveau destinées à l'Armée française.
En février 1945, une loi institua les comités d'entreprise, d'importantes structures sociales furent alors mises en place, une caisse de solidarité créée, une retraite complémentaire pour les anciens ouvriers, les colonies de vacances, les Noëls des enfants et Anciens, une cantine et une «coopérative» -magasin de vente d'alimentation et divers produits courants- furent créés. De nouvelles machines (semoir, tombereau, déchaumeuse, moissonneuse...) sortirent et Sept-Fons se tourna résolument vers la production de fonte malléable.
L'année 1952 fut catastrophique, en novembre il y eut 180 licenciements et le mois
suivant, 400 employés furent contraints au chômage technique pour une durée indéterminée ; une manifestation syndicale virulente s'ensuivit avec rassemblement devant l'usine, défilé dans les rues, affichage partout alentour, réunions d'information ; les leaders de la contestation payèrent de leur place leur engagement et l'usine reprit le travail avec un effectif quasiment réduit des deux tiers. En avril 1954, une nouvelle grève générale à l'initiative de la C.G.T. paralysa l'entreprise ; M. Verdier, directeur, décida d'aller soumettre à la direction parisienne les difficultés de l'usine, jadis florissante. En 1955, M. Maslard, venant d'une fonderie de l'ouest, prit la direction de celle de Sept-Fons tandis que l'usine de Bourbon-Lancy s'engageait avec la «Société Industrielle de Mécanique et Carrosserie», S.I.M.C.A., pour faire des chaînes de rénovation de moteurs d'Aronde tout en poursuivant la production de machines agricoles. Claudien Puzenat mourut le 4 juin 1956.

Deux ans plus tard, l'usine portait le nom de S.O.M.E.C.A. ; M. Verdier partait, remplacé par M. Raith. Aux chaînes on fabriquait des tracteurs de divers types, des moteurs ; on produisait encore d'autres matériels mais l'évolution se fit vers le montage et la commercialisation de tracteurs de puissance croissante sur des chaînes de plus en plus mécanisées. Au Salon de 1961, des tracteurs très modernes mais aussi une presse et une récolteuse recueillirent tous les suffrages des visiteurs, satisfaisant pleinement la direction parisienne qui donna son feu vert aux transferts de la pignonnerie et du traitement thermique de la région parisienne à l'usine de Bourbon-Lancy. Celle-ci prouva sa capacité à manier la haute technicité, comme l'avait affirmé M. Henri Berthier, chef de fabrication, lorsqu'il avait œuvré pour obtenir ces transferts.

Les innovations en matière de chaînes de montages étaient incessantes ; tandis que la production du tracteur «Som 20» était transférée à Fiat,en Italie, des gammes très étendues de tracteurs et machines agricoles destinées à la culture, la moisson en passant par la fenaison et les battages étaient produites ; elles l'étaient sous le nom de «Simca Industries», dont M. Thoby était directeur général. En 1964, le tracteur Someca, de 65 chevaux, le «612», est présenté au 35ème Salon de la Machine Agricole, à Paris ; les tracteurs Someca représentent alors presque 13 % de la production française. En 1965, Messieurs Raith et Aumaillet sont codirecteurs ; 750 logements sont loués aux employés par l'usine et dix cars assurent les transports de 500 ouvriers chaque jour ; une centaine de candidats postulent chaque année à l'entrée à l'École Technique. Les désordres de mai 68 stoppant les approvisionnements de l'usine, son activité fut très réduite pendant trois semaines puis reprit sur la lancée de sa production croissante.

Devenue «F.F.S.A. SOMECA» peu auparavant, l'entreprise inaugure, en novembre 1969, sa «Succursale», "vitrine" de ses productions locales, affirmation de la vocation de Bourbon-Lancy à produire du matériel agricole. «[Lorsque l'usine va, la ville va bien]», dit le maire-adjoint dans son discours. Le bon fonctionnement de l'entreprise contribua très largement à l'accroissement de la population locale. Mais au changement de décennie vont correspondre des modifications d'importance ; les immatriculations de tracteurs Someca diminueront d'un tiers par rapport à 1969. Fin 1970, se faisant l'écho de la décision de la direction générale, M. Verdillon, directeur, annonce le projet de reconversion de l'usine de Bourbon-Lancy, qui se concentrerait désormais sur la production de tracteurs alors que celle de machines agricoles serait transférée à Fourchambault (Nièvre).

en 1972, dix ans exactement après les accords entre Fiat et Someca, l'usine de Bourbon-Lancy est intégrée à la division Unic-Fiat ; elle se consacrera à l'avenir à la construction de gros moteurs de camions. M. Berthier devient directeur de l'usine et va réaliser, en deux ans, le transfert des constructions de machines agricoles à Fourchambault, celui des tracteurs en Italie ; puis le montage des chaînes des futures fabrications et la formation du personnel à ces nouvelles productions. Le premier moteur, le «X2000» (ou 8220) sort en mars 1975. Cette année-là naît le sigle I.V.E.C.O., groupe qui réunit technologies, capacités de production, vente et après-vente des Italiens (Fiat/Officina Mécanica/Lancia), Français (Unic-Fiat) et Allemand (Magirus-Deutz) avec vocation à produire des véhicules industriels. Entre 75 et 78, l'usine de Bourbon-Lancy  produisit des chariots élévateurs,des engrenages et des moteurs ; à partir de 76, les commandes de moteurs décrurent ; fin 78, M. Berthier quitta la direction de l'usine et M. René Lecerf, chef du personnel, prit sa retraite.

M. Guy Petit, qui reprit le poste de directeur, réorienta les stratégies et buts de l'entreprise : «restructuration et polyvalence» et «se mettre à l'heure de l'Europe». Des périodes successives de chômage dit "technique" alternèrent avec des semaines à temps de travail accru et le bilan de 79 fut positif. A l'automne 80, des grèves en Italie coupèrent les approvisionnements en pièces de l'usine de Bourbon-Lancy qui fut contrainte à douze jours de chômage. La rentabilisation d'Iveco passait inévitablement par une restructuration au niveau européen ; la production de chariots élévateurs fut transférée en Italie, celle de Bourbon-Lancy étant constituée de 65% de moteurs et le reste en engrenages. Il y eut bien des fluctuations dans l'activité de l'entreprise de Bourbon-Lancy, entre 81 et 84, la conjoncture internationale conditionnant les commandes de moteurs, qui devenaient l'activité principale du site. Il y eut encore des jours de chômage technique et des départs en préretraites : il y avait 1572 employés en 1980 et 1163 en 1985. Le passage aux 39 heures hebdomadaires et le droit à la cinquième semaine de congés payés intervinrent en 1982 ; en mars, couronnement des efforts de prévention et d'information auprès du personnel par le chef de la sécurité, M. François Guyet, l'usine reçut la "coupe de la sécurité".
La situation financière préoccupante d'Unic S.A., dès 83, amena son principal actionnaire, Iveco, à déclarer, début 84, par la voix de M. François Marc, P.D.G. d'Iveco France, qu'il fallait «alléger les structures».

Bourbon-Lancy dut son salut aux options prises par messieurs Marc et Petit, toutes tendant vers une modernisation tant de l'outil que de la technique de travail [et c'est toujours selon les techniques, alors innovantes, mises en place à ce moment-là qu'on y travaille aujourd'hui] :

En décembre 1986, une journée "Portes Ouvertes" attira plus de 5 000 visiteurs à l'usine métamorphosée, reconvertie à grand frais mais avec succès dans les technologies de pointe. On prévoyait que Bourbon-Lancy motoriserait 80 % des camions de plus de 17 tonnes du groupe.

Le 4 juillet 1987 eut lieu l'inauguration, en présence de 300 invités. Parmi eux : Cesare Romitti, président d'Iveco, administrateur de Fiat, et d'autres responsables italiens ; M. François Marc, P.D.G. d'Iveco France, et d'autres dirigeants du groupe, dont M. Guy Petit, artisan de la réorientation de l'entreprise ; il y avait aussi le préfet, le président du Conseil Régional, des Sénateurs, des Députés, le Maire de Bourbon-Lancy : M. Roger Luquet. C'était le début d'une ère nouvelle, la reconversion avait été totale et le but avoué en était de «gagner le combat des années 2000» ; 15 000 moteurs avaient été produits en 1986, 32 400 le furent en 1989.

En novembre 1989, M. Claude Chauveau prit la direction de l'usine. M. Petit devint administrateur et participa au développement industriel des années suivantes. Des incertitudes existèrent sur le lieu de ce développement : Bourbon-Lancy ? Angleterre ? Sicile ?
Bourbon-Lancy fut choisi et son usine est aujourd'hui un établissement pilote du groupe Iveco, une des plus modernes usines d'Europe.
La production des modèles de moteurs haut de gamme se fait dans une entreprise propre, qui respecte l'environnement par le traitement des rejets d'huiles, émulsions et eaux usées.

La formation aux nouvelles technologies -avec possibilité d'accéder aux baccalauréats et B.T.S.- est assurée par l'école technique intégrée ; elle se fait dans des promotions annuelles de vingt recrues, par concours et sortant de la 3ème des collèges.

La vocation agricole de la région avait motivé la création de la forge pour assurer l'entretien des outils, l'industrie qui lui succéda est parfaitement intégrée à la vie de la région dont elle garantit le dynamisme. [les bâtiments et la grande cheminée, ornés de briques rouges, sont d'époque et les initiales du fondateur, Émile Puzenat sont toujours gravées en haut des piliers encadrant la grille d'entrée et inscrites sur cette grille]

LA GUERRE DE 39-45 À BOURBON-LANCY
La "drôle de guerre"
en septembre 1939, c'est la déclaration de guerre ; les hommes, mobilisés, partent, remplacés à leurs postes de travail par des femmes, paysannes pour la plupart.
L'entreprise Puzenat débute l'usinage de fournitures pour l'armée. Les bus étant réquisitionnés par l'armée, les trains de voyageurs sont rétablis, entre Gilly/Loire et Cercy-la-Tour, il en sera même ajouté.
Quelques entreprises se "délocalisent", quittant leur région frontalière ou plus exposée pour s'installer à Bourbon-Lancy : RENEKA, de Strasbourg ; JAPY, de Paris...

Pendant une huitaine de mois, à Bourbon-Lancy, seule l'absence des mobilisés atteste de l'état de guerre et lorsqu'ils reviennent en permission, les échos qu'ils amènent sont divergents, à l'image des opinions des Français.  Une partie des habitants de Bourbon-Lancy se range à l'opinion des gouvernants, voulant ignorer le désir de revanche de l'Allemagne et la montée du nazisme ; parmi les autres se trouvent de "grands optimistes", persuadés que la France serait très vite victorieuse si l'Allemagne attaquait ; il y a enfin quelques réalistes, qui s'inquiètent de la progression de l'idéologie nazie, raciste et des desseins conquérants de l'Allemagne, mais la censure, par des menaces d'emprisonnement, voue au silence  toute personne n'abondant pas dans le sens du gouvernement : politiques, journalistes ou "simples citoyens" (les personnes qui furent ainsi emprisonnées furent livrées aux nazis Allemands et fusillées ).

L'invasion allemande
en mai 1940, les Allemands attaquent les pays neutres : Belgique, Hollande et Luxembourg avec blindés et aviation et, en l'absence de défense, avancent vite, chassant devant eux les gens qui fuient les zones envahies, les "réfugiés". La traversée de Bourbon-Lancy, est totalement embouteillée, des voitures, des charrettes, des vélos, chargés au-delà du "raisonnable", circulent en flots ininterrompus, venant d'Autun et se dirigeant vers Paray-le-Monial ou Moulins ; d'autres malheureux arrivent en gare du Fourneau, paralysée, comme toutes les gares, par le grand nombre de trains de réfugiés ; des problèmes de ravitaillement et d'hygiène se posent ; en juin 1940, il y a des centaines de femmes, d'enfants et de vieillards qui passent ou attendent, à Bourbon-Lancy, sur la route de l'exode. Pendant ce temps, à Diou, le dépôt de carburant brûle, on voit la fumée de l'incendie depuis Bourbon-Lancy et, rendus imprudents par la pénurie, les gens de  Bourbon comme ceux de tous les alentours se précipitent, pendant que brûlent les hauts de cuves, pour remplir tous récipients par le bas ; certains furent tués lorsque tout finit par s'embraser.
 
Le 17 juin 1940, à 17 heures, les premiers side-cars d'un détachement d'environ quatre cents soldats de la Wehrmacht arrivent à Bourbon-Lancy ; partis de Hollande, passés par la Belgique, Paris, Dijon, Orléans, ils sont arrivés simultanément au Creusot et à Bourbon-Lancy : d'énormes canons, tirés par des camions-tracteurs, des motos, des automitrailleuses, des half-tracks... Quantité d'avions passent, en direction du sud, Allemands et Italiens bombardant ponts, routes et gares. Des soldats français réussissent à retarder d'une journée le passage de la Loire par les Allemands ; ils sont faits prisonniers et incarcérés au casino. Le cinéma du casino servira à la détention provisoire et, le lieu n'ayant pas été conçu pour cet usage, plusieurs évasions réussiront ; quelques cent cinquante prisonniers de guerre  transiteront par cet endroit et seront ensuite envoyés vers les stalags ou offlags (où la majorité d'entre eux restera jusqu'en 1945).
Le lendemain, le pont de chemin de fer de Gilly/Loire, miné, saute, comme l'avait fait celui, tout proche, sur la Loire ; à St-Agnan, la barque du passeur de Loire a été coulée par les Allemands et on ne passe plus sur le pont du Fourneau qu'avec précautions, sur des madriers de bois. Le grand nombre de ponts détruits ou inutilisables motive l'augmentation très notable du trafic ferroviaire, des trains de grandes lignes s'arrêtant à la gare du Fourneau.

L'occupation allemande
L'armée régulière allemande arrive au cours des trois jours suivants : organisée, disciplinée, d'une correction apparemment parfaite, exigée d'elle dans le cadre d'une stratégie de "séduction" destinée à s'attirer la sympathie de la population civile .
La gare du Fourneau est occupée ; les appartements des cheminots qui y logeaient ont été pillés par les réfugiés, affamés puis dévastés pendant les jours de grande confusion générés par l'invasion ennemie ; les Allemands sont maintenant dans les lieux et la surveillance du trafic des trains leur permet de  détourner vers l'Allemagne tous trains contenant tabac, conserves, vins et alcools fins, pièces automobiles, machines-outils ... : "prises de guerre".

La convention d'armistice, signée le 22 juin 40 entre la France et le Reich par le Gal Huntziger et le Cel-Gal Keitel, prévoyait la démobilisation des troupes françaises, leur désarmement, la remise des plans de défense (étaient exemptées de désarmement les forces de maintien de l'ordre intérieur et dans les colonies françaises). La France est scindée en deux zones, le nord étant occupé par le Reich Allemand « qui y exerce tous droits de la puissance occupante » et le sud qui reste sous administration française et sera appelé "zone libre" ; la ligne de démarcation qui sépare les 2 zones coupe la Saône-et-Loire en 2, sans respect de découpages administratifs et d'une manière apparemment incohérente -certains villages ayant une partie en zone libre et l'autre en zone occupée- met, de fait, sous domination allemande toute la partie industrielle du département ; Bourbon-Lancy se trouve donc en zone nord, ainsi que Digoin, Paray-le-Monial, Montceau-les-Mines, Chalon... tandis que Charolles, Semur-en-Brionnais, Mâcon... sont en zone libre.

Les mairies sont chargées de faire réaliser, en délivrant des ordres d'exécution, les travaux, services... que la Kommandantur ordonne ; cela divise la population, c'est le but visé ! Les Allemands rappellent au quotidien aux autorités civiles l'obligation qui leur est faite de réquisitionner pour eux.

  • Tous les châteaux sont réquisitionnés ; les officiers sont logés dans les parties les plus confortables, les propriétaires des lieux sont relégués dans les communs, souvent sans électricité ni aucun confort.
  • Tous les hôtels du centre thermal sont aussi réquisitionnés ; le Grand Hôtel devient le  siège général de la Kommandantur ; la "Potinière de la Reine" devient Foyer du Soldat (Soldatenheim).
  • Le Casino devient "soldatenkino"
  • La villa Aufranc, au bourg St-Nazaire, devient relais de la Feldgendarmerie, basée à Paray-le-Monial (Maison des Sts-Anges).
  • Les plus belles villas de particuliers sont réquisitionnées pour des officiers supérieurs ; ainsi, les colonels successifs qui dirigèrent la place de Bourbon-Lancy logèrent-ils dans une partie de la maison du négociant en vins Jean Vanier.
  • En dépit de cela, l'occupant a ordre de  montrer des égards à la population afin de s'attirer sa confiance.

    Pour satisfaire au goût des Allemands pour la musique, l'état-major fait donner en concerts des œuvres de Wagner, Mozart, Schubert, sur la place de l'Hôtel de Ville et dans le parc du Grand Hôtel ; la mairie est tenue de transmettre à la population des invitations à aller écouter la musique et voir les défilés militaires. Le culte du corps fait aussi partie de la personnalité allemande, on se "sculpte" par le sport à outrance ; le bassin relais entre la station thermale et l'hôpital est équipé d'un plongeoir de plus de 10 mètres [tout a été supprimé après la guerre].

    Tandis que le gouvernement est replié à Bordeaux, les villes occupées doivent gérer les directives reçues dudit gouvernement et faire face à toutes les réquisitions de matériel, main-d'œuvre,... A Bourbon-Lancy, les  Allemands exigent que soient parfaitement entretenus parcs et bâtiments réquisitionnés afin que leur cadre soit agréable, ils veulent aussi des femmes de ménage, que la mairie doit impérativement embaucher. En juillet 40, les Allemands occupent l'école de filles et tentent de faire expulser de leur appartement les institutrices dont les époux sont prisonniers de guerre. L'école de garçons et le Cours Complémentaire sont transférés dans les locaux du Cercle St-Louis et les salles de la rue Pingré tandis que les filles sont installées dans des baraquements, dans les jardins de l'hôpital d'Aligre.

    Sur ordre du Ministre de l'Instruction Publique, les enseignants sont tenus de faire apprendre aux élèves un hymne à la gloire du Maréchal Pétain mais à Bourbon-Lancy, très peu obtempèrent, de même pour l'obligation faite d'afficher dans chaque classe un grand portrait du Maréchal. Les enseignants tentent aussi de  soustraire leurs classes à l'obligation de la "chasse aux doryphores" (que la disparition de produits à base de cuivre empêche de combattre) ; sur le chemin des champs, il est requis de faire chanter des marches en l'honneur du nouveau Régime ; s'ils ne peuvent éviter de traquer les doryphores, les trajets se font en silence et sans ardeur. Les opinions des enseignants sont surveillées.

    Bien des obligations ne peuvent être ni contrées, ni contournées ; ainsi, il faut :

  • déposer les armes à la Brigade de Gendarmerie, y compris les fusils de chasse, avant le 15 août 40.
  • faire recenser les automobiles ; certaines sont réquisitionnées, le manque de carburant rendant les autres inutilisables, sauf à les transformer en gazogènes, ce qui est fait pour les utilitaires.
  • faire recenser, en novembre 40, les pigeons voyageurs.
  • répondre favorablement aux nombreuses réquisitions, faites à la demande des occupants et à leur profit : draps, postes de T.S.F., viande, lait, pommes de terre...
  • Les Allemands achètent tout ce qu'ils désirent comme bas, tissus, produits de luxe, de confort, nouveautés...  Le mark étant surévalué, cela ne leur coûte pas cher et ils ont ordre de se comporter  "correctement" ; tous les stocks sont épuisés et la population de Bourbon-Lancy manque de tout. Il y a, comme partout, des tickets de rationnement néanmoins, les gens des campagnes parviennent à se nourrir grâce aux cochons, volailles, œufs, légumes... qu'ils arrivent à soustraire à la convoitise des Allemands.

    Les cheminots s'organisent pour aider les soldats français à échapper aux Allemands ; souvent, ils se cachent dans les wagons vides ou de marchandises afin de gagner la zone libre ; un stock de vieux vêtements est destiné à pourvoir ceux qui n'ont pas de quoi avoir l'air de "civils" ou d'employés des chemins de fer ; ils les dirigent vers leurs collègues de Gilly/Loire et tâchent de leur faire éviter Paray-le-Monial, sous haute surveillance de la Police Allemande.

    Le couvre-feu est instauré très rapidement après l'occupation de la ville.

    En février 41, l'État Français met fin à la laïcité républicaine de l'École Publique :  l'instruction religieuse y est autorisée ; par contre, on y proscrit les cours d'Instruction Civique et d'Histoire.

    En mai 41, le gouvernement de Vichy décrète l'abolition de la célébration de la Fête du Travail, il en sera ainsi durant toute l'occupation ; la "journée de la Mère Française" est instituée, une habitante de Bourbon-Lancy, mère de cinq enfants, est dans les journaux, reçoit la médaille de bronze de la famille française.

    Naissance d'une résistance, quelques-uns des femmes et des hommes qui la firent :
     Dès 1940, une employée des PTT, Mlle Dubois, met à profit le fait que nombre d'informations passent par le téléphone ou le courrier et intercepte des échanges allemands, qu'elle communique à ceux qui sont concernés. Mutée à Autun, elle s'y marie, devenant Mme Latry et elle poursuit son activité, renseignant les différents réseaux qui existent déjà.

    M. Latry
    était, en 39-40, officier-interprète auprès de l'armée britannique. Il aide des Français à passer en Angleterre, en sauve d'autres qui se trouvent dans des hôpitaux belges. Il rejoint les Forces Françaises Libres à l'Appel du Général De Gaulle puis revient en  France, fin 1940, pour renseigner les Anglais sur ce qui se passe dans la zone formée par la Saône-et-Loire, l'Ain et la Côte d'Or.


    Marc Odin est bourbonnien, engagé volontaire dans la Marine ; il est à Londres en juin 1940 et c'est le 20 qu'il lit le texte de l'Appel du 18 du Général De Gaulle ; il le rejoint et est l'un des 400 premiers membres des Forces Navales Françaises Libres, commandées par l'amiral Muselier.


    René Moreau est né à Bourbon-Lancy ; il a assisté à l'arrivée de la Wehrmacht dans la ville le 17 juin 40. "Conscrit" de Marc Odin, il eut pour enseignant en cours complémentaire, en sport et éducation physique, M. Gauthey, qui fut un des premiers tués de cette guerre.

     
    Henri James et Jean Maupas habitent "La Meurette"; ils sont voisins et collègues de travail à la S.E.B.R.(Société d'Éclairage de Bourbon-Lancy et la Région) ; à ce titre, réalisant les branchements électriques sur le réseau et étant donc indispensables sur place pour assurer le confort de l'occupant, ils ne seront d'abord pas rappelés avec les autres réservistes, fin août 39 mais rejoindront leurs régiments respectifs quelque temps plus tard, à la mobilisation générale ; ils reviendront mi-juillet 40. Chaque matin, ils se rendent ensemble sur leur lieu de travail, en vélo et en compagnie du jeune France Peschl.

    André Rey est né en 1924 ; arrivé à Bourbon-Lancy en 1939, fils de cheminot, il est lui-même apprenti cheminot à Bourbon-Lancy ; philatéliste amateur, cette passion le rapprochera d'autres jeunes de Bourbon-Lancy avec qui il fera cause commune ; il est surnommé "Dédé". en gare du Fourneau, en août 40, il trouve un des premiers tracts de la guerre, encourageant les Français à refuser la soumission aux Allemands ; il émane du Parti Communiste Français. André Rey parle allemand et tire le meilleur parti des conversations captées par Mme Latry, avec qui il code des messages destinés à Londres.

    France Peschl
    est lui aussi fils de cheminot, né en 1924 et philatéliste amateur ; sa mère, infirmière, le laisse à Bourbon-Lancy, persuadée que Paris, où elle retourne travailler, deviendra vite très dangereux. Il est donc en pension à "La Meurette", chez la famille Maupas ; il sera apprenti électricien successivement chez Albert James (frère d'Henri) puis, à partir de fin 41, à la S.E.B.R., compagnie d'électricité (qui comptait 3 employés outre la patronne et l'encaisseur) ; il est surnommé "Lili". Ami avec André Rey et aussi Auguste Moreau et Maurice Rançon, deux ouvriers métallurgistes de l'usine Puzenat et qui eux-mêmes ont des amis, ils se retrouvent pour discuter au parc St-Léger.
    Les employés de la compagnie d'électricité ou de la S.N.C.F., devant assurer le service public, disposent d'Ausweis pour circuler et pourront donc mener des actions de résistance tout en paraissant travailler normalement ; pour la même raison, ils seront exemptés de S.T.O.

    Lucien Prost et son camarade Rebillard, facteur à Cressy/Somme, ont, avant-guerre, milité au Parti Communiste et dans des groupes antifascistes aidant les familles espagnoles qui fuyaient le franquisme. Rebillard, ouvrier militant communiste
    savait la répression subie par ses collègues dès septembre 39 et bien qu'étant surveillé par les gendarmes, organisa des rencontres avec Jean Damichel, instituteur, nommé à Cressy/Somme, l'un des dirigeants du Parti Communiste de Saône-et-Loire, très actif tant syndicalement que politiquement, astreint à résidence. Surveillé par les polices de Daladier, Reynaud puis de Vichy et les Renseignements Généraux de Chalon/Saône et la Gestapo, Damichel sera finalement arrêté par les Allemands le 27 juin 1941, emprisonné puis fusillé au Mont-Valérien, en même temps que cent autres personnes, le 15 décembre 1941.

    Raymond Tournemaine, que la Police française recherche, était caché au n°1, rue Croix des Vinaigriers ; il sort de ce refuge pour agir au sein de la C.G.T. clandestine.

    L'organisation d'une résistance se fait localement, au rythme de la prise de conscience de chacun de la mainmise de l'Allemagne sur le gouvernement français. Dès l'été 40, le surnom de "doryphores" est attribué aux Allemands, en référence à l'insecte nuisible et ravageur qui envahit les jardins et détruit la récolte. Ceux que les Allemands et les pétainistes nomment "terroristes" mettent sur pied de petites interventions visant à déranger le confort de l'occupant et l'action du gouvernement de Vichy. Lucien Prost, Henri James, Rebillard, Jean Damichel, Bernigaud
    s'organisent pour collecter des armes, abandonnées au moment de l'exode de la débâcle puis cachées et les fournissent à l'organisation de combat du P.C.F., l'Organisation Spéciale, qui s'est créée en Saône-et-Loire en janvier 41 et prépare grèves et sabotages.

    Outre l'occupation physique allemande, le poids des ordres allemands est sensible dans la Presse et la Radio d'État ; les divers dégâts et perturbations subis par les Allemands et les gouvernants pétainistes, du fait de l'activité clandestine débutante de résistance, sont passés sous silence ; les communistes sont leur cible privilégiée, accusés de tous les maux, traités comme des condamnés de droit commun. Puis viennent les délits "d'activité gaulliste", de "sabotage de matériel", "d'injures à l'armée allemande"; l'exécution des "terroristes" est annoncée ; elle stimule l'organisation de l'embryon de résistance déjà constitué.
    En mai 1941, prétextant la Fête de Jeanne d'Arc, le curé de Gilly/Loire organise une manifestation à la gloire du pétainisme et contre les Anglais. Pressentant qu'il en serait ainsi, le  groupe de copains : André Rey, Jean Berger, Pierre Bouiller, Marcel Drives, Auguste Moreau, Maurice Rançon, Georges Thévenet, Lucien Porterat et François Durand, s'y rend en vélo et y voit une assistance composée d'Allemands  et de notables locaux, acquiesçant au discours d'un ecclésiastique sur la nécessaire expiation des fautes du passé, l'indulgence de l'Allemagne vainqueur et la méfiance à garder envers l'ennemi anglais qui brûla Jeanne d'Arc ; le groupe de camarades, écœuré, déclenche un chahut, qu'il conclut en entonnant la "Marseillaise" et
    "l'Internationale", tout en filant le plus rapidement possible.
    L'occupation allemande est
    de plus en plus mal supportée ; ils pillent littéralement le territoire français, réquisitionnant dès production viande, pommes de terre... faisant donc diminuer les parts par ticket d'alimentation, les jeunes de Bourbon-Lancy, comme ceux de toute la France, ne mangent pas à leur faim, manquant même de l'indispensable pour des corps adolescents, en pleine croissance. Il en est de même pour le tissu, il est très difficile de se vêtir. Les industries sont détournées à l'usage de l'Allemagne, les dépenses de l'armée d'occupation sont à la charge de la France, les préceptes du fascisme préconisent de travailler beaucoup et gagner peu... Aller travailler en vélo devient compliqué, il faut des tickets pour les pneus. Comme partout sur le territoire français, les jeunes sont de plus en plus décidés à agir pour chasser l'occupant ; ils écoutent chaque soir "Radio Londres" et plusieurs d'entre eux souhaitent gagner la "France Libre", en Angleterre. En juin 41, Jean Berger, Georges Cantat et quelques amis passent clandestinement en zone libre, à Saligny-sur-Roudon.


    L'Allemagne perd de l'avance sur le terrain ; propagande et collaboration se voient opposer de plus en plus de résistance :
    Au fil des diverses actions, se forment des groupes, naissent des réseaux qui aident aux évasions, donnent des renseignements susceptibles d'amoindrir les forces allemandes et souvent font les deux. La Saône-et-Loire étant coupée en deux, dès l'été 40 il y eut des passeurs qui aidèrent des prisonniers de guerre à s'évader puis à faire sortir de la zone occupée et agirent en liaison avec d'autres réseaux dont des belges. C'est l'exaspération face aux exactions allemandes qui pousse les Français à couper le téléphone de la Wehrmacht, détruire ses garages, saboter les voies ferroviaires par lesquelles partent en Allemagne les produits de luxe ou les armements... à résister.

    Le 22 juin 1941, l'U.R.S.S. est attaquée par l'Allemagne et nombre de Français réalisent que si les Allemands en sortent vainqueurs, ils deviendront les Maîtres du Monde ; le désir de voir les Soviétiques résister et vaincre gagne la population qui, dorénavant, se soucie de moins en moins du régime communiste de l'U.R.S.S., souhaitant simplement voir l'occupant enfin vaincu et sachant que l'Angleterre, qui résiste courageusement aux bombardements intensifs, ne pourra, à elle seule, libérer la France.
    Mais les chefs collaborationnistes sont actifs et dès juillet, créent la Légion Anti-Bolchevique.

    En juillet 41, le Docteur Cégel est contraint de fuir Bourbon-Lancy et de se cacher car, dénoncé comme juif par Mathis, il risquait déportation et extermination ; le même Mathis désignera aussi publiquement comme "juive et gaulliste de surcroît", l'épouse du docteur Pain quant au tailleur, M.Nakache, sa famille dut arborer l'étoile jaune, il n'eut pratiquement plus de travail et fut arrêté en août 42 par le gendarme en chef Perrot qui en l'occurrence fit preuve de zèle car la Feldgendarmerie n'avait encore rien demandé ; il fut interné à Drancy puis Aurigny (île de l'archipel anglo-normand où les Allemands commencèrent, en 41, par déporter des Russes puis, en 42, des républicains espagnols et qui devint camp de juifs à partir d'août 43). Le Dr Cégel et son épouse furent aidés par les membres du maquis de Marcigny, un peu aussi par des employés de la mairie de Bourbon-Lancy mais pendant trois longues années, Mme Cégel et son enfant (né en 36) durent supporter les surveillances des Allemands et des collaborateurs en quête de renseignements sur le refuge du médecin (qui ne put rentrer chez lui qu'en 44).

    Le 2 août 41, Pétain décide la suspension de l'activité des partis politiques, en zone libre... tandis que les Allemands encouragent la reconstitution des partis d'extrême droite dissous avant la guerre. Le plus important était le Parti Populaire Français (P.P.F.) de Jacques Doriot qui organisait des séances de propagande engageant à collaborer avec l'Allemagne ; la Résistance tâchait d'entraver l'organisation des réunions par des attentats répétés dans ses locaux.

    Louis Mathis, pharmacien de Bourbon-Lancy, était le chef en zone occupée de la Saône-et-Loire,
    du Mouvement Social Révolutionnaire (M.S.R.), le plus actif des partis collaborationnistes et qui s'affirmait «National Populaire, raciste, autoritaire» ; il ne recula devant aucun moyen pour tenter de recueillir des adhésions à son parti, sans grand succès. Fin 42, il fit paraître, dans l'hebdomadaire «l'Appel», des articles accusant Jean Fabre, receveur de l'Enregistrement, d'être communiste ; il fut donc emprisonné, la gendarmerie locale interrogea René Moreau et Etienne Lamy comme témoins mais ce fut l'intervention du maire, Henri Turlier, qui permit de le faire libérer. La "chasse aux communistes", ouverte par les nazis, aidés du gouvernement de Vichy, de ses sympathisants plus ou moins collaborateurs et des autorités françaises, rattrapa M. Forêt, qui accueillait en son bar des "Forges" des réunions politiques et syndicales, ainsi que Messieurs Antonietti, de St-Aubin, Lucien Prost, Jean Dauvergne et Michel-Henri Rouvet, de Cronat ; eux aussi ne furent relâchés que sur l'intervention du sénateur-maire Henri Turlier, ce qui eut pour conséquence la publication par Mathis, dans «Le Pilori», autre journal de son parti, d'accusations de sympathies communistes... toutes calomnies visant à le faire déchoir du poste de maire que Mathis convoitait mais la population n'y fit aucun écho.

    A côté de cette attitude de soutien résolu à ses concitoyens emprisonnés par la gendarmerie française ou la Gestapo, Henri Turlier a parfois dû céder à la pression indéniablement subie par toutes les personnes investies d'une autorité et administrativement dépendantes du Gouvernement de Vichy ; ainsi, lorsqu'il condamna officiellement, après une distribution massive de tracts, la diffusion de propos hostiles à l'Occupant et au Gouvernement Pétain ; ou le relais de l'exigence allemande que Mme Cégel enlève la plaque professionnelle de son époux médecin, en fuite car poursuivi comme juif ; ou encore les menaces faites aux jeunes résistants qui avaient provoqué un chahut et tourné en dérision des actualités allemandes, de les livrer aux autorités (fin 1942, au cinéma "Le Majestic", pendant la diffusion du «journal cinématographique», diffusé avant le film à l'affiche, les jeunes usèrent de poudre à éternuer, boules puantes et autre poil à gratter, déclenchant pagaille générale et hilarité dans le cinéma bondé, ponctuant la propagande nazie de rires et quolibets ; les Allemands et leurs partisans présents -dont le couple Mathis- furent outrés et protestèrent ; les actualités furent dès lors diffusées dans la salle éclairée afin de surveiller les éventuels fauteurs de troubles). Par ailleurs et à plusieurs reprises, Mathis et J. Loup le dénoncèrent aux autorités comme faisant preuve de «[complaisance voire encourageant les actes de résistance des terroristes et des réfractaires à l'encontre des Allemands.

    Une loi du 30 janvier 43 créa la Milice Française avec Pierre Laval et Joseph Darnand pour président et secrétaire général ; la Milice officielle de Vichy opérait en zone sud et en zone nord, les Allemands encouragèrent et armèrent les milices locales issues de partis collaborationnistes, chacun des membres étant muni d'un Ausweiss et d'un revolver ; cette organisation leur fournit nombre de renseignements sur la Résistance et les divers activistes politiques ainsi que des hommes de main prêts à tout. La Milice de la zone nord de la Saône-et-Loire était implantée à Bourbon-Lancy, Mathis en étant le chef. L'exécution de ce personnage dangereux fut décidée par la Résistance ; un soir, à la sortie du cinéma de Bourbon-Lancy, qu'il fréquentait régulièrement avec sa femme, il fut mis en joue... puis l'arme s'enraya et la seconde tentative, qui suivit immédiatement, connut le même insuccès. Son "bras droit", Jean Loup, agent de renseignement des Allemands qui initia, par ses dénonciations, des rafles de nombreux ouvriers de la filiale de l'usine Puzenat à Dompierre/Besbre, fut, par contre, exécuté, plus tard.

    En été 43, Laval montre enfin son vrai visage dans un discours où il dit souhaiter la victoire de l'Allemagne ; en novembre, de nombreux Allemands motorisés, bien équipés et armés arrivent en gare du Fourneau, les Allemands occupent la "zone libre" et le gouvernement français les laisse faire ! 

    Conséquence directe de l'offensive allemande en U.R.S.S., le nombre des militaires en occupation est très réduit, beaucoup étant envoyés se battre sur le front russe. Si, en partant, certains soldats allemands affirment qu'ils reviendront rapidement, vainqueurs, ayant gagné le bonheur et l'abondance promis par leur "Führer", d'autres, dès l'annonce de l'engagement à l'Est, pressentent la fin des victoires allemandes.

    Effectivement, la soi-disant guerre-éclair ne franchit pas le Front Russe et au bout de 2 à 3 mois, la fringante armée allemande est accueillie en grand secret, de nuit, descendant de trains bâchés et clos afin de masquer aux populations occupées l'état des soldats allemands qui reviennent, épuisés, sales et avec très peu de matériel militaire ; la France sert de lieu de repos aux soldats du Reich blessés ou très fatigués ; un sous-officier d'un contingent hébergé au château Sarrien parle aux électriciens venus faire des travaux et explique la résistance des Russes, la supériorité d'une arme russe sur les leurs, les blessures... mais affirme que l'Allemagne vaincra. A l'automne 41, les wagons arrivent de plus en plus souvent marqués à la craie d'inscriptions vantant De Gaulle, l'Armée Rouge… signes d'un vœu de plus en plus répandu de résistance à l'Allemagne ; le slogan "Vive l'Amérique" apparaît à partir de décembre, les U.S.A. venant de s'engager dans la guerre.


    Les fronts multiples sur lesquels s'est lancée l'Allemagne ont vidé les usines allemandes de leurs ouvriers ; la
    « Relève » en est la résultante, "proposition" de rendre un prisonnier français contre trois travailleurs acceptant d'aller en Allemagne ; l'échec de cette politique prévalut à la création du Service de Travail Obligatoire, le S.T.O. ; l'ordonnance Sauckel, d'août 42, ordonne, dans toute la zone occupée, « la mobilisation de toute la main-d'œuvre masculine et féminine et le recensement de toute la population de 18 à 55 ans ». Nombre d'employés de l'usine Puzenat, comme ailleurs, refusèrent de partir ; bien des résistants commencèrent simplement par être réfractaires au S.T.O., se cachèrent pour ne pas partir puis, ayant pris le maquis, ressortirent des armes trouvées lors de l'exode puis cachèrent des gens recherchés, en aidèrent à passer en zone libre, sabotèrent des transports à destination de l'Allemagne et devinrent unités de combat... Heureusement, il y eut des gendarmes moins "zélés" que d'autres et qui s'arrangèrent, en se rendant à leur domicile, pour ne pas prendre par surprise ceux qui n'avaient pas répondu à l'appel. Dans les campagnes on soignait et récupérait des blessés, on réceptionnait du ravitaillement et des matériels divers issus de largages et bien des réunions de commerçants et artisans avaient des objectifs clandestins ; néanmoins, malgré de nombreux parachutages sur la Saône-et-Loire, l'armement dont disposaient les organisations locales était restreint.

    Le mouvement résistant "Combat" regroupait des résistants issus de milieux catholiques, d'employés des P.T.T. puis de toutes autres origines idéologiques et professionnelles (à l'exception du mouvement communiste, qui s'était organisé séparément) ; René Sotty prit contact en son nom avec René Moreau, en novembre 1942 ; Barthélémy Boulot, Jean Fabre et
    Étienne Lamy en furent aussi. Pendant deux ans, la Résistance s'organisa lentement, regroupant dans la lutte contre le Reich hommes et femmes de toutes appartenances sociales et politiques. Les jeunes camarades qui avaient manifesté leur patriotisme lors de l'épisode de l'église de Gilly/Loire, en mai 41, se retrouvent au Parc Thermal pour discuter loin des écoutes indiscrètes, envisageant d'imiter les actes des Résistants. Sans nouvelles de ceux qui, l'année précédente, ont tenté de rejoindre les Forces Françaises Libres, la douzaine de jeunes de Bourbon-Lancy décide, en août 42, de se constituer en groupe de résistance qu'ils nomment "Jeunesse Libératrice de France"(J.L.F.) ; ils s'efforcent à la prudence pour leurs rencontres, se fixent des objectifs (impression de tracts, leur collage), collectent des renseignements (les cheminots signalant les trains "intéressants" à saboter, les voies ferrées, les ponts à détruire), se convainquent que les petits sabotages peuvent gêner l'ennemi et écoutent, malgré les brouillages opérés par les Allemands, autant "Radio Moscou" que "Radio Londres", pour y collecter des "recettes" de sabotages de wagons et voies ; ils surveillent aussi les personnes de Bourbon-Lancy collaborant avec les Allemands. Pannetier ne pourra, peu après, se soustraire au S.T.O.; ils restent à 12 copains, amis, amis d'amis... décidés à agir pour qu'arrive vite la Libération : Philibert André, Pierre Bouiller, François Durand, Auguste Moreau, Chaumat, France Peschl, Lucien Porterat, André Rémondin, Maurice Rançon, André Rey, Georges Thévenet, Marcel Turpin.


    A la recherche de nouveaux membres de renfort, la jeune organisation résistante prend contact avec Henri James, qui a des activités syndicales et politiques et les met en relation avec un chauffeur de locomotives de Paray-le-Monial, Raymond Langlois, communiste, Résistant de la première heure, et qui
    assiste le mouvement naissant dans sa construction et le met en contact avec le "Front National de lutte pour la liberté et l'indépendance de la France", mouvement de Résistance qui a pour organisation combattante les Francs Tireurs et Partisans Français (F.T.P. ou F.T.P.F.) ; les jeunes doivent se réorganiser plus prudemment et créer un mouvement "adultes" en parallèle avec le leur, Henri James en prend la direction, Marcel Barbot (surnommé "Jules") arrive à Bourbon-Lancy ; Marcel Turpin, dont les parents habitent Nevers, a déjà des contacts avec des résistants organisés en "l'Armée secrète" (A.S.), il a aussi des contacts à Beaulon (Allier) et peut donc assurer la liaison entre les groupes.
    Une trentaine de personnes sont "à pied d'œuvre résistante" début 1943. Ils reçoivent désormais les tracts de la Résistance et la Presse, qu'ils doivent diffuser nuitamment le plus souvent, se défiant des patrouilles allemandes, de tous les gens dont ils ignorent les sympathies et du Gendarme en Chef Perrot, très docile aux directives de Vichy et de l'occupant.


    La Résistance, sa répression : emprisonnements, torture, déportations, exécutions.
    Après plus d'un an d'absence, Jean Berger et Georges Cantat reviennent à Boubon-Lancy, fin novembre 43, pour se joindre au mouvement de Résistance dont ils ont appris l'existence ; ils n'ont jamais atteint l'Angleterre ; invités, peu après leur passage en zone sud, à s'engager dans l'Infanterie, ils l'ont fait... à l'époque où Pétain a désarmé les soldats, ils n'ont donc pu lutter.

    En 1943, les actions de sabotage s'intensifient et se diversifient, les acteurs en sont mieux organisés ; la règle du décloisonnement est respectée afin de garantir au mieux la sécurité de tous en cas de surveillance ou d'arrestation d'un des membres.

    Dans le courant de l'été fut créé le maquis "Lucien Sampaix"[du nom d'un secrétaire général du journal "l'Humanité", interné en 40 et fusillé à Caen, en 41] ; cela s'imposait du fait que de nombreux jeunes, dont certains qui n'avaient pas répondu aux réquisitions du S.T.O., réclamaient à participer à la lutte pour recouvrer la liberté en leur pays. Cela requit une lourde organisation car il fallait songer à la discrétion de l'hébergement, au ravitaillement -que la délivrance contre tickets de rationnement rendait très compliqué-, à l'habillement, à l'hygiène, à l'armement ; le "Père" James (dit "Père 36") fut chargé de trouver l'emplacement le groupe puisse vivre, être assez proche de ses divers objectifs et ne pas être repéré ; la forêt de Maringes fournit cet endroit où "Père 36", Pierre Bouiller, Marcel Drives, Marcel Durand, France Peschl, André Rey et André Torino se rendirent, en novembre 43, pour construire l'abri provisoire des maquisards, en attendant leur intégration au mouvement départemental ; un point d'eau était proche, le ravitaillement fourni par des fermiers sympathisants des alentours et les "visites" de jeunes de Bourbon-Lancy, envoyés par Henri James, la coiffeuse de Saint-Denis, Mme Porte et le groupe de femmes résistantes qu'elle dirigeait collectèrent pour eux les produits d'hygiène, Henri James fournit des armes récupérées lors de la débâcle de 40 et l'état major des Francs Tireurs et Partisans Français compléta l'armement, il fournit aussi l'habillement ; ce 3ème maquis local, qui avait Pierre Bouiller (maréchal-ferrant de métier) pour chef, s'organisa rapidement quasi militairement : tours de garde pour le guet, formation au maniement des armes, mise au point des "raids" de sabotage ou d'embuscades contre des convois ennemis...
    Les 2 autres maquis proches sont, d'une part, celui de l'Allier, installé début 43 en forêt de Germigny, et d'autre part, celui du "Clapet", à Mont, sur les terres d'un gaulliste convaincu, pionnier de "Combat", que les gendarmes allemands avaient arrêté puis relâché, en 42, Maître Etienne Pierre, notaire à Bourbon-Lancy ; ce maquis ne comprend que 2 membres, Jean Berger et François Rosnet (dit "Belotte").

    Maquisards et résidents
    de la ville mettent sur pied des interventions conjointes, s'entraident ; des jeunes de Bourbon reçoivent ou vont chercher des tracts, des journaux et les portent aux maquisards pour qu'ils les distribuent, leur adressent des patriotes qui ont besoin d'être cachés, pilotés vers d'autres maquis... Les sabotages se font souvent contre des trains ; pendant l'été, André Rey se trouve par hasard en présence d'un canon récemment fabriqué au Creusot et acheminé par rail vers le nord de l'Allemagne ; il endommage autant qu'il le peut les organes de commande de l'engin. Avec plusieurs collègues cheminots, ils changent l'étiquetage de wagons de marchandises destinées à l'occupant, sabotent les roulements des essieux avec de la limaille de fer, entaillent les boyaux des systèmes de freins... En compagnie de Jacques Duchassin (dit "Jabouine"), ils mettent à profit l'immobilisation, faute de locomotive, d'un train de véhicules fabriqués aux usines Puzenat et destinés à l'armée allemande ; en plusieurs jours, ils le saboteront totalement ; ils répéteront cela, avec Maurice Rançon, sur un train de herses Puzenat, destinées à des aérodromes allemands et de région parisienne. Il y aura aussi des attaques vers le Canal du Centre où transitent les transports de charbon vers l'Allemagne.
    En septembre 1943, la commémoration de la bataille de Valmy
    donne lieu à l'impression en très grande quantité de tracts particulièrement "soignés"; 151ans plus tôt, le 20 septembre, à Valmy, les Français avaient repoussé Prussiens et Autrichiens, le nom de cette bataille est donc devenu symbole de la lutte et la résistance pour la liberté et l'indépendance de la France. France Peschl alla à Montceau-les-Mines, où une grosse valise pleine de tracts lui fut remise pour approvisionnement des groupes et distribution ; l'impact sur la population en fut notable, nombre de personnes jusqu'alors indécises décidèrent de participer aux actions de résistance à l'occupant.

    Avertis par les paysans de battues allemandes, sans doute destinées à débusquer les maquisards
    , les Résistants s'efforcent à la prudence ; ils décident, par ailleurs, que le milicien Jean Loup, garde du corps de Mathis et dangereux pour tous, espionnant, dénonçant... doit être exécuté ; il le sera le 23 octobre 43, abattu à Bourbon-Lancy par le maquisard Maurice Collin.
    Fin 43, à Bourbon-Lancy et aux alentours, une quarantaine de jeunes gens et un groupe conséquent de jeunes filles qui rendent des services ponctuels comme la confection de brassards FTPF, la transmission de renseignements... agissent ou sont prêts à le faire. Émilienne Theveniaud fait partie des filles qui se sont discrètement jointes à l'action des résistants ; standardiste à l'usine Puzenat de Bourbon-Lancy, elle avait assisté à des rafles allemandes, dans le cadre du STO, qui emmenèrent des ouvriers figurant sur des listes -dont la source resta inconnue- ; entre autres, des footballeurs de l'U.S.B.,Guitton, Maurice Frizot... qui après environ une année de travail en Allemagne, mirent à profit une permission pour revenir se cacher chez les leurs ou prendre le maquis. Après cela, Émilienne fut chargée de prévenir les ateliers lorsque le concierge lui annonçait l'approche de véhicules allemands.
    L
    es communes voisines de Cressy/Somme, Maltat, Chalmoux, Lesme... créent des groupes de résistance, la bicyclette est le moyen de transport de prédilection. Tous ont espéré le débarquement allié tout au long de 1943 et débutent 1944 avec le même vœu.
    Saint-Aubin/Loire connut bien des arrestations, des gens torturés, internés puis déportés ; une femme du village était collaboratrice, fréquentait les soldats allemands qu'elle renseignait. Résistant depuis l'âge de 15 ans, Pierre Héry fut désigné pour exécuter la traître ; il l'abattit en gare de Gilly/Loire, un dimanche soir de décembre 43 ; elle fut évacuée par les Allemands, blessée et ne reparut plus. Le maquis Louis était dans les bois proches, des Anglais le dirigeaient, un prêtre de Bourbon-Lancy, l'abbé Sarret, participa, entre autres, au déplacement du groupe vers un maquis proche de la Nièvre où ils reçurent un entraînement, l'aide logistique et financière des Anglais par l'intermédiaire de parachutages et purent lutter pour affaiblir l'occupant (embuscades...).
    Le Feldgendarme Otto était tristement célèbre dans toute la région ; nombre de personnes avaient été arrêtées par ses soins ; la prison était un ancien hôtel, réquisitionné, de Paray-le-Monial et dont les chambres avaient été transformées en cellules pour une dizaine de personnes.

    Fin 1943, début 1944, les parachutages étaient nombreux sur la région, l'armement reçu était néanmoins restreint ; les arrestations étaient nombreuses aussi, souvent consécutives à des dénonciations, Milice et Collaborateurs renseignant efficacement la Gestapo.

    Le 12 janvier 44, Henri James rencontre deux responsables départementaux de la Résistance qui viennent prendre contact avec le maquis de Bourbon-Lancy. Fernand Perret est cheminot, de Montchanin et connaît Henri James, il devra l'identifier pour Georges Bonjour (dit "Lieutenant Xavier"), de Chalon et adjoint du responsable régional des F.T.P.F. Ils prennent au passage, à Montceau-les-Mines, des armes, des munitions, des tracts et du ravitaillement. Ils resteront passer la nuit au maquis de Maringes, qui compte alors 7 personnes ;
    son déplacement vers un endroit trouvé par Pierre Bouiller est imminent. Henri James rentre chez lui et pendant la soirée, rencontre son voisin France Peschl, il n'est pas inquiet. Mais dans la nuit du 12 au 13 janvier, il est arrêté par le Feldgendarme Otto et ses hommes.
    Cependant, au maquis de Maringes, le 13 janvier à 6 heures, alors qu'ils attendaient qu'un de leurs camarades ramène du lait d'une ferme proche,
    maquisards et résistants sont attaqués par les Allemands, interrogés violemment puis transportés, le 14, à la Feldgendarmerie, à Paray-le-Monial où ils seront à nouveau et plus encore torturés avant d'être transférés à la Gestapo de Chalon/Saône. Fin janvier, à la faveur d'un transfert de cellule, "Lt Xavier", Maître Pierre, Francis Parent ( résistant de "Combat"), René Sotty (libraire à Bourbon-Lancy), Pierre Bouiller, Fernand Perret et Henri James sont rassemblés ; F. Perret et H. James ont été torturés d'horrible façon. Mi-février, F. Perret est déporté à Dora [se situe maintenant en Slovaquie] et P. Bouiller et H. James sont fusillés. R. Sotty, accusé d'être responsable d'un groupe terroriste, d'inciter à l'agitation, de fabriquer des faux papiers pour la mairie de Bourbon-Lancy, de diriger un réseau de renseignements... est jugé le 16/2 puis mis en cellule à la prison de Dijon et fusillé le 23 février 1944. "Lt Xavier", transféré au camp de Royallieu -près de Compiègne-, le 29 février 44, y retrouve des Résistants de Bourbon-Lancy ; le 6 avril, Marcel Durand, André Torino, Maître Pierre, Henri Gonnet, Raymond Pommier, Francis Parent, Reitzer, Marcel Drives et Georges Bonjour font partie d'un convoi qui les emmène au camp de concentration de Mathausen où ils sont affectés à des commandos de travail : "Gusen" et "Melk" ; six d'entre eux y moururent, M. Durand succomba aux suites du calvaire subi là-bas, seuls Reitzer et G. Bonjour survécurent.
    L'investissement par les Allemands, dès l'aube du 13 janvier, des bois de Maringes et des fermes des environs ne fut pas le fruit d'un hasard favorable à l'occupant ; trop de personnes importantes, de points névralgiques furent directement atteints ; ainsi, à la ferme Danon logeait le Résistant Maurice Collin, -exécuteur du collaborateur J. Loup- qui venait de ramener du matériel de sabotage ; il en livrait une partie à la Résistance lorsque les Allemands vinrent le chercher, ils ne le trouvèrent pas ; les Danon cachèrent du matériel et retardèrent les Allemands,
    ceux-ci allèrent dans les fermes voisines et, par la torture, contraignirent Henri Gonnet, caché là car réfractaire au S.T.O., à les mener au maquis voisin, où ils arrêtèrent tout le monde.

    Les jeunes Résistants de Bourbon-Lancy (Rey, Peschl...), dès la nouvelle des arrestations, appliquèrent la consigne de sécurité en faisant passer l'ordre de dispersion immédiate hors de la ville.

    M
    arcel Turpin était parti depuis plusieurs jours, pour rejoindre un maquis de la Nièvre mais les Allemands l'avaient anéanti ; ignorant tout des évènements locaux, il revient à Bourbon-Lancy
    ; informé par ses camarades, il se dirige vers la région parisienne où il a de la famille et confie à Emilienne Theveniaud, voisine de ses Grands-Parents et sympathisante de la Résistance, son révolver et des tracts, qu'elle cache ; les Allemands interrogeront sans ménagement le couple âgé, fouilleront toute leur maison, sans rien trouver. A Paris, M. Turpin se voit confier une mission de résistance qui l'envoie à Cosne/Loire ; il y sera arrêté et sera fusillé le 26 mai 44, à Nevers.

    André Rey est caché par diverses familles de cheminots, entre Bourbon-Lancy et Moulins ; il prend peu après contact avec les maquis d'Auvergne, qu'il rejoint, poursuivant avec eux toutes actions de sabotage contre l'occupant. Le 20 janvier, la Gestapo se rendra chez lui, à "La Chaumière", pour l'arrêter et en son absence, emmènera son père ; celui-ci, résistant du réseau "adultes", ne se verra rien reprocher par les Allemands, ses collègues emprisonnés et torturés n'ayant rien révélé ; il sera libéré.

    France Peschl apprend du Père James l'investissement par les Allemands des bois de Maringes, les arrestations du maquis et de ses camarades ; il trouve refuge chez ses parents, à Paris mais trop inquiet pour ses amis dont il ignore le sort, il revient à Bourbon-Lancy, juste pour apprendre que les Allemands les recherchent, Rey, Turpin et lui ; il est alors caché à Cressy/Somme jusqu'à ce que des résistants l'envoient aux alentours de Grenoble ; il entrera en contact avec la résistance locale en juillet 44, au bataillon de Francs Tireurs et Partisans Français "Belledonne" (puis dans la 27ème division alpine, qui participera à la libération du nord de l'Italie et à l'occupation de l'Autriche).

    René Bricheteau, fuyant "la Relève" vint se réfugier
    à Bourbon-Lancy chez ses cousins Tessier, fin 1942 ; il se joint, dans les forêts voisines, au bûcheronnage avec d'autres réfractaires au S.T.O.et rejoint dans les groupes résistants F.N. et F.T.P.F., En juin 43, Pierre Bernigaud, Lucien Prost, Rebillard, Bernard et Henri James, responsable régional ; Marcel Barbot (alias "Julien"), Pierre Bernigaud (alias "Latrasse"), Lucien Prost (alias "Benoît") rejoignent l'état major régional pour la zone nord de Saône-&-Loire entre août et novembre 43. L'arrestation, en janvier 44, d'H. James et du maquis L. Sampaix décima la Résistance de Bourbon-Lancy ; René Bricheteau (alias "Guy") prit la tête du F.N. comme des F.T.P.F., établit des contacts avec les F.T.P. "Georges" et "Michel", assurant les liaisons, participant à leurs actions, convois, renseignements ; il était aussi chargé de la surveillance de Mathis. Avec le groupe Michel -qui subit de très lourdes pertes- et le Bataillon Valmy, il participa à la libération d'Autun.

    André Lobrot, membre du P.C.F., était né en 1913 ; il fut affecté d'office au Bataillon Valmy, qui fit partie de l'Armée Secrète, puis des Francs Tireurs et Partisans et enfin des Forces Françaises de l'Intérieur. Sandor Was commandait la 2ème compagnie du 5ème bataillon de Valmy ; Autrichien d'origine juive, libéré en mars 44 du camp de La Guiche [en Saône-&-Loire], il était "Lieutenant Georges" dans la Résistance et André Lobrot devint son second. A. Lobrot avait de nombreux amis résistants, des contacts avec des groupes d'Issy-l'Evêque, de l'Allier, avec un passeur qui lui faisait traverser la Loire en bac, à St-Aubin, à la rencontre d'agents de liaison de l'Allier ; il participa, en 1944, à de nombreuses actions, de la capture de soldats allemands à la préparation d'un parachutage, la prise de contrôle de trains, ponts et, les 8 et 9 septembre 1944, lui aussi fut des bataille et libération d'Autun.

    Benoît Verdenet était mineur à Chalmoux ; fait prisonnier en juin 40 et ayant été apprenti boucher dans sa jeunesse, il exerça dans une boucherie allemande jusqu'à sa démobilisation, en décembre 41, il retournera à la mine jusqu'à ce qu'il soit emmené d'office pour le S.T.O.: il saute du train et entre dans la clandestinité, vivant en forêt, fréquentant plusieurs maquis ; A. Lobrot le présente au Régiment Valmy où il entre, mi-aôut, dans la 2ème compagnie du 5ème Bataillon avec laquelle, sous le commandement du Lieutenant Georges, il prend part,comme son camarade, à la libération d'Autun.

    La communauté polonaise de Bourbon-Lancy était principalement regroupée aux "Forges", dans les logements sommaires alloués par l'usine Puzenat, leur employeur ; nombre d'entre eux s'organisèrent au sein d'un mouvement de Résistance créé dès l'occupation allemande de la Pologne, en 1939, "l'Organisation Polonaise à la lutte pour l'Indépendance en France, Belgique et Hollande - groupe sud". En septembre 1943, Richard Oberbek, Antoine et Louis Stanio, Ceslas Woyciechowski (dit "Wojet"), Henri et Victor Karniewicz, Victor Tymkiewicz, Roman Sakson et un 9ème résistant [dont le nom manque] prirent contact avec le groupe de Montceau-les-Mines ; leurs actions consistèrent souvent, aidés par un nommé Gouriano, originaire de Russie, à libérer puis faire évader des soldats polonais, russes, ukrainiens enrôlés de force dans l'armée allemande. R. Oberbek recevait aussi des tracts qui étaient distribués à la communauté polonaise ; ses Résistants se tenaient prêts à apporter leur appui aux groupes qui combattaient.

    La Libération :
    Nombre de Résistants n'avaient pu échapper aux arrestations et exécutions et certains avaient rejoint d'autres maquis ; il ne restait, dans la zone de Bourbon-Lancy, que les volontaires de la 2ème compagnie du 5 ème bataillon F.T.P.F. du régiment Valmy.

    Depuis 2 semaines, Allemands et collaborateurs quittaient la ville ; en camions, voitures militaires puis tous véhicules -souvent volés aux bourbonniens-, tout ce qui pouvait porter et transporter troupes, blessés, miliciens armés, matériel... était mis à contribution pour leur retraite ; le 4 septembre, des soldats de l'Afrika-Korps qui passaient en convoi, tuèrent deux cantonniers de Bourbon-Lancy, Mrs Dumont et Leclerc, pour leur prendre leur vélo. Depuis le soir du 3 et jusqu'au 6 septembre, retentirent de lointaines explosions, des canonnades ; la poudrerie, l'atelier de chargement de Moulins, le pont de chemin de fer de Gilly/Loire furent détruits. Les habitants de Bourbon-Lancy
    et des communes voisines se préparaient à fêter la fin de l'occupation ennemie et des brimades ; des cocardes bleu-blanc-rouge étaient partout confectionnées, à tel point que les merceries manquaient de rubans colorés, on en peignit ; les Résistants avaient enfin des admirateurs et des volontaires pour leur apporter assistance, des poèmes et chansons étaient écrits... on savait la Libération proche.

    L'après-midi du 7 septembre 1944, arrivèrent, par Chalmoux, les libérateurs, les volontaires de la 2ème compagnie du 5 ème bataillon F.T.P.F. du régiment Valmy qui, place de la République, opérèrent la jonction avec les F.F.I. du Commandant Renaud, des maquis d'Auvergne, arrivés par Gilly /Loire et St-Aubin, après avoir franchi la Loire par passerelle, les ponts étant coupés entre Diou et Gilly. La foule en liesse applaudissait, les maisons étaient pavoisées des drapeaux des nations alliées alors qu'une croix gammée avait été posée au balcon de la pharmacie Mathis, où on accrocha 3 caricatures de pendus : Hitler, Louis Mathis et sa femme, Suzanne. Un défilé parcourut la ville, il y eut bal au Casino.

    Mais la paix et la sérénité n'étaient pas encore définitivement revenues ; des fractions de troupes allemandes n'avaient pas renoncé à se battre, détruire, tenter de soumettre la France ; les Résistants poursuivaient surveillance et lutte ; ils eurent ordre, les 9 et 10 septembre, de miner les ponts de la région : Gannay/Loire, Decize, Mornay/Allier, Moulins, Bourbon-Lancy et de déclencher les explosions si l'ennemi arrivait, il n'eurent pas à le faire ; la ville n'eut pas à subir les horreurs commises en d'autres communes par des groupes de militaires allemands, fanatiques et criminels, qui massacrèrent, sur le chemin du retour vers leur pays. Il y eut encore quelques affrontements mais le 11, la Wehrmacht déposa les armes et se livra, auprès d'Orléans, à une division de l'Armée Américaine. Le 12 septembre, enfin, on put vraiment parler de Bourbon-Lancy libéré et une gigantesque farandole sillonna les rues, précédant une retraite aux flambeaux comme on n'en avait plus vu depuis cinq ans.

    La vie reprend son cours malgré les nombreux absents. Les maisons restent plus d'une semaine pavoisées aux couleurs des Alliés ; des réunions et des messes sont organisées pour rendre hommage à ceux qui sont morts ou déportés ou prisonniers et pour louer le courage des Résistants et de tous les soldats, acteurs de la libération de la cité.
    L'ordre et le ravitaillement dans Bourbon-Lancy doivent être organisés promptement, le Lieutenant Georges prend le Commandement de la place ; ses hommes, logés dans des hôtels du quartier thermal, ont, entre autres tâches, celle de garder les collaborateurs, au Château Sarrien. La "Liste des Internés du Château Sarrien" fut publiée le jour de décembre 44 où les 10 hommes furent transférés au camp d'internement de Digoin et les 9 femmes à celui de La Guiche.

    Le gendarme-chef Perrot, qui, durant toute l'Occupation, avait été plus que coopérant avec les Allemands, a été remplacé par l'adjudant Malet qui, avec ses hommes, réalise arrestations et interrogatoires des suspects. Albert, le frère d'Henri James, se voit confier la présidence du Comité Local de Libération de la ville.
    L'équipe municipale de Bourbon-Lancy reste celle qu'avait choisie le gouvernement de Vichy jusqu'à ce que le sous-préfet de Charolles, Jean Peretti, installe un nouveau conseil, de 21 personnes ; elles éliront comme maire un huissier de justice, Jean Jordery, et la nouvelle assemblée sera à pied d'œuvre fin novembre 1944 ; 16 de ses membres sont représentants de groupes, partis ou associations reconnus par le Conseil National de la Résistance, ce sont messieurs Aubert, Belin, Bouiller, Clément, Danon, Désaugère, Diry, Gouthéraut, James, Jordery, Lambert, Nakache, Perraudin, Picherot, Verdenet, Vincent ; une femme leur est adjointe, Mme Porte ainsi que 2 membres de l'équipe d'Henri Turlier, messieurs Boulot et le Dr Pain, qui avaient aidé la Résistance durant l'Occupation et messieurs Guitton et Reverdy, qui, élus en 35 et révoqués par Vichy se voient rendre leur place.

    L'épuration :
    La Résistance avait, bien avant la Libération, commencé ce travail "d'assainissement" qu'était "l'épuration"; il s'agissait alors de préserver les capacités des Résistants à agir pour que la France redevienne libre. Cela consistait à empêcher ou au moins gêner les agissements de ceux qui œuvraient dans le sens d'une soumission à l'autorité de l'Allemagne d'Hitler et ce, quelles qu'aient été leurs raisons : les arrivistes -qui flattaient les Allemands parce qu'ils voyaient en eux les futurs détenteurs du pouvoir-, les opportunistes de tout poil -qui profitaient des circonstances pour régler des comptes personnels- et aussi des pétainistes, qui avaient cru aux arguments du vieux maréchal.

    Quelques actions visant à faire cesser immédiatement les nuisances engendrées par la collaboration d'habitants avec l'Occupant :

    * Le 8 août 1943, première tentative d'interruption des agissements odieux de Louis & Suzanne Mathis, délateurs zélés auprès des Allemands et autorités françaises durant toute l'Occupation ( voir § précédent : "... propagande et collaboration...") ; les Allemands tenaient Mathis pour "un de leurs meilleurs agents"; il dénonçait (son épouse le fit aussi, par lettre anonyme, entre autres) de ses concitoyens comme militants communistes, gaullistes, d'autres comme juifs... les tentatives des Résistants échouèrent et 3 procès furent nécessaires pour confondre les coupables ; le dernier procès Mathis, du 23 novembre 1945, aboutit enfin à la condamnation à mort du pharmacien, qui sera fusillé et à la détention perpétuelle pour son épouse (qui sera libérée !).

    * Le 23 octobre 1943, exécution du milicien Jean Loup, âme damnée des Mathis (voir précédemment, § "La Résistance...").

    * En décembre 1943, collaboratrice, "la fille Froment", qui habitait St-Aubin, fut abattue (voir précédemment, § "La Résistance...") à la gare de Gilly/Loire ; emmenée, blessée, par les Allemands, elle cessa de nuire à ses concitoyens.

    Quelques affaires que traita la Justice après la Libération :

    * Novembre 45 : condamnation des Mathis (voir ci-dessus).

    * Le 14 décembre 1944 : Benoît Guilleminot fut condamné à 8 ans de prison pour avoir dénoncé de ses concitoyens.

    * Le 10 avril 1945 : c'est Marie-Louise Jondot, maîtresse du milicien Jean Loup, qui est jugée.

    * Le 18 septembre 1945 : André d'Aram fut traduit en jugement ; directeur administratif chez Puzenat, il fut soupçonné d'être à l'origine des dénonciations d'ouvriers requis pour le S.T.O. et qui travaillaient "discrètement" dans l'agriculture ou le bûcheronnage.

    * Il y eut d'autres procès de collaborateurs de Bourbon-Lancy ; 6 autres, en 45 et au moins 1 début 46 ; on sait par ailleurs que certains ne furent jamais traduits en Justice et donc jamais condamnés bien qu'ils aient tiré de très substanciels profits de leur collaboration avec les Allemands ; certains parmi eux ne se contentèrent pas d'échapper à l'épuration, ils cherchèrent à obtenir -et y réussirent parfois- des certificats de bonne conduite et purent à loisir jouir de la fortune amassée grâce à la collaboration économique...

     

    Pendant quasiment deux décennies, de 1951 à 1968, la mairie de Bourbon-Lancy eut à gérer un afflux de population, ouvriers et leur famille, attirée par l'usine Puzenat devenue Someca.
    En 1954, le recensement à Bourbon-Lancy dénombrait 4846 habitants ; en 1962, 6171 ; en 1968, 6272 et en 1975, 6659 personnes étaient logées sur la commune de Bourbon-Lancy.
    Un vaste programme de constructions "meubla" le sol bourbonnien : du Champ des Vignes aux Prébendes, de 51 à 53 ; de la Cave aux Fées au Côteau, de 54 à 56 ; puis au Carrage, à l'Egalité, à la rue Max Boirot et au Châtelot, au collège d'enseignement secondaire et son gymnase puis à la gendarmerie, dans les années 60.

    En 1964, le conseil municipal vote la construction du Centre de Réadaptation Fonctionnelle ; l'établissement baptisé "le Bourbonnais" sera inauguré le 2 mai 1973.
    [toutes ces constructions sont encore là, en majorité rénovées ou en cours de "réhabilitation" pour mise en conformité avec les exigences actuelles de confort et d'économies d'énergies].

    En 1964, fondation de l'entreprise Begy qui emploie 30 ouvrières pour vérifier et plier des bas. Un an plus tard, l'atelier est installé auprès de l'ancienne Gare et on y fabrique des collants. En 1970, devient Dim avec le baron Beach pour principal actionnaire ; celui-ci cèdera ses parts au groupe américain Sara Lee qui, en 1989, devient actionnaire majoritaire et en décembre 2000,  il annonce la fermeture de l'usine "dans le cadre d'une restructuration" ; un important mouvement social s'ensuit.

    Au cours des décennies 60-70, de réalisations achevées en projets, les équipements de Bourbon-Lancy évoluèrent notablement : collège d'enseignement secondaire, piscine, station d'épuration des eaux et caserne de pompiers.

    Si les "soulèvements" parisiens de mai 1968, "révolution" dans la capitale n'eurent que peu de répercussions localement ("congés" scolaires supplémentaires, blocage des approvisionnements de l'usine donc chômage technique), la Nature se chargea, par contre, dans la même période, d'induire des désordres notables : il y eut une forte crue de la Loire et la foudre frappa sévèrement par 3 fois : en avril, un clocher de l'église ; la mairie en juillet et la gendarmerie en août.

    Cette année-là, des travaux dans le quartier St-Martin mirent à jour des sarcophages dont celui d'un pèlerin de St-Jacques de Compostelle.

    En 1980-81 :
    - La caserne de pompiers Jean Verdet est inaugurée.
    - La salle polyvalente, en construction, est baptisée "Marc Gouthéraut", du nom de l'ancien maire, décédé en septembre 81 ; il avait été, durant 18 ans, maire et conseiller général et avait, en 77, cédé sa place à l'Hôtel de Ville à M. Roger Luquet.
    - les élections présidentielles de mai 81 donnent 42,19 % de voix à M. Giscard d'Estaing et 57,8 à M. Miterrand.


    En août 1986, la réflexion en ayant été étalée sur une quinzaine d'années, le Syndicat Intercommunal à Vocations Multiples (S.I.V.O.M.) voit le jour, son but est de faciliter les aménagements et développements économiques et sociaux des communes participantes : Bourbon-Lancy, Chalmoux, Lesme, Maltat, Mont et Perrigny/Loire. A l'orée du XXIème siècle, l'évolution tend vers une Communauté de Communes qui incluerait quelques communes de l'Allier.

    Au printemps 1987, l'aménagement du plan d'eau-base de loisirs du Breuil se termine, venant compléter camping, piscine, cours de tennis existants dans cette zone en proposant aires de jeux de boules pour les "grands", de patins à roulettes et autres pour "jeunes" et petits, nombre de projets associés et dérivés restant à réaliser ( gîte équestre, champ de tir à l'arc, piste de bi-cross, nouveaux cours de tennis, couverts...)

    En 1990, Bourbon-Lancy est jumelé à la ville allemande de Saarwellingen.

    En 1994, la réflexion menée depuis fort longtemps sur la réhabilitation du bâtiment de l'ex-casino, fermé, croise celle qui vise à re-dynamiser le tourisme à Bourbon-Lancy. L'aspiration du public à des loisirs à la fois plus élaborés et visiblement bénéfiques à sa santé offre un créneau pour une exploitation des eaux chaudes curatives, jaillissant naturellement à Bourbon-Lancy, différente de l'application rhumatologique ; des massages, des soins esthétiques sont proposés en association avec les bains : la balnéothérapie a naturellement sa place à Bourbon-Lancy. La ville finance en grande partie la création de Damona [nom du pendant féminin de Borvo, dieu des sources], centre de maintien en forme par la balnéothérapie qui ouvre fin juillet ; la question du choix de l'investisseur (privé ou municipal ?) se pose au bout de 4 années de fonctionnement ; à 5 ans de sa création, Damona semble répondre à une réelle attente d'un public à la recherche de détente et soulagement des stress et douleurs consécutifs à l'usage très fréquent de la voiture, à l'alimentation irrégulière et souvent trop riche, au rythme effréné d'un quotidien minuté... la clientèle qui vient y entretenir son corps dans le cadre reposant de la campagne bourguignonne apprécie aussi le patrimoine régional ; des chemins de randonnées pédestres, dont l'aménagement connaît un grand essort, contribuent aussi à l'agrément de tous les amateurs [cf § suivant]. Les clients de Damona sont, à 70 %, des habitants du Bassin Parisien et de l'Est de la France ainsi que d'Allemagne et des pays nordiques ; ils peuvent loger dans un village de chalets, créé pour l'accueil des touristes, en bordure du plan d'eau du Breuil, non loin du camping, lui-même attenant à la piscine ; 30 % des clients sont issus de Bourbon-Lancy et ses environs. Cette activité, s'ajoutant à celles de la station thermale et du centre de rééducation fonctionnelle, Bourbon-Lancy est devenu "un pôle santé qui compte".

    En 1998, la Commission du Tourisme décide de la création de 2 sentiers de randonnées balisés, l'un de 16 kilomètres, "Les bords de Loire" et l'autre, majoritairement en zone boisée, "La Forêt de Givallois", dans le cadre de la poursuite des aménagements de mise en valeur des atouts naturels locaux, pour le confort des habitants de Bourbon-Lancy et son canton mais aussi pour augmenter la force d'attraction de la ville sur les touristes. Bourbon-Lancy est propice à la pratique de la randonnée pédestre et du cyclotourisme qui associent sport et découverte du site naturel et du patrimoine.

    L'Hôpital d'Aligre va, au cours de la dernière décennie du XXème siècle, être radicalement restructuré dans les cadres d'une mise aux normes et d'une meilleure adéquation aux besoins des populations.
    * La suppression du Service de Médecine Thermale : la décroissance régulière de son activité a motivé la diminution des sommes allouées pour son fonctionnement, qui devient impossible.
    Privé de ce Service, l'hôpital de Bourbon-Lancy n'a plus qu'une unique mission, le soin aux personnes âgées.
    * Une seconde maison de retraite ajoute 74 lits d'hébergement aux 80 existants et, fait nouveau, illustration de la recherche d'une réponse de l'hôpital aux réels besoins de la population, 30 de ces lits sont destinés à l'accueil de personnes partiellement dépendantes, leur statut a pour nom Cure Médicale. Le bâtiment qui l'abrite est accolé aux existants dont il respecte fidèlement le style ; cela vaudra au Service le nom de Maison de Retraite Intégrée (et encore M.R.II ou M.R.2 puis sera baptisée "Fleur d'Or") ; l'inauguration de cette "tranche 2A des travaux d'humanisation de l'Hôpital-Hospice" eut lieu en Février 1990.
    * Le Service de Long Séjour est architecturalement semblable à la M.R.II et prolonge celle-ci. Sa construction constitua "la 3ème tranche des travaux d'humanisation" de l'hôpital et son inauguration eut lieu en Mai 1992. Il accueille des personnes dépendantes, comprend 50 lits et a été baptisé "Les Hélianthes", depuis la fin de l'année 2000.
    * L'inexistence d'une structure organisée, pour dispenser soins infirmiers et d'hygiène, motive des hospitalisations qui pourraient être évitées ; ce constat aboutit à la création, fin 1997, du service de Soins Infirmiers A Domicile ( S.I.A.D.) ; sur prescription médicale, des aide-soignantes, salariées par l'hôpital, vont dispenser à la personne âgée, dans son lieu de vie habituel, soins et aide que nécessite son état ; l'infirmière libérale assure les actes de sa compétence tandis qu'une infirmière de l'hôpital assure la coordination entre les divers intervenants. Ce Service vise à retarder l'hospitalisation ou l'hébergement en établissement.
    * Vers la même époque débutent de gros travaux de restructuration de l'Etablissement dont l'aboutissement de la 1ère tranche sera la modernisation de l'aile Est du bâtiment ; en février 1999, les Services de Médecine & Convalescence (dit "Moyen Séjour"), totalement rénovés,
    reçoivent leurs occupants qui vont désormais bénéficier d'équipements neufs en des lieux sécurisés, sonorisés et décorés où ils seront soignés dans les les meilleures conditions.
    * La 2ème tranche débute juste après et concerne l'aile Ouest du bâtiment où se tiendront tous les services administratifs ; ils y emménagent en avril 2001. Dans le même temps, la Lingerie a été modifiée, mise aux normes.
    * La 3ème tranche concernera les réorganisations des services d'hébergement, "Les Hélianthes" & "Fleur d'Or"
    qui occuperont chacun un étage entier au lieu d'être chacun réparti sur 2 voire 3 niveaux.

     

     

     

     



    [.......] : les objets, monuments, rues... visibles aujourd'hui sont ainsi signalés

     


     Bibliographie :
     Au fil des emprunts à la bibliothèque municipale, à celles de famille et amis puis "sympathisants" du Cyber-Club, voici la liste des ouvrages lus et relus, consultés seulement ou pris pour références dans le cadre de la rédaction d'un résumé de l'Historique de Bourbon-Lancy pour servir à une meilleure connaissance de notre ville par les internautes de toutes régions ou pays :